iamaseb, comment ne pas croire que chômage = pauvreté ?
La possibilité d'une embauche après période "d'essai" n'est pas la précarité au sens où je le conçois, de manière stricto sensu.
La précarité, c'est ne pas savoir comment finir le mois, comment continuer à se loger, ne pas savoir de quoi demain sera fait.
Et lorsque je dis que le "pragmatisme de gauche" est appelé centrisme, il y a bel et bien confusion de termes, une confusion voulue, puisque je ne peux pas être pragmatique, et dans le même temps de gauche, selon ton raccourci de l'histoire occultant nos 20 dernières années pour ne se souvenir que des 20 premières du siècle précédent.
Mais le problème ici n'est pas d'être de droite, de gauche ou du centre.
Mais le CPE, ne répond déjà pas vraiment au chômage, mais il augmente la précarité, la pauvreté, l'incertitude, le stress il donne encore plus de pouvoir à un minorité... C'est pas mon combat ça, c'est pas le combat socialiste. Il n'est pas question de dogme ici, il est question de valeur, d'objectif.
Le problème, c'est la fausseté de cette argumentation.
Comment savoir si le CPE aurait résolu le chômage ou non, puisqu'il n'a pas été testé ?
Comment parler de "pouvoir à une minorité", alors que ce n'était pas une réforme destinée principalement au haut patronat (les méchants capitalistes), mais bel et bien aux petites entreprises, aux PME, celles dans lesquelles les patrons et employés ne sont séparés que d'un bureau, et dont les objectifs ne sont somme toute vraiment pas éloignés.
On peut dès maintenant éradiquer la pauvreté. Lutter contre le chômage, c'est être sous le dogme de l'économie de marché, qui fait croire que travail = respect et richesse, qui fait croire que le capitalisme récompense le travail alors que la réalité est tout autre.
Le capitalisme actuel récompense le capital, et je suis bien d'accord avec toi sur ce point.
Mais comment croire que l'on est plus heureux au chômage qu'en travaillant ?
Quelle insulte...
Le travail est un salaire valorisant, c'est une instance de socialisation dans un monde où les individus sont déjà fortement repliés sur eux mêmes, c'est une manière d'appartenir à cette société tout simplement.
Comment a-t-on pu en arriver à un tel point ? Arriver à dissocier chômage et pauvreté, travail et récompense ?
A moins de jouer avec les mots, le CPE ça répond bien à une attente des libéraux. C'est le MEDEF qui soutient ce projet de loi, c'est la pas la CGT.
Le CPE répond bien à un désir de liberté, en cela il est libéral, et après ?
Le MEDEF soutient le patronat, et après ?
J'ai un immense problème avec les personnes qui monte une partie de la société contre une autre.
A attiser la haine sociale, le patron contre son ouvrier, le riche contre le pauvre, le noir contre le blanc, fait-on évoluer les choses ?
Sais-tu que ton argument sur le capitalisme qui ne récompense pas le travail est très proche de celui de Sarkozy sur sa volonté de récompenser les travailleurs ?
Le problème n'est pas d'être de droite ou de gauche, du centre ou des extrêmes.
Le problème, une nouvelle fois, c'est de ne plus parler de logique partisane, de ne plus se tourner systématiquement vers le passé.
Là où tu souhaites (comme tant d'autres) refaire le monde, de manière sans doute plus juste, plus ordonnée, plus humaine, moi je préfèrerais que l'on parle de régler concrètement, de manière pragmatique les maux principaux.
Quand ton voisin crève de faim, tu ne peux pas te permettre de lui dire "pensons à un système plus juste l'ami, rêvons ensemble", tu essayes de lui donner un morceau de pain, avant de chercher à régler plus en profondeur son problème.
Le CPE, c'était un demi morceau de pain, mais un morceau quand même.
Les jeunes dans les rues, les manifestations, les syndicats ont ils permis un changement, une amélioration ?
Non, non, et non, comme d'habitude ai-je envie de dire.
Pour finir :
Par contre, quant tu dis que le CPE n'est pas ultra-libéral ?
Au regard de la proposition en elle-même et de tous ses articles, il n'est pas ultra libéral.
Au regard du parti, l'UMP, qui l'a proposé, il n'est pas ultra libéral.
En France, le terme "libéral" est devenu une insulte et est employé à toutes les sauces.
Je tiens donc à rappeler à la mémoire collective une enquête du Times publié il y a maintenant deux années, et qui place la France à la gauche de la gauche européenne au niveau des idées, et des partis politiques.
L'UMP, jugé ici de libéral, est à peine un centre gauche modéré en Grande Bretagne.