par nicoB » 16 Fév 2012, 15:11
Non mais oh les gars, vous pensez que ce sont les profs qui font le programme? Y a un bulletin officiel, consultable par tout le monde, qu'on doit mettre en oeuvre.
Vous croyez vraiment que je passe mes heures de cours à dire "Alors là les gentils cocos, bon, ils ont pas tué tant de monde que ca en fait et puis ils voulaient partager"? Que j'ai que ca à faire???
2eme chose, comme je l'avais dit dès les premiers posts, les profs (d'HG) d'extrème gauche c'est un cliché qui est largement dépassé aujourd'hui. Regardez le nombre de syndicalistes, les manifs (depuis quand une qui a réussi?) etc. A force de taper sur l'Education Nationale les gvts de droite ont réussi ce qu'ils avaient entrepris : les profs ne sont plus du tout une entité soudée mais bien un amas d'individus, qui ont chacun des stratégies personnelles (4 profs à 4h sup' ca fait un poste en moins...). Donc stop les fantasmes, je peux vous dire, le vivant au jour le jour, qu'il y a un paquet de profs de droite et un paquet de profs qui sont là que pour leur gueule et qui n'ont aucune idée de ce qu'est le service public.
3e chose : c'est apparemment assez difficile à comprendre pour des gens qui n'ont pas fait des études d'histoire, mais une histoire neutre, objective, ca n'existe pas. Pire, c'est dangereux de croire que ca pourrait exister.
L'Histoire fut un temps écrite par les vainqueurs (Bib, elle l'est toujours autant mais il existe de plus en plus de versions différentes), elle est toujours orientée. Il y a des querelles entre historiens, des limites à ce que l'on étudie, une question n'est jamais "close", à chaque fois qu'un spécialiste revisite cette question il met en avant de nouvelles problématiques, de nouveaux paradigmes etc. Et la plupart de ces querelles, si elles vous semblent lointaines (exemple : l'existence d'une chevalerie autour de l'an Mil) sont avant tout idéologiques par les implications qu'elles ont pour notre société (conscience de classe, existence précoce d'une noblesse etc).
L'histoire est aussi écrite pour les besoins du présent, elle n'est neutre ni dans la personne qui l'écrit, ni dans celle qui la lit, ni dans les buts de pourquoi elle est écrite.
Que voudrait dire d'enseigner une histoire neutre alors que ca n'existe pas? Quelle est cette illusion qui a l'air de vous rassurer? L'histoire "neutre", elle est définie par qui? L'état? Ca vous rappelle pas des pratiques totalitaires? Les historiens? Ils sont pas d'accord entre eux, et instrumentalisent autant leur discours que les autres.
Laisser le soin à quelqu'un de trouver ce qu'est "l'histoire-neutre-qui-doit-être-enseignée", ca m'a l'air assez dangereux au final...
Enfin, dernière chose, si on nous confie la responsabilité des enfants, c'est bien qu'on considère que la diversité des opinions et des parcours est une force pour un élève dont l'identité se construit. Des enfants qui n'entendent qu'un seul discours toute leur vie, ca donne pas des gens qui peuvent réfléchir lorsqu'ils sont seuls face à la société, mais des gens fermés et enfermés dans leur point de vue, sans ouverture d'esprit...