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Onana, impact immédiat ?
Rapidement recruté pour densifier l’entrejeu marseillais, le Camerounais doit être titularisé ce soir pour apporter sa dimension physique, après s’être égaré en Turquie. ANTHONY CLÉMENT
Personne n’a sauté au plafond quand l’OM a lancé son mercato, le 8 janvier, en obtenant le prêt avec option d’achat de Jean Onana, pas vraiment le type de joueur qui attire les foules à l’aéroport. Pour justifier l’opération, les dirigeants marseillais avançaient le besoin urgent d’un renfort au milieu et louaient la capacité du Camerounais à s’intégrer rapidement, grâce à sa maîtrise du français et du Championnat.
À 24 ans, il découvre déjà son quatrième club de L1. À Bordeaux (2021-2022), il était titulaire dans une équipe qui a été reléguée. Transféré pour 4 M€ à Lens, il a occupé un rôle secondaire dans une équipe qui a brillé, et qu’il a quittée l’été dernier pour rejoindre Besiktas. Très peu utilisé en Turquie, il s’est enlisé loin des promesses qu’il suscitait quand Luis Campos l’a recruté à Lille, en janvier 2020.
“Ce n’était pas la trajectoire attendue mais ses expériences lui ont donné de la résilience et il peut être très intéressant à l’OM
Jorge Maciel, adjoint à Lille
« Je l’avais connu au Portugal, où il jouait avec les jeunes de Leixoes. Il était déjà très bon, se souvient Jorge Maciel, adjoint de Christophe Galtier quand il l’accueille au LOSC. Il venait pour la réserve mais il s’entraînait souvent avec nous. C’était physiquement un adulte. Au niveau de l’impact, il n’y avait aucune différence avec les pros, il était impressionnant et travailleur, ce qui a facilité son intégration. »
Lorsque les blessures déciment l’effectif, Onana obtient sa chance le 16 février 2020 contre Marseille (1-2), et s’en sort avec les honneurs. Mais le Covid arrive et son premier match avec le LOSC sera le dernier. « On jouait à deux milieux et il était le cinquième. On l’a prêté à Mouscron, club partenaire en Belgique. Il était le meilleur, a aussi joué défenseur, mais l’équipe a été reléguée, explique Maciel. Après, le président Gérard Lopez est parti de Lille et l’a recruté à Bordeaux. Ce n’était pas la trajectoire attendue mais ses expériences lui ont donné de la résilience et il peut être très intéressant à l’OM, où il faut de la passion, de l’agressivité. Il ne peut pas être un titulaire indiscutable mais dans la rotation, au quotidien, il va sans cesse donner de l’engagement et de la qualité. »
Onana a toujours été comme ça et il a encore plus faim après avoir été victime des soubresauts de Besiktas. Comme Eric Bailly, Valentin Rosier, Vincent Aboubakar et Rachid Ghezzal, d’autres gros salaires que le club ne pouvait plus assumer, il a appris sa mise à l’écart sur les réseaux sociaux, le 11 décembre. Il sait qu’il manque de rythme et Gennaro Gattuso l’a averti que le grand soir était pour aujourd’hui à Rennes, après lui avoir donné dix-sept minutes contre Strasbourg (1-1, le 12 janvier). Courtisé par plusieurs clubs de L1, il a foncé quand l’OM s’est présenté car il se sent capable d’y évoluer depuis longtemps, et sait qu’il pourra saisir des opportunités au milieu et en défense.
« Il n’a pas pu montrer ses qualités à Besiktas mais il est très, très costaud, avec une bonne qualité de passe, a observé Rosier en Turquie. II était déçu de son temps de jeu mais il a envie de jouer au foot. Il a du coffre, il court énormément. » Maciel note d’ailleurs qu’il faut le canaliser : « Il a besoin que l’organisation de l’équipe le guide car il est si intense, si agressif, qu’il peut se perdre un peu en route. » C’est pourtant à Marseille, où la stabilité est souvent un mirage, qu’il veut retrouver son chemin.
L'Equipe