par fourcroy » 22 Fév 2006, 19:06
Bon, si c'est une dissertation, il est bon de mettre en avant des "tensions", c'est-à-dire des ambiguités, des contradictions. Le sujet, déjà, me semble un peu ambigu : comment comprendre "autoriser" ? Légalement ou moralement ? Tout ce débat sur l'euthanasie s'embourbe sur cette opposition moral/légal. Parce qu'il y a des choses sur lesquelles il vaut mieux fermer les yeux, tant on a du mal à les formaliser suffisamment comme l'exige une loi.
L'euthanasie, c'est bien sûr difficile, une question de confiance entre le médecin et le patient ou sa famille, comme le dit justement gob, ça peut être effectivement un acte d'amour très fort comme le dit Di Maggio (euthanasier un proche, il y a eu un exemple qui a fait beaucoup de bruit il n'y a pas si longtemps et qui suit son cours d'une mère euthanasiant son fils avec le toubib - je ne sais plus où ça en est).
La difficulté est celle de la frontière, de la décision. L'euthanasie, c'est un assassinat, c'est-à-dire un meurtre prémédité, commis de sang froid. Ca a vite fait de déraper - il suffit de se souvenir de l'assassinat à grande échelle des déficients mentaux par les nazis, ou, plus récemment, de l'infirmière qui euthanasiait à tour de bras. Et pourtant, c'est aussi paradoxalement un acte de profonde humanité, l'abbréviation des souffrances inutiles d'un être en fin de vie.
Comme pour l'avortement, question qui a des points communs avec l'euthanasie, il existe une position de refus de principe - c'est celle des religions. Cette position est simple : la vie est un don de Dieu. Ce que Dieu donne, personne n'a le droit de le reprendre. Pourtant, dans la pratique, cette position est dure à tenir tant la souffrance peut apparaître comme scandaleuse. A se demander, d'ailleurs, si la théologie chrétienne n'a pas inventé la notion hautement discutable de rédemption par la souffrance juste pour essayer de l'accepter.
Si l'on sort de cette position de principe (laquelle est à l'occasion inhumaine), c'est compliqué faute de règle simple à pouvoir appliquer. L'accord du mourant ? Il pourrait changer d'avis, se trouver dans un état dépressif transitoire. L'issue est médicalement sans espoir ? Sans parler de miracle, il y a des guérisons inexpliquées. La vie dans cet état ne vaut pas la peine d'être vécue ? Qui peut se permettre de décréter un truc pareil... Bref, on trouve toujours facilement une objection.
Je bâtirais le devoir comme ça : en intro, dire qu'on touche à la mort et à la souffrance, donc au plus profond et au plus angoissant de l'existence humaine, ce qui rend le sujet à la fois nécessaire et inextricable. Ensuite, passer en revue les difficultés et contradictions, insister sur la difficulté de légiférer, eu égard à l'individualité irréductible des cas. Conclure peut-être de manière très modeste, comme gob.