peezee a écrit:Pour revenir sur le fond, "l'abysse" dont tu parles, c'est en fait que le nazisme a pu être mis en pratique avec l'arrivée au pouvoir de l'immonde Adolf, alors que Haider n'aura bénéficié que d'un ersatz de pouvoir. Alors que jusque là on parlait des
idées sous-jacentes, et non pas du fait qu'elles aient été appliquées ou non.
Ton abysse ne me convient décidement pas. On dira que Haider est sans doute moins à l'extrême que ce qu'on pu être les nazis, mais je réitère que l'écart entre les 2
courants de pensée (si on peut appeller ça comme ça) est bien loin de ressembler à un "abysse"...
Il y a un abîme entre la fiction et l'Histoire. Savoir ce que Haider ferait s'il était chancelier, c'est de la fiction. Il a dans son programme certaines idées d'extrême-droite standard, tournant par exemple autour de la préférence nationale (encore que ce soit plus compliqué que ça n'en a l'air). Son programme est déjà très différent de celui du NSDAP dans les années 1920 ; l'époque n'est pas la même non plus... L'antisémitisme est moins présent chez lui que chez Le Pen, même s'il peut affleurer - pas une ligne de son programme, bien sûr, n'est antisémite.
L'objection de
Iamaseb me semble très bonne. On n'a pas des idées toutes faites, que l'on applique
in extenso une fois arrivé au pouvoir. Les nazis étaient bien entendu dès le départ férocement antisémites. La conférence de Wannsee n'eut pourtant lieu qu'en 1942. Quelqu'un comme Eichmann a été très favorable au sionisme.
Ce qui fait la monstruosité du nazisme, ce n'est pas
Mein Kampf, mais l'exercice du pouvoir pendant 12 ans. Des pamphlets haineux et délirants, il s'en est commis des milliers. Je suis en train de lire le journal de Goebbels. Il s'est radicalisé au fil du temps. Il n'est plus le même en 1943 qu'en 1925.
Alors, oui, il faut combattre les thèses simplistes de l'extrême-droite, rappeler aussi que le refus de l'autre est une idée dangereuse. Mais à comparer ce qui n'est pas comparable, on fait une erreur sur le fond, d'une part (enfin, c'est mon avis), et l'on perd en crédibilité d'autre part, ce qui est contre-productif.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury