par etienne » 02 Oct 2006, 22:54
manuchao, Quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt…
Les récents propos du pape sur l’Islam inspirent quelques commentaires.
Le premier et c’est important de le dire, je pense que notre laïcité est une chance incroyable. Elle permet de faire vivre en bonne intelligence les citoyens quelle que soit leur foi ou leur absence de foi.
Quand nous constatons les dégâts du fanatisme et de l’intolérance religieuse qui sévissent à travers le monde, nous nous devons de défendre cette valeur essentielle seule garante de la paix sociale. Plus que jamais veillons à maintenir vivace cette flamme qui est l’honneur de la France.
C’est dans ce cadre laïc que les débats peuvent se dérouler sereinement et sans tabou. Il est une religion où ce débat doit s’ouvrir : l’Islam. Malheureusement, il n’a pas lieu et ce sont les plus fanatiques qui tiennent le haut du pavé. Or, force est de constater que les musulmans tardent à réagir face à la barbarie dite islamiste qui impose sa loi.
C’est, je le crois, ce qu’a voulu signifier le pape Benoît XVI dans ses propos. Il n’a pas assimilé tous les musulmans à l’islamisme mais il a attiré leur attention sur la violence pratiquée par certains au nom de l’Islam.
Au lieu d’envisager un sursaut et un début d’autocritique, les condamnations se multiplient chez les dirigeants des pays musulmans.
Des excuses sont même réclamées y compris parmi les religieux les plus modérés à l’image de Dalil Boubakeur en France.
Après la pathétique affaire des caricatures du Prophète où l’intolérance, la bêtise et l’ignorance ont pris le dessus, les fondamentalistes islamistes montent de nouveau sur leurs grands chevaux pour repartir en guerre contre le monde occidental présenté comme des ennemis de l’Islam.
Une nouvelle fois, une vague de « victimisation » et de paranoïa s’empare des rues arabes, orchestrée à l’évidence par quelques oiseaux de mauvais augures…
L’Islam est une grande et belle religion, personne n’en doute. Elle a eu son heure de gloire ; elle a généré le meilleur dans les domaines de la science, de la philosophie. Mais depuis quelques siècles, elle régresse et est devenue l’otage de groupuscules sectaires et fondamentalistes. Pourtant, il serait temps que les musulmans se réveillent pour enfin regarder la réalité en face. L’image de l’Islam est souillée par des intégristes adeptes d’une interprétation politique et totalitaire de la religion.
Cette image ne pourra se rétablir et être corrigée que par les Musulmans eux-même qui dans leur immense majorité pratiquent leur foi dans un esprit d’ouverture et de tolérance. Mais cette majorité, aussi importante soit-elle, n’est d’aucun impact si elle demeure silencieuse.
Elle doit s’exprimer pour dénoncer l’utilisation abusive de leur foi pour imposer un totalitarisme mondial.
C’est d’eux dont dépend la façon dont est perçue leur religion. Pour l’instant, la perception n’est pas glorieuse.
Sans forcer le trait, les faits sont têtus et ravageurs pour l’Islam aux yeux des observateurs extérieurs :
- Quasiment pas de démocratie dans le monde musulman
- Les journalistes arabes ne peuvent pas critiquer librement la politique de leur gouvernement ou caricaturer l'Islam comme tout autre religion sans être emprisonnés
- Les libres-penseurs n’ont pas droit de cité dans les pays arabes
- Les Catholiques, entre autres, n’ont pas le droit d'avoir des églises en Arabie et de prier en toute liberté
- Les femmes musulmanes ne sont pas libres et reconnues comme égales des hommes
- Des imams prêchent la haine de l'Occident dans certaines (trop nombreuses) mosquées
- Des fatwas ordonnent de tuer au nom d'Allah
- La recherche scientifique est absente dans le monde musulman
Je passe volontairement sur les massacres en Algérie, sur les attentats sanglants perpétrés au nom de Dieu. Comment avec ce constat cinglant pourrions-nous avoir l’image d’une religion de paix ?
Je veux bien reconnaître que le Pape ne soit pas la meilleure personne (concurrence oblige) pour inviter les Mahométans à se dresser contre la barbarie mais il a constaté comme beaucoup le manque de réactions des religieux musulmans. Ils les invitent, donc, à prendre leur responsabilité avec, sans doute des arrière-pensées certes, mais il n’en demeure pas moins qu’au lieu de réagir violemment aux propos de Benoît XVI, déshonorant encore plus l’Islam et son Prophète qu’ils prétendent défendre, il eut mieux valu enfin saisir la perche tendue…
Le devoir des hommes de la foi musulmane est d’ouvrir un débat de fond sur l’interprétation du Coran à la lumière de l’époque moderne en d’autres termes de réactualiser le texte sacré. Comment, en effet, sortir l’Islam et les musulmans de l’impasse sans lever les tabous maintenus artificiellement par quelques illuminés plus préoccupés par leur pouvoir personnel que par le bien-être de leurs « sujets ».
Ce nécessaire aggiornamento n’est possible que si les musulmans osent remettre en question les thèmes qui figent les sociétés islamiques : l’égalité entre les sexes, la place de la science, la liberté individuelle et de conscience, la laïcité, le respect et la tolérance absolue…
En prendre conscience, c’est surtout se libérer des carcans prétendument religieux et des traditions ancestrales et rétrogrades qui visent à empêcher le développement de tout esprit critique.
L’intervention de Benoît XVI devrait permettre cette saine et courageuse réaction de la part des religieux musulmans éclairés. C’est la seule réponse qui vaille.
Si ce texte pose pb, je m'enlève
Après la Rolex et Ségala :
"+1. Tant que t'es pas 50 un comptable ça sert à rien" @Olympien