par EL MAGNIFICO » 12 Jan 2004, 14:31
voila beenie
H.C.E., ou Earwicker, ou encore Here Comes Everybody, ou bien encore Human Conger Eel («le congre humain»), cabaretier à Chapelizod, près de Dublin, sa femme Anna Livia Plurabelle, qui est aussi nymphe de la Liffey, leurs enfants, les domestiques du cabaret, le cortège des Maggies, les trois soldats de Phoenix Park sont les principaux «personnages» de Finnegans Wake, en fait des reflets, des symboles d'une réalité enfouie, plongés dans une sorte de ronde fantastique, de réalité multiple où se joue le travail du temps, scandé par la répétition et le retour.
Le récit est découpé en quatre temps: le premier, marqué par un coup de tonnerre initial, par la terreur du ciel et par la faute obscure d'Earwicker, qui va être défendu par la lettre d'Anna Livia, identifiée au livre-somme que représente l'ouvrage en train de s'écrire. À neuf heures s'ouvre le deuxième temps, que dominent le jeu des enfants et leurs devoirs, avant que l'on ne revienne au cabaret, où les habitués continuent d'accabler Earwicker, lequel, ivre-mort, finira par rêver qu'il est le roi Mark. Le troisième temps voit un nouveau rêve d'Earwicker, interrogé par les quatre chroniqueurs d'Irlande, qui sont les quatre colonnes du lit conjugal. Puis le père et la mère s'accouplent, tandis que le jour se lève. Le quatrième temps, c'est celui du retour, où Earwicker s'arrache au soleil pâteux pour devenir le mâle tourné vers les forces originelles, tandis qu'Anna, la femme-rivière, retourne à l'embouchure, à son père, et que Finn, demi-dieu légendaire d'Irlande, revient à la vie («Finn, again! »).
Composés entre 1922 et 1939, les dix-sept chapitres de Finnegans Wake, la dernière œuvre de Joyce, étourdissant tourbillon de jeux de mots, de mots-valises, cathédrale de réminiscences, de pléonasmes, de citations, de chansons, empruntant à toutes les mythologies – à commencer, bien sûr, par celle d'Irlande – marquent l'aboutissement de la recherche joycienne, celle qui consiste à créer une nouvelle langue, à partir de plus de soixante idiomes et dialectes, avec l'espoir d'accéder à l'universel, de donner la sensation – en faisant du texte le porteur d'une vision cyclique de l'histoire, empruntée à Vico – du destin même de l'humanité.
R.I.P COLIN
La SPL c'est du LOURD@Beenie