loursin a écrit:.. y'a qu'a voir chez Chabot récemment
on aurait dit qu'il était chez lui...
Pesante en face de lui dans la familiarité d’une
vieille connaissance, Chabot
laisse le Ministre développer quelques thèmes
généraux. Comme le scénario d’un film, son
émission À vous de juger obéit à des règles.
Quand l’invité se tait en toute première partie
du spectacle, elle interpelle, interroge sur
ce qu’il vient de dire de braves gens inconnus,
qualifiables de « témoins sociaux », épars
dans l’assistance : cadre sans emploi malgré
ses mérites ; femme seule chargée de dettes
et d’enfants ; petit commerçant victime d’un
fisc insatiable ; étudiant qu’aucun diplôme
ne préserve d’un sort précaire ; salariés mis à
la rue par les délocalisations patronales, etc.
Etc. Des cas affreux comme il s’en rencontre
désormais partout, bien plus de treize à
la douzaine.
Selon l’usage, le Ministre écoute, réfléchit.
Jamais il ne pleure en direct. Mais ses yeux
le montrent au bord des larmes.
Arlette scande chaque émotion à
grands coups de menton. Comment
ne pas adorer cette femme ?
Neuf fois sur dix, l’émissaire des
misérables ne cache pas son plaisir
de parler si facilement avec des
interlocuteurs d’un tel volume. Il
imagine ses parents, ses voisins
rivés devant le poste à la maison. Il
se sent Ministre à son tour pour une demiheure.
Surtout qu’Arlette l’appelle par son
prénom en bonne copine. Il en devient presque
joyeux, le pauvre.
L’échantillon des plaintes comporte un inévitable
afro-maghrébin arrivé des banlieues
à risques. Moins aisément manipulables,
ceux-là. Sans effets de vocabulaire, celui
d’aujourd’hui parle des flics hargneux, de
contrôles d’identité jusqu’à trois fois entre le
matin et le soir, uniquement à cause de son
épiderme noir. « Il n’existe pas de corps social
plus contrôlé que la police », objecte doucement
Sarko. Tiens donc!