Modérateur: Modérateurs
Excellente idée de l’éditeur que d’étoffer son beau catalogue d’œuvres lusophones et hispaniques en explorant le corpus nordique ! Ce polar, qui tient du roman noir, mêle meurtres, disparition, viols, génétique et problèmes générationnels entre parents et enfants…
Le cadavre découvert dans son appartement en sous-sol apparaît d’abord comme un ‘simple meurtre’, certes inhabituel en Islande où la criminalité est basse. Et puis, le simple mot griffonné par l’assassin probablement ( « je suis lui » ), et la découverte d’une ancienne photo coincée entre les tiroirs du bureau du défunt, attisent la curiosité de la police dans une enquête assez riche en ramifications.
Mais les enquêteurs ont aussi une vie privée, l’inspecteur Erlendur a de grands soucis avec son ancienne épouse et surtout avec sa fille Eva, qui accumule les mauvaises fréquentations et les prises de stupéfiants. Or justement le meurtre sur lequel il travaille le mène à étudier le cas d’autres enfants, dont les mères violées ont eu à affronter de terribles épreuves. Parallèlement, dans un tout autre contexte, une future mariée fugue pendant son mariage, sans que nul n’en connaisse la raison, n’était un message sibyllin trouvé bien après le premier passage des inspecteurs. Inutile donc de gloser davantage…
Si ce n’est que le roman se lit bien de bout en bout, avec parfois d’admirables passages de l’univers carcéral, comme lors de l’interrogatoire de ce psychopathe caractérisé, au verbe d’une violence inouïe, exacerbée par son homophobie viscérale. C’est d’ailleurs ce passage qui signe chez l’auteur l’habilité à retranscrire des scènes tendues qui demande tout le sang-froid des policiers ( un peu en deçà de ce qu’il aurait fallu ) pour maîtriser la situation. Peut-être peut-on regretter quelques longueurs et redites, dans une trame un peu allongée, mais le titre reste un bon roman.
Comme nous nous méfions des prix littéraires à force de lire par nous–mêmes et d’explorer les arcanes de l’édition, signalons tout de même que ce roman « a obtenu le prestigieux prix Clé de Verre du roman noir scandinave » : il ne l’a pas volé…
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