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OM; Ismaïla Sarr, sang-froid et jambes de feu; Aussi explosif en match que timide dans la vie, l'attaquant sénégalais n'a jamais dévié de son éthique de travail. Pour lui, depuis toujours, le football représente tout. Portrait.
De Saint-Louis, au Sénégal, où il est né en 1998, à Marseille, où il vient de poser ses valises, Ismaïla Sarr ne sera pas dépaysé par l'environnement bouillant et la passion dévorante pour le ballon rond. Depuis ses débuts en pro, il a toujours été galvanisé par les grosses ambiances. Gamin, "Isma" vit, dort, respire et vibre pour le football, lui, qui comme beaucoup de Sénégalais, a rêvé à travers les matches de l'OM. "Il ne voulait jouer qu'au foot et devenir un professionnel, raconte Malick Diallo, son premier formateur à l'enfance, qui souligne le "très grand plaisir de le voir porter le maillot de Marseille". Ismaïla était un gosse très timide. Tu ne peux pas savoir ce qu'il ressent ou pas, il n'en parle pas beaucoup. Il est toujours comme ça. Si tu ne lui parles pas, il ne te parle pas. Mais, sur le terrain, c'est une autre expression, celle du plaisir. Il fonce. C'est un compétiteur qui n'aime pas perdre. Il se donne à fond depuis l'enfance, il n'a pas du tout changé."
Homme réservé et attaquant spectaculaire, l'ailier de 25 ans a mené sa barque depuis Génération Foot, structure majeure de formation drivée par Mady Touré à proximité de Dakar qui a notamment vu passer Sadio Mané. "Il est arrivé tout timide, réservé, presque sur la pointe des pieds, mais il a vite joué, marqué de très beaux buts et fait des différences, souligne Kévin Lejeune, ancien capitaine du FC Metz, qui a vu l'arrivée chez les Grenats du phénomène en 2016. Sa réserve et sa timidité ne le quitteront pas. Mais, sur le terrain, il a du caractère et du répondant avec ses partenaires."
Sabri Lamouchi a été son entraîneur à Rennes, un club où Sarr a évolué entre 2017 et 2019 avant ses quatre saisons à Watford. Il se souvient d'un joueur "extrêmement agréable, avec qui on a plaisir à travailler, qui n'est qu'en demande de progression et de recherche d'améliorer son jeu". "Il est d'une très grande discrétion à l'extérieur mais sur le terrain, il aime prendre des initiatives et tenter des choses, développe le technicien. Il faut le mettre en confiance, mais je ne doute pas que (Pablo) Longoria, Marcelino et le staff vont faire ce qu'il faut. C'est un garçon qui a besoin de se sentir apprécié, aimé, en confiance. Il est en demande."
Cette soif d'apprendre, développée à Génération Foot, s'est poursuivie à Metz, qui a la priorité pour récupérer les talents de l'académie. "Il n'était pas tout de suite dans un appartement, mais au centre de formation parce que c'est comme ça aussi qu'on fait avec les jeunes pour avoir une adaptation plus simple. Avant l'entraînement, il arrivait en claquettes et en pyjama, il venait de se lever. Il n'avait pas encore les codes du monde pro, on a dû l'accompagner, se souvient tendrement Lejeune. Mais il était à l'écoute, déterminé à s'imposer et aller plus haut. Il a vite joué, marqué des très beaux buts et fait des différences." Lamouchi loue un "état d'esprit absolument remarquable". "Si je devais en citer trois parmi les plus adorables, il ferait certainement partie des trois, assure l'ancien milieu. C'est un vrai plaisir : il travaille, il est souriant, timide mais ne rechigne jamais avec des séances en plus à sa demande. Il a des qualités extraordinaires. Il a vu ce que ça lui apportait."
Malick Diallo : "Il se donne à fond"
Désormais, c'est l'OM qui va bénéficier du talent explosif de Sarr, par ailleurs marié et père de famille. "Il va nous amener de la profondeur, des débordements. Il peut répéter les efforts sur son côté, il a un grand potentiel", résume Marcelino. Des qualités qui font sa marque depuis toujours. "Les gens pensent qu'il mise tout sur sa rapidité alors qu'il peut faire plus, renchérit Diallo. Ismaïla, à droite ou à gauche, il se donne à fond. Si j'étais son entraîneur, je le mettrais électron libre. Il est très fort en bougeant sur tout le front de l'attaque."
Pour Lamouchi, "c'est un joli coup" que vient de réaliser l'OM, "un club qui va le relancer totalement. Ça va matcher". " Au-delà de la vitesse, du joueur excellent en un contre un, il va apporter de la profondeur, un choix différent. Il a beaucoup plus de maturité dans le jeu, pose l'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire. Je lui expliquais que l'important était sa première et sa dernière touche. Je trouve qu'il a énormément progressé dans ce domaine-là, dans la finition. Il va vite. Il a beaucoup moins de déchet qu'avant. Je trouvais qu'il stagnait un peu les deux dernières années à Watford, mais il fait un pas en avant. Il arrive dans un club où il y a une exigence importante et des ambitions fortes."
La Provence