fourcroy a écrit:Non. Et pour diverses raisons, qu'on peut grosso modo répartir sur deux thèmes :
1) mieux vaut éviter de mentir à un enfant (ce qui ne veut pas dire qu'il faille tout lui dire, j'écarte la notion catholique de mensonge par omission...)
Pas d'accord, le Père Noêl d'après l'expérience que j'en ai n'existe pas après un mensonge parental mais est une évidence du monde de l'enfant. Un jour le Père Noêl débarque dans ta vie familiale et c'est un fait. Ma fille, 5 ans commence à se poser la question logistique mais ne nous a jamais demandé si "il" existait. C'est son monde à elle.
A gagner, la confiance du gosse, qui fait l'expérience quotidienne que les adultes qui l'entourent ne le baratinent pas, que oui, c'est oui, et non, c'est non. C'est plus facile à vivre pour les adultes parce que le gamin leur fait confiance et qu'ils peuvent en obtenir davantage (fais ça d'abord, t'auras ça après) et c'est beaucoup plus structurant et rassurant pour l'enfant.
Deux questions en une. Le baratin, le gamin en fait l'expérience dans sa vie quotidienne. Ce dont tu parles c'est plutôt la question de la "vérité" et légimité morale de l'autorité, qui repose pour moi plutôt sur l'apprentissage des mécanismes de rationalité fondés sur l'éthique, éthique des comportements et du positionnement avec les autres ou face aux autres dans le monde réel. Le père Noêl, c'est le monde des contes de fées tout à fait corrélé à ça. D'ailleurs à ce moment on a entrepris le raconter l'origine du Père Noêl dans les cultures européennes pour favoriser un atterrissage en douceur. L'adulte ne baratine pas, prend en main le côté adulte, mais ne s'interpose pas non plus avec le monde fantasmatique qui est pour moi essentiel. On se construit aussi de son côté quand on est une enfant. Parce que psychanalytiquement parlant si tu veux endosser le rôle du mec qui vient briser les rêves fondateurs de l'enfance, tu fais pas un cadeau à ton môme.
2) ne pas croire au père Noël augmente le plaisir du gamin au lieu de le diminuer, à condition de bien s'y prendre. Contrairement à ce que pensent beaucoup d'adultes, en enfant de 3 ans, et même de 2, sait parfaitement faire la différence entre une histoire et la réalité. Cela ne l'empêche pas de ressentir plus directement qu'un adulte les émotions à travers l'histoire racontée, mais il sait très bien que le petit lapin ne parle pas dans la vraie vie...
Ca dépend de chaque môme, un enfant croit à ce qui fait sens dans son univers. Lire Alice aux pays ... avec un gosse de 5 ans est un vrai plaisir, tu tombes sur ton cul de voir où il place la véracité, la vraissemblance, le délire, etc ...
Il convient de raconter l'histoire du Père Noël comme une belle histoire, ce qui donne au gamin un contact formateur pour son imagination avec le merveilleux. Qu'il y croie pour de vrai n'apporte rien, sinon des ennuis plus tard.
Je te sentais bien parti pour nous parler de ton enfance là. Mais le principe de l'histoire merveilleuse est essentiel.
Ne pas croire au père Noël, c'est aussi dire une vérité, à savoir que Noël est l'occasion de faire des cadeau à ceux qu'on aime, notamment au sein de la famille. Et ça permet de faire participer le gamin. Pour un enfant de 3 ans, être complice de son père pour un cadeau offert à sa mère (par exemple) est une source de joie extraordinaire, et c'est formateur également.
Pour les cadeaux et le plaisir d'être ensemble, il n'y a que chez les gens tristes qu'on ne s'offre des cadeaux qu'à Noêl. Et je ne crois qu'il faille inclure les adultes dans la liste des bénéficiaires du Père Noêl qui doit rester cantonné au monde de l'enfance. Les adultes s'offrent des choses aussi, et la gamine trouve ça parfaitement logique (apparemment).
OUF et joyeuses fêtes à tous (tain ça fait du bien de parler du Père Noêl)