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exactmarseillais4ever a écrit:Voici l'histoire édifiante des rapports ordinaires entre la police et les adolescents dans ce pays. L'action commence en juin dernier. Cinq garçons de troisième, âgés de 14 à 16 ans, heureux de la fin des cours, passent chez une amie boire un Coca et écouter de la musique. Les fenêtres sont ouvertes. Le son est sûrement trop fort. Aucun voisin ne se plaint, il est 16 heures et c'est le début de l'été. Mais le commissariat du IVe arrondissement de Paris ouvre sur le trottoir d'en face...
Cinq agents montent immédiatement au troisième, sonnent à la porte, entrent puisqu'on leur ouvre , déplacent livres et bibelots, éventrent les cigarettes, sans mandat de perquisition, et ne trouvent évidemment rien. Puis ils relèvent l'adresse et l'identité de nos six naïfs qui les donnent avec confiance. Ils partent alors, non sans avoir fait éteindre l'horrible musique. J'oubliais, c'était du rap français en vente plus que libre: le groupe 113.
L'incident est clos, croyez-vous. Nous l'avons cru aussi. Pas du tout. Un mois plus tard, nous recevons deux procès-verbaux roses, pour «tapage injurieux» et «tapage pouvant nuire à la santé de l'homme» (sic !) Fautes d'orthographe, erreurs de procédure : l'affaire semble si ridicule qu'elle ne nous inquiète guère. Erreur, une fois encore. A l'automne, arrivent chez les six jeunes les convocations au tribunal, portées par huissier (et la Justice est en manque de budget, paraît-il !).
Le 14 décembre, audience devant le juge de proximité. Les mineurs sont entendus un par un, à huis clos. Notre fils passe en premier. La juge lui refuse la relaxe, malgré le néant absolu du dossier (pas de plainte, au contraire un témoignage des voisins contestant le tapage), et accompagne sa décision d'un cours de morale. Même chose pour le deuxième. Puis elle relaxera les autres : décisions prises au petit bonheur la chance, qui accentuent l'incompréhension des six adolescents.
Mon fils Tibère, âgé de 14 ans, et son copain sont donc fichés comme délinquants et la menace d'une «récidive» pèsera sur eux pendant quatre ans. Pour avoir écouté du rap à 16 h 30 en été, sans plainte du voisinage, ils sont «connus des services de police» et ont été jugés et condamnés. Comme Tibère ne s'est toujours pas mis à Lorie, ni aux Choristes, on peut craindre qu'un incident ne se reproduise : il sera alors directement déféré devant le juge des mineurs. La future loi prévoyant que le procureur n'aura plus besoin d'être saisi pour ce type de délits, on peut penser que les condamnations pour écoute de rap vont pleuvoir.
La Bastille et ses bobos, un élève de 14 ans en seconde au lycée Voltaire : on est loin des cités, semble-t-il. Mais une police paranoïaque et une justice d'abattage, auxiliaire de police, ont partout la même «vertu» pédagogique : je connais au moins un enfant gâté de Paris qui sait aujourd'hui ce que savent de naissance ceux qui vivent de l'autre côté du périphérique (et qui en meurent parfois) : quand tu vois les flics, cours, mon frère, cours.
Anouk Grégroire et Yves Colombel
http://www.liberation.fr/page.php?Article=346463
La france part en sucette
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manuchao, et tu iras ou ?
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