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Pierre Aubame : « Il est né pour jouer au foot »
Le père de Pierre-Emerick Aubameyang, ancien joueur professionnel, raconte la réaction de son fils quand il lui a appris que l’OM voulait l’engager. Et son amour du ballon. Hervé Penot
Entre Pierre Aubame, ancien joueur de Laval et du Havre, notamment, au tournant des années 1990, et son fils Pierre-Emerick Aubameyang, les liens sont fusionnels. Le paternel (58 ans) évoque son arrivée à l’OM et les raisons qui expliquent sa dernière saison ratée, en partie liées à sa propre situation.
« Est-ce un soulagement pour votre fils d’avoir signé à Marseille ? C’est un grand soulagement après l’année galère qu’il a vécue (21 matches, 3 buts avec Chelsea). Il y avait des touches avec l’Arabie saoudite, mais quand l’OM se présente… Qui n’a jamais rêvé de jouer dans ce club ? En Afrique, d’autant plus. Je n’arrête pas de recevoir des messages du pays.
Quand est arrivée la proposition de l’OM ? Elle germait déjà avant que Pablo (Longoria, le président) ne vienne me voir avec Javier (Ribalta, le directeur du football). Ç’a commencé à pousser quand je devais rentrer à l’hôpital, le 6 juillet, pour une opération.
Pablo m’a présenté le projet et il m’a démontré par A plus B que si mon « lascar » venait chez eux, ça allait bien se passer avec un entraîneur (Marcelino) qui le voulait à fond.
Vous avez alors appelé votre fils ? Tout de suite. On s’appelle en vidéo et notre bonjour, c’est son grand sourire. Et direct, je lui fais : “Allez l’OM !” Il éclate de rire : “Ah bon !” “T’es content ou pas ? Tu veux que le fasse avec l’accent ?” (rires). Lui m’a répondu : “Et comment ? Raconte ? Mais le vieux (la manière dont on évoque le père en Afrique), tu rigoles, t’imagines, ça peut être un truc de fou !” Il fallait ensuite régler quelques détails avec Chelsea. Le garçon aime tellement cette ambiance. Comme il me dit : “Tu imagines mon premier but, le boucan ?” Il se projette déjà. Et je lui ai dit que, cette année, je serais là pour hurler au stade.
“Mes soucis de santé l’ont mis à plat
Ce que vous ne pouviez pas faire pour des soucis de santé, l’an passé. Dans quelle mesure votre état a-t-il eu un impact sur ses performances ? Il m’a vu dans un état catastrophique. Il m’a transféré en urgence de Barcelone à Paris, car je n’allais pas bien du tout fin mai, début juin, l’an passé, avec ambulance sur le tarmac. À cette époque, il était bien au Barça. Quand il y signe, il est même chez moi (il a une maison en Espagne) pendant presque quatre mois, avec sa femme et ses enfants. Et il marquait (13 buts en 23 matches, de février à mai 2022). Mes soucis de santé l’ont mis à plat. Comment mon fils, qui est si proche de moi, peut-il être bien dans sa tête ensuite ? J’ai subi plusieurs opérations (problème au rachis au départ), et on trouve une salmonelle quelques jours après ma sortie de l’hôpital et il faut repartir sur le billard. Je suis à deux doigts d’y passer et il se fait casser, en plus, la mâchoire par des braqueurs chez lui à Barcelone alors qu’il a voulu protéger sa femme et ses enfants (fin août) ! À Chelsea, au début, il portait d’ailleurs un masque. Ça ne pouvait être qu’une année de galère. Aujourd’hui, c’est fini, il a le sourire. Il se rend compte que je revois la lumière puisque ma dernière opération me permet de marcher et de courir. Et lui signe à l’OM…
Il aborde donc cette saison dans un autre état mental ? Oui, il est parti pour une belle et grande saison. Je lui ai toujours rappelé d’où on venait, d’un village du Gabon où il y avait à peine une dizaine de maisons. Ça nous donne la force. Qui aurait imaginé notre vie un jour ? Et il a été élevé à l’africaine, avec des valeurs sur ce que ça représente, il mange les plats de chez nous, le manioc, et vous ne le priverez pas du piment (rire). Il revient de quatorze jours de vacances de folie au Gabon, où il s’est régalé. Le voilà prêt.
Quel est son état de forme ? Si tu le vois pendant les vacances, tu te dis, “C’est un fou ce gars ?” (rire). Chez moi, au pays, j’ai un terrain avec une pelouse top. Et il n’arrête jamais, entraînements, matches avec des jeunes… Une fois reparti à Milan, chez son frère (Willy, ancien joueur pro), rebelote. Puis il est allé en Sardaigne dans l’école de foot du Real Madrid pour profiter. Il est né pour jouer au foot, ne veut jamais se reposer. Il est fit.
“Je suis sûr que ça va marcher à merveille
Et revanchard ? On peut dire ça, même si ce n’est pas un terme qui lui correspond. Il a toujours repoussé les critiques. À Dortmund, plein de gens pensaient qu’il ne ferait pas grand-chose. Il finit meilleur buteur de la Bundesliga (2016-2017, 31 réalisations). Pareil à Arsenal et meilleur buteur de la Premier League (2018-2019, 22). Et au Barça, il est le meilleur buteur du club sur la deuxième partie du Championnat (11 buts en 17 matches) avant tous nos soucis.
Vous êtes donc confiant ? De ce que je sais, Marcelino joue en 4-4-2 et Pierre aime ce système. Je suis sûr que ça va marcher à merveille. Sur nos appels, le mec (son fils) me dit : “Aux armes !” ou “Le vieux, ils ont une musique de dingue quand tu marques.” Je vous dis, il est déjà plongé dedans. Il ne lui reste qu’à marquer et il verra l’ambiance en vrai du Vélodrome… »
L'Equipe