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le 19/07/07 à 01:15:53 sillicate a écrit:sinon, bond 22 prevu pour le 07 novembre 2008, suite direct de casino royale ( et bond 23 dejà prevu pour 2010)
Modérateur: Modérateurs
TRANSFORMERS
(TRANSFORMERS)
USA - 2007 - 144 minutes
Réalisé par : Michael Bay
Producteur : Dreamworks/Paramount Pictures/Platinum Dunes
Scénario : Alex Kurtzman, Roberto Orci
Photo : Mitchell Amundsen
Musique : Steve Jablonsky
Avec : Shia Labeouf, Jon Voight, John Turturro, Tyrese Gibson, Josh Duhamel, Megan Fox, Peter Cullen
Critique de film par McClane, le 29.07.2007
Les étiquettes ont la vie dure, surtout à Hollywood, et difficile de s'en débarasser lorsque celle-ci vous colle à la peau depuis vos débuts dans le métier. Mais bien souvent, il n'y a pas de fumée sans feu et dans le cas de Michael Bay, labélisé "gros bourrin dyslexique" depuis son légendaire (hum) Bad Boys, difficile de s'extirper de cette image tant le bonhomme s'est fait le chantre de la destruction massive sur grand écran, et ce avec un "style" reconnaissable entre mille (montage hachuré, conception non sensique de l'espace, imagerie clinquante, humour beauf...). L'échec de The Island, pathétique tentative du réalisateur d'Armageddon de s'insérer dans le cercle des réalisateurs "sérieux", a sans doute mis un coup d'arrêt définitif aux rêves de respectabilité de Bay, qui avait pourtant déjà tenté le coup en 2001 avec l'improbable Pearl Harbor (son Laurence d'Arabie à lui). Sans doute après une longue introspection, Bay semble avoir compris qu'il ne serait jamais le gendre idéal qui a la cote avec belle-maman ; mais restera toujours le membre embarassant de la fratrie qui pète à table lors des réunions de famille. Fort de cette révélation fracassante sur sa personne, Bay décide d'assumer pleinement sa condition de bourrin patenté en annonçant la mise en chantier d'une adaptation des Transformers, célébrissime ligne de jouets et accessoirement dessin animé du matin dans les glorieuses eighties. Une idée pas plus bête qu'une autre en soit (après tout, on fait bien des films tirés d'attractions Disney), d'autant que la perspective d'assister à un match de catch grandeur nature entre deux armées de robots géants filmé par Bay annonçait un spectacle aussi bordelique visuellement que terriblement jouissif dans le combat homérique et dévastateur promis par la campagne marketing maousse dont a beneficié le film. Nul doute que Bay allait apporter une nouvelle pierre à un édifice fait d'explosion de décors et de tôles froissées, et dès lors, qu'importe que le film ne soit qu'une machine de guerre destinée à vendre des jouets ou que Bay ne soit assurément pas le plus grand réalisateur du monde, seul comptait le fait de sortir de la salle avec les yeux rouges et la tête engourdie par plus de deux heures d'affrontements dantesques, à la mesure de la mégalomanie d'un cineaste ayant fait du chaos filmique une véritable profession de foi. Seulement, c'était sans compter sur l'opportunisme du bonhomme (qui a toujours racolé à tous les étages), et les effets secondaires d'une des plus grandes catastrophes que le cinéma hollywoodien ait connu : Pirates des Caraïbes.
Mine de rien, le cas de la trilogie initiée par tonton Bruckeimer (tiens tiens) est assez déconcertant. Logiquement, quand un blockbuster à plus de 100 millions de dollars s'avère ouvertement gonzo (dans le mauvais sens du terme), bourré de raccourcis scénaristiques honteux, et préfère aligner les gags à deux balles au lieu de tenir ses promesses (un film de pirates), celui-ci devrait se manger une gamelle bien méritée en salle. Au contraire, les critiques applaudissent et le public afflue, par conséquent deux suites encore plus gonzo, mal écrites et cabotines lui sont donné et remportent un succès similaire. Forcément, un tel hold-up sur le box-office (c'est quand même le je-m'en-foutisme éhonté qui rapporte presque 1 milliard de dollars sur le seul territoire US) va faire des émules, et Transformers n'est sans doute que la première victime d'une longue série de blockbusters faisandés. Le festival bourrin auquel on était légitimement en droit de s'attendre n'aura pas lieu, ou plutôt il faudra attendre. Avant que les choses sérieuses ne commencent, il vous faudra supporter pendant 1h30 les cabotinages hallucinnants des guests stars (John Turturo, Bernie Mac, funs certes mais qui n'ont rien à foutre là), une histoire de teen-movie proprement insupportable (histoire d'amour guimauve et discours de la maman sur la masturbation à l'appui), et une avalanche de gags refusés par la production d'American Pie. On se doutait bien que tous ces éléments feraient partie intégrante du film, mais jamais qu'ils prendraient le dessus sur la mythologie des robots et leurs affrontements. Ceux-ci sont d'ailleurs sérieusement malmenés pendant une bonne partie du métrage : entre un Optimus Prime qui se fait pisser dessus par un chihuahua et un de ses soldats qui tape un pas de breakdance, l'iconisation de ces figures phares ne semble pas être la priorité de Bay, qui préfère utiliser les robots dans des situations de vaudeville absolument honteuses (le cache-cache avec les parents de LaBeouf, d'ores et déjà la scène la moins Mad de l'année) plutôt que de leur donner une quelconque dimension guerrière (un comble pour le réalisateur de Rock !). Mais le clou du spectacle réside non pas dans une narration chaotique (ça, on a l'habitude avec lui), ni dans une storyline inutile sur le personnage de LaBeouf, mais dans les (rares) affrontements entre robots. Si force est de constater que Bay a largement calmé sa mise en scène lors des scènes d'action, celles-ci sont parsemées d'ellipses qui rendent les combats incompréhensibles. L'affrontement entre la Camaro et la voiture de police est parfaitement symptomatique des priorités du métrage, puisque la scène débute sur le combat entre les deux robots, puis l'action se transfère sur les péripéties de La Beouf et sa copine, jusqu'à ce que le gentil robot jaune revienne victorieux du combat, bien qu'on ne sache absolument pas ce qui s'est passé. La sensation de s'être fait enfler devient alors de plus en plus prégnante, d'autant que Bay a toujours investi le genre auquel il s'attaquait avec beauferie certes (c'est aussi pour cela qu'on l'aimait), mais avec sincèrité. Ici prévaut le gag facile sur toutes autres considérations cinématographiques, et le cabotinage de l'ensemble fait toucher les tréfonds du blockbuster trisomique.
Mais en bon bourrin patenté qu'il est, Bay ne peut jamais maîtriser ses envies de destruction massive bien longtemps. Déjà dans The Island, il lui fallait une de ces scènes de poursuite dont il a le secret (comprenez dyslexique et montée au hachoir) pour satisfaire ses instincts primaires. Par conséquent, le bonhomme ne pouvait légitimment pas se contenter de faire du gonzo pendant 2h20 dans un film avec des robots géants ! Tous ces moyens mis à sa disposition pour faire un « Transformers des Caraïbes » ?! Ah que non ma bonne dame ! Car enfin, passée plus de la moitié, l'histoire se met miraculeusement (oui, parce qu'on y croyait vraiment plus) en place, l'humour bas du front se fait plus discret, les acteurs trouvent enfin leurs marques (sauf un Jon Voight, dont la consternation se lit à chaque gros plan sur son visage) et la mythologie des Transformers passe enfin avant toutes autres considérations. Mais surtout, après une 1h30 de vaches maigres, les hostilités vont enfin commencer une fois la menace précisée (avec un Megatron iconique en diable), et là autant l'avouer : Bay vient à coup sûr de réaliser le film le plus spectaculaire de l'année (ou presque), via un climax de plus d'une demie-heure destiné à s'inscrire au panthéon de la destruction massive sur celluloïd. Rythmée comme une scène de guerre de Saving Private Ryan (la présence de Spielberg à la production de la chose n'est sûrement pas étrangère à cet état de fait), constamment spectaculaire à en décrocher la machoire (putain de poursuite sur l'autoroute), gorgé de passages ultra-jouissifs (le bidasse tirant sous le robot après une cascade en moto, yeah !), le film atteint ici d'autant plus des sommets que Bay met enfin ses progrès de mise en scène à bon escient. Certes, il en profite pour recaser certains passages marquants de ses précédents films (le fameux travelling circulaire de Bad Boys 2, Labeouf courant sur le toit avec une fusée éclairante tel Nicolas Cage dans Rock), ou les gimmicks inhérents à son cinéma (la musique tapageuse, les ralentis pompeux sur les hélicoptères) ; mais oubliez le découpage épilleptique ou les cadrages non-sensiques qui rendaient l'action incompréhensible dans ses précédents films (le pire ayant été sans doute atteint par Armageddon en terme d'illisibilité cinématographique), le bonhomme pense enfin sa mise en scène en terme d'espace et de découpage, et non plus en fonction de quelques plans chocs. Certes, on est encore loin d'un Raimi ou d'un Jackson, mais le simple fait que Bay se transforme en bon faiseur lors des scènes d'actions les plus "enaurmes" de sa carrière suffit à garantir un spectacle assurément dantesque, qui arrive même à nous faire oublier les deux premiers tiers catastrophiques !
Transformers sera sûrement appelé à devenir un cas d'école non seulement en terme de spectaculaire, mais aussi parce que rarement un film aura aussi bien illustré le terme "mi-figue mi-raisin". D'abord foutage de gueule post-Pirates des Caraïbes (on va seulement commencer à mesurer le mal que cette trilogie a fait au cinéma) puis bourrinage mastard typiquement bayien (en mieux réalisé), la seconde partie emporte finalement l'adhésion, le climax tenant à lui seul les promesses du film. Reste à espérer qu'en cas de séquelle (ce qui est fort probable au regard de la fin et du carton du film au box-office), la meilleure solution ne soit pas de venir 1h30 en retard pour éviter de se taper du Gore Verbinski bis.
Note : 3/6
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