Information
Ismaïla Sarr arrive à l'OM pour réaccélérer après quatre saisons contrastées à Watford
Ismaïla Sarr, arrivé en Allemagne ce lundi, s'est engagé pour cinq saisons à l'OM afin de reprendre le fil d'une carrière très prometteuse qui a connu quelques contrariétés.
Ismaïla Sarr a déjà donné un aperçu de sa pointe de vitesse. Quelques jours seulement après le début des négociations officielles avec Watford (D2 anglaise), l'attaquant de 25 ans a débarqué en Allemagne, lundi matin, et il s'est rendu dans une clinique du côté de Münster pour valider au plus vite sa visite médicale avant de rencontrer ses nouveaux coéquipiers marseillais, en stage à quelques kilomètres de là.
L'international sénégalais (52 sélections, 11 buts), dont la signature a été officialisée par l'OM lundi soir, va donc revenir en Ligue 1, un Championnat où sa carrière s'était brutalement accélérée, mise en lumière par ses sprints effrénés et ses dribbles chaloupés. Parti à Watford, à l'été 2019, l'ailier n'a pas totalement confirmé les énormes promesses que son potentiel laissait entrevoir à Metz (2016-2017) puis à Rennes (2017-2019), mais ceux qui l'ont côtoyé brossent le portrait d'un garçon « attachant », « timide », qui n'a pas forcément été très bien accompagné.
« Quand je suis arrivé au club, il était déjà là, se souvient Éric Roy, nommé directeur sportif des Hornets en décembre 2019. Il ne jouait pas, ce qui m'avait surpris vu ce que je savais de lui, alors j'ai demandé des explications. On m'a dit qu'il n'était pas prêt. Je me suis rendu compte qu'ils n'avaient pas fait grand-chose pour son intégration. Comme il prenait des cours de français avec une prof, j'avais demandé à celle-ci de dépasser un peu ses fonctions et d'aller voir un peu chez lui, d'aider sa femme aussi. »
L'initiative est fructueuse, Sarr s'installe dans le onze de départ et se libère sur le terrain. « De temps en temps, il peut y avoir un problème de langue et ce n'est pas neutre, appuie Régis Bogaert, adjoint d'Aliou Cissé avec les Lions de la Teranga. En sélection, il maîtrise parfaitement le wolof, il est très à l'écoute. En Angleterre, il y avait la barrière de la langue. C'est un garçon qui ne va pas dire "Je n'ai pas compris" car il a une certaine fierté, mais, si tu lui expliques bien, il te le rend à 2 000 %. »
L'opportunité Liverpool... mais une descente en D2
Avec son profil et le jeu développé par Watford, Sarr se met rapidement en valeur, percute sur le côté, fête ses premiers buts. « Watford a toujours joué le maintien en Premier League, c'est une formation qui n'a pas la possession, mais qui fait très mal dans les transitions. Et dans ce registre, Ismaïla est très fort. »
Il signe même quelques coups d'éclat, à l'image de ce match salué dans tout le pays face à Liverpool (3-0, le 29 février 2020), invaincu depuis treize mois en Championnat. Avec deux buts et une passe décisive, le Sénégalais est élu homme de la rencontre et sa cote monte soudainement en Angleterre. L'interruption pendant trois mois de toutes compétitions, liée à la crise du Covid, marque une rupture pour le joueur et le club, relégué en Championship.
Mais Sarr s'est créé une certaine notoriété et l'idée d'un départ dans un club plus huppé se dessine. « Après cette saison-là, Liverpool avait longtemps hésité entre lui et Diogo Jota, se rappelle Roy, aujourd'hui entraîneur de Brest. Comme Watford l'avait acheté cher, près de 30 M€, il en demandait une grosse indemnité, autour de 50 M€. » Sarr reste donc chez les Hornets et découvre la Deuxième Division anglaise, un peu à contrecoeur.
La sélection est à chaque fois une bulle d'oxygène et il a d'ailleurs été l'un des meilleurs Sénégalais lors de la Coupe du monde au Qatar, ou plus récemment lors de la victoire de prestige face au Brésil (4-2, le 20 juin), en amical. « On a été trop vite avec "Isma" alors qu'il progresse toujours, mais c'est un potentiel de malade mental, assure Bogaert. Contre le Brésil, il a fait un match de folie. Vinicius allait poser des problèmes, alors on lui a demandé de s'en occuper. Il a couvert le couloir, fermé les lignes de passes, défendu juste et ensuite il a cette capacité à se projeter. C'est un dragster, il est quasi inarrêtable. » En quatre saisons en Angleterre, deux en Premier League et deux en dessous, il n'a pas toujours pu le montrer.
L'OM l'a justement recruté pour sa faculté à percuter sur le côté et à prendre la profondeur, une idée de jeu sur laquelle Marcelino veut insister. « Ismaïla est hyper calme, réservé, timide, mais, par contre, il s'exprime sur le terrain, avance Lamine Diatta, le manager du Sénégal. Marseille, c'est un super choix, car si le coach veut de la vitesse, il en aura. (Rires.) »
Mady Touré, le président fondateur de l'académie Génération Foot (Sénégal), où Sarr a commencé, n'en doute pas. Il glisse tout de même une astuce à son nouveau club : « Je suis convaincu qu'il va exploser là-bas. C'est le profil idéal pour Marseille car il a en plus, comme beaucoup de Sénégalais, l'OM dans son coeur. Mais je vais donner un conseil à Pablo (Longoria, le président olympien), c'est qu'il faut le pouponner comme un bébé. » Un bébé qui va très vite.
