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Pierre-Emerick Aubameyang, une pointe idéale pour l'OM de Marcelino ?
Libéré par Chelsea, Pierre-Emerick Aubameyang va rejoindre l'OM pour trois ans. Un joueur rapide, vertical et efficace qui manquait cruellement à l'attaque des Phocéens, mais pour qui l'âge (34 ans) peut soulever certaines interrogations.
Le 10 août 2022, Alexis Sanchez débarquait en Provence devant une foule en délire présente en masse pour l'accueillir à l'aéroport de Marignane. Le Chilien, dont l'avenir pourrait s'inscrire loin de l'OM, représentait alors une garantie d'expérience du haut niveau tout en inscrivant parfaitement sa débauche d'énergie caractéristique dans le projet collectif intense d'Igor Tudor. Un an plus tard, le pari de relancer Sanchez qui semblait en bout de course à l'Inter est incontestablement réussi.
Une expérience concluante qui pousse donc l'OM à retenter le coup avec Pierre-Emerick Aubameyang, qui n'a disputé que 968 minutes la saison passée à Chelsea (Sanchez en totalisait 1 345 avec l'Inter en 2021-2022). Alors qu'il arrive à Marseille pour apporter ses courses et son adresse dans la surface adverse, ''PEA'' pourrait récupérer le flambeau d'Inaki Williams, garant de la profondeur dans l'Athletic Bilbao de Marcelino. Une aisance dans l'espace déjà présente lors de son dernier passage en Ligue 1 à l'AS Saint-Étienne (2011-2013) et qu'il a su étoffer au fil de sa carrière.
La fusée verte
Alors qu'il avait bouclé la saison 2011-2012 avec 16 buts et 11 passes décisives en Ligue 1 à la pointe de l'attaque des Verts, Aubameyang avait connu un changement à l'été 2012. Avec l'arrivée de Brandao, le Gabonais (74 sélections, 30 buts) avait ainsi dû s'exiler sur les ailes, plus précisément à droite lorsque Mollo était titularisé ou à gauche lorsque Hamouma était aligné. Une évolution qui, au départ, ne semblait pas naturelle tant l'exercice précédent de l'attaquant avait été prolifique, mais qui propulsera définitivement sa carrière. Avec 19 réalisations et 12 passes décisives en Championnat, Aubameyang trouvera dans ce replacement une facilité pour occuper la largeur en éliminant dans l'espace pour centrer ou en appelant vers l'intérieur dans le dos de Brandao.
Une évolution que Christophe Galtier, alors entraîneur de l'ASSE, avait détaillée pour France Football : « Quand je fais venir Brandao, ''Aubame'' est notre meilleur buteur. Ma réflexion a été celle-ci : comment vais-je les associer dans un 4-3-3 ? Car avec Clément, Lemoine, Cohade et Guilavogui, il était dommage de se priver d'un milieu de qualité. Je me suis souvenu que Brandao avait joué avec Niang excentré à sa gauche (à l'OM) et cela n'avait pas empêché ce dernier de finir meilleur buteur de L1. Pareil à Lyon, où Benzema s'était décalé à la gauche de Fred. Et Karim avait mis 20 buts en se servant du Brésilien comme point d'appui. ''Aubame'' a donc glissé à la gauche de Brandao, qui l'a pris sous son aile et l'a aidé à adhérer à ce projet. »
« Christophe Galtier ? C'est quelqu'un qui m'a transformé. Il m'a appris beaucoup de choses, notamment le travail devant le but. Il m'a fait prendre conscience que j'étais un joueur polyvalent. Il a su me repositionner au bon moment. Je ne l'oublierai jamais », confiait Aubameyang à France 24 en 2013. Les courses diagonales pour plonger dans le dos de Brandao et les espaces offerts par le plan collectif de l'ASSE ont certes permis au joueur africain de l'année 2015 de passer dans une autre dimension, mais celui qui deviendra par la suite un buteur hors pair démontrait déjà beaucoup d'adresse dans la zone de vérité.
Capable de piquer le ballon, de dribbler le gardien, d'utiliser l'extérieur du pied, de frapper fort dans la moitié haute du but, d'armer à l'entrée de la surface pour déclencher une frappe brossée... La large palette qui fait de lui le finisseur qu'il est aujourd'hui était déjà présente dans le Forez, lui qui pouvait en plus profiter de ses énormes qualités athlétiques pour répéter les appuis et brouiller l'adversaire, sprinter dans l'espace ou sauter pour utiliser son bon jeu de tête.
L'avènement d'un 9
« Il a la mentalité d'un vrai buteur, il est vraiment détendu devant le but. Cette combinaison de vitesse et de finition est rare, ça fait de lui un joueur exceptionnel. C'est une menace, dans les grands et petits espaces. » Qui de mieux pour décrire Aubameyang que celui qui l'a transformé à Dortmund ? Jürgen Klopp, qui n'a jamais caché son affection pour l'homme et son admiration pour le joueur, est celui qui a propulsé la carrière du Gabonais en le titularisant régulièrement en pointe lors de la saison 2014-2015, après un an et demi sur les côtés pour faire de la place à Robert Lewandowski et Ciro Immobile.
Bilan ? 98 buts et 22 passes décisives en 144 matches d'une Bundesliga qui semblait convenir parfaitement au goût des grands espaces du meilleur buteur étranger de l'histoire du BVB (141 réalisations toutes compétitions confondues). Plus largement, depuis la saison 2014-2015 dans la surface adverse, Aubameyang totalise 113 buts pour 110 xG dans les différents Championnats qu'il a connus, preuve qu'il est un finisseur fiable et régulier.
Toutefois, si son aisance technique peut lui offrir le loisir de finir comme il le souhaite, c'est via ses courses et ses appuis qu'il se procure la situation optimale pour effectuer son dernier geste. Face à des défenseurs très réactifs aux déplacements d'un joueur qu'ils connaissent et qui les oblige à anticiper tant sa vitesse peut faire des ravages, Aubameyang en profite régulièrement pour feinter ses adversaires.
Face au Real Madrid, il fait mine de plonger au premier poteau après sa course en profondeur, mais s'arrête brutalement, laissant Alaba continuer son effort. Il sera ensuite totalement seul pour reprendre le ballon de Ferran Torres.
(1/2) À Chelsea, ses qualités dans la surface étaient toujours là. Avec un appui pied droit vers le premier poteau, Aubameyang déclenche celui pied gauche de Tomori qui s'adapte au premier choix du numéro 9 des Blues...
(2/2) ... mais, grâce à sa réactivité et à ses changements de direction brutaux, le Gabonais plonge finalement dans le dos du défenseur milanais qui, de son côté, a les deux pieds ancrés dans le sol et n'a pas encore réagi. Seul pour réceptionner le centre de Reece James, il trompera Tatarusanu.
Capable de jouer avec la menace qu'il représente, l'homme aux 315 buts en 630 matches - meilleur buteur de Bundesliga en 2016-2017 (31 buts) puis de Premier League en 2018-2019 (22 buts) - est aussi apte à se muer en passeur lorsque l'occasion se présente. Rarement en possession du ballon face au jeu, ses nombreuses courses en profondeur lui offrent régulièrement la possibilité de servir l'espace récemment ouvert dans son dos, zone qu'il trouve ensuite souvent d'une talonnade, parce que la situation s'y prête et que l'excentricité est toujours la bienvenue chez Pierre-Emerick Aubameyang.
Son avenir sous Marcelino
Dans le football vertical de Marcelino, basé sur les attaques rapides et les transitions, l'OM n'avait pas d'autre choix que de débusquer un attaquant capable d'exploiter ces situations. Parce que le profil manquait (Vitinha est à ce jour le seul avant-centre de l'équipe et n'est pour le moment pas un attaquant de courses) et que, si l'entraîneur espagnol souhaite appliquer son 4-4-2 fétiche, il faudra aussi étoffer le secteur offensif quantitativement.
Flashé à 36,66 km/h le 26 juillet 2020 face à Watford, Aubameyang est le deuxième joueur le plus rapide de la Premier League depuis que cette mesure est recensée (derrière Rüdiger et ses 36,72 km/h en 2021). S'il parvient à enchaîner les matches et à acquérir une forme physique optimale, il est facile d'imaginer le Gabonais répéter les efforts verticaux pour offrir une solution dans la profondeur ou faire reculer la ligne défensive adverse, comme pouvait le faire Inaki Williams à Bilbao, joueur le plus utilisé par l'entraîneur espagnol lors de son passage à l'Athletic (74 apparitions sur 75 possibles).
Toutefois, l'identité du second attaquant sera décisive. Au Pays basque, Marcelino s'appuyait sur Raul Garcia, joueur qui a souvent évolué comme milieu offensif, pour profiter d'une présence plus mobile et plus reculée afin d'être disponible sur toute la largeur du terrain et entre les lignes. À ce jour, l'OM ne semble pas disposer d'un tel profil en pleine possession de ses moyens physiques.
Alors qu'il a pu évoluer sur les flancs au début de sa carrière, il est désormais difficile de l'imaginer durablement sur les côtés d'un 4-4-2. Ses dernières années l'ont vu devenir un buteur de renom qu'il est préférable de rapprocher de la surface.
Alors que l'aspect athlétique sera un facteur important du passage d'Aubameyang à l'OM, sa faculté à répéter les courses à haute intensité jusqu'à ses 37 ans (s'il va au bout de son contrat de trois ans) peut poser question. Cependant, le sens du but et l'aisance dans la surface d'un joueur de cette trempe sont intemporels. En 2021, Unai Emery disait du Gabonais : « C'est un tueur, et ça le sera toujours. »
