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Le dernier Ard Fheis du Sinn Féin est une étape sans doute décisive dans l’histoire du Mouvement Républicain. Le parti qui fut l’aile politique de l’Irish Republican Army (IRA) reconnaît en effet une Royal Ulster Constabulary (RUC) rebaptisée aujourd’hui Police Service of Northern Ireland (PSNI), la force ennemie les plus honnies de la communauté catholique au temps des Troubles. Cependant, ce vote ne doit pas rester au niveau du discours. Il doit se traduire par des actes, symboliques mais aussi quotidien. De la même manière, le PSNI se doit également de démontrer symboliquement et quotidiennement qu’il n’est plus la RUC sectaire, mais une force de police moderne et impartiale.
Quelques jours à peine après le congrès historique, le Sinn Féin a tenu à prouver sa sincérité en appelant les personnes concernées par le meurtre très médiatisé de Robert McCartney à collaborer avec le PSNI, après avoir déjà incité les membres de la communauté républicaine à s’enrôler dans les forces de l’ordre pour les réformer de l’intérieur. On pouvait attendre une prise de position réciproque de la part de ce dernier. Les occasions ne manquent pas : un communiqué fort et sincère au sujet du récent rapport de l’Ombudsman sur les collusions entre RUC / PSNI et terroristes loyalistes ; le renoncement aux démonstrations de force dans le Bogside de Derry ; la réouverture d’une enquête bâclée ; une accentuation de la réforme du service. Hélas, il n’en est rien pour l’instant. Au contraire même, le PSNI tente de profiter de la nouvelle position du Sinn Féin pour son seul avantage. La BBC Northern Ireland annonce en effet que celui-là est sur le point de réclamer l’aide du parti républicain pour faire pression sur les dissidents de la Real IRA impliqués dans l’attentat d’Omagh, afin qu’ils collaborent eux-aussi avec la justice.
Récemment, le Sinn Féin a certes tendu la main aux intransigeants refusant l’adieu définitif à la lutte armée, pour tenter de les convaincre de participer pleinement au processus de paix. Les dirigeants républicains n’en demeurent pas moins prudents quant à la méthode, afin de ne pas être considéré comme des collabos vendus à la Couronne. L’appel prochain du PSNI risque donc de desservir les démarches constructives du Sinn Féin. Il semble plus important pour l’ex-RUC d’exacerber les dissensions au sein de la communauté républicaine que d’assurer l’apaisement.
La récente polémique qui, ironie de l’actualité, implique le modéré et déclinant SDLP, confirme malheureusement l’attitude ambivalente du PSNI. Le reproche fait à Mark Durkan, le leader du parti social-démocrate qui a toujours rejeté la violence, paraît anodin : revendiquer d’avoir agi pour la nomination de Hugh Orde à la tête du PSNI pour son impartialité et sa non implication dans l’ancienne RUC sectaire.
Vouloir un chef de la police impartial, quelle honte !
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