gob a écrit:Fourcroy, on m'avait jamais traité de marxiste. Mais j'apprécie
Sinon, c'est quoi une grille pré établie ?
C'est une bonne question... Si je te dis
Weltanschauung (vision du monde), c'est plus clair ? Amha, et ça dépasse largement le cadre économique, la pensée et ce qui forme nos opinions ne sont pas issus du néant, mais se produisent conformément à diverses visions du monde. Des philosophes, scientifiques, penseurs ont proposé des grilles d'interprétation, de lecture, développé des outils conceptuels permettant d'appréhender la réalité brute. Et nous les suivons plus ou moins, selon notre éducation, ce qu'on a vu, lu, ou entendu.
Un bon exemple, bien que Freud s'en soit lui-même défendu, est la psychanalyse. On peut
lire les actes et les paroles de quelqu'un (y compris un certain nombre des interventions sur ce forum) à travers le prisme psychanalytique, à l'aide des outils afférant (acte manqué, refoulement, complexe d'Oedipe, stades divers, etc).
Autre exemple, le marxisme. On y trouve notamment ce genre de jugement définitif : "le prolétariat est une classe unique dans l’histoire, une classe dépourvue de toute propriété, exploitée et produisant collectivement, mais qui est aussi poussée sans arrêt par les contradictions de l’économie capitaliste à lutter contre la bourgeoisie. Pour mener à bien ce combat, pour arracher son émancipation, le prolétariat n’a pas d’autre choix que de détruire la propriété privée et toutes les formes de domination de classe."
Iamaseb n'est pas d'accord, mais quand je lis ce qu'il écrit, bien souvent, je trouve qu'il part de pétitions de principe telles que celles que je viens de citer. Il a une lecture marxiste de l'ensemble de la société. (Pour toi, tu me sembles marxiste en ce que tes analyses politiques sont assez directement issues de ta "conscience de classe"
,non que tu partages les idées de Marx, mais tu rentres dans sa grille d'interprétation - enfin, je dis ça, c'est un peu du second degré).
Quand je parle d'ultra-libéralisme, je dis peut-être une connerie sur le plan économique ; je veux parler de théorie libérale dogmatique, qui est elle aussi une grille de lecture pré-établie. Comme les marxistes, les libéraux se prévalent d'une prétendue scientificité. Dans leurs interventions, j'ai souvent l'impression que "moins de charges, moins d'Etat, moins d'impôts, moins de lois" relève du Credo plus que de l'analyse. Joseph Stiglitz, notamment, combat un certain nombre des idées des "ultra"-libéraux (la politique du FMI, entre autres) ... Et il est prix Nobel d'économie, donc il doit savoir à peu près de quoi il parle (ce qui ne veut pas dire qu'il ait nécessairement raison, mais que ce que les libéraux considèrent comme allant de soi n'est pas si évident que ça).