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Le riche parcours de Renan Lodi, latéral brésilien de l'OM
À 25 ans, le latéral brésilien est arrivé à Marseille avec l'expérience des grands clubs et une palette élargie, construite au fil d'un parcours déjà bien étoffé.
Un latéral brésilien qui a passé trois saisons avec Diego Simeone ne peut pas tout à fait correspondre aux clichés nationaux de l'attaque à outrance : Renan Lodi adore déborder, c'est vrai, mais il ne disparaît pas quand le ballon est dans les pieds de l'adversaire. « Il sait aussi bien défendre que prendre son couloir. Je ne vais trop en faire, sinon on va dire que l'OM a recruté Marcelo, souriait en juillet le milieu Geoffrey Kondogbia, qui a été champion d'Espagne avec lui, en 2021, à l'Atlético de Madrid. Il a été très important cette saison-là, avec des buts et des passes décisives. J'ai en mémoire un match contre Osasuna. On est en train de perdre, on risque de lâcher le titre. C'est lui qui égalise pour nous faire revenir et on finit par gagner (2-1, le 16 mai 2021). Il est très attachant, très humble, toujours là pour aider les autres. »
Malgré toutes ses qualités, il a quitté l'Atlético en août 2022, au bout de trois ans et 118 matches, à cause d'un statut fragilisé. Très à l'aise à gauche de la défense au sein d'un 4-4-2, il subissait la concurrence dans un rôle de piston, devant une défense à trois, et il a préféré être prêté à Nottingham Forest pour consolider sa candidature à la Coupe du monde. « Je suis reconnaissant pour son travail, son engagement, sa volonté de soutenir l'équipe, que ce soit comme titulaire ou remplaçant, avait loué Simeone, avant de piquer. Il y a beaucoup de joueurs dans son secteur. Certains veulent rester pour rivaliser et d'autres demandent à partir pour chercher des minutes qui vont les rapprocher de la Coupe du monde. »
Indiscutable en Angleterre, Lodi a enchaîné les matches mais il n'a pas vu le Qatar pour autant. Il a digéré la déception sans perdre le fil de sa saison, ni le sourire. « J'avais pris cette décision pour accomplir l'objectif de la Coupe du monde, je n'y suis pas arrivé mais j'ai vécu une très bonne année, nous confiait-il jeudi, sur un ton chaleureux qui laissait croire qu'on se connaissait depuis toujours. Je ne regrette pas car j'avais besoin de plus de temps de jeu, et c'est réussi. J'ai beaucoup appris, y compris l'anglais, ce qui est important. » Il apprend maintenant le français avec le même appétit et retrouve le frisson des compétitions européennes.
Ce ne sera pas la Ligue des champions, qui l'a déjà vu briller avec l'Atlético, mais la Ligue Europa peut aussi être belle sous la lumière marseillaise. « Il a tout de suite été séduit par la possibilité de rejoindre l'OM, pour jouer l'Europe dans un grand club, une ambiance magnifique, explique l'ancien attaquant du LOSC Tulio De Melo, désormais intermédiaire entre l'Europe et le Brésil, et impliqué dans le transfert à 13 M€ de Lodi. Marseille était plus attractif que toutes les autres options qu'il avait. Je lui ai dit, si tu vas à l'OM, que tu fais des bons matches, tu vas en sélection, c'est obligé. Renan fait toujours des choix sportifs. »
Il en est récompensé car l'élimination au troisième tour préliminaire de la C1 ne l'a pas empêché d'être convoqué pour le rassemblement de septembre. Sélectionné seize fois à 25 ans, Lodi fait partie du paysage et la lutte pour le maintien en Premier League n'a pas changé les regards. « Ça fait longtemps qu'il réussit de très bonnes choses et il est devenu un joueur plus complet à Madrid, poursuit De Melo. Il attirait déjà l'attention au Brésil, où tout le monde a pu voir son talent à l'Athletico Paranaense. » C'est dans le club de Curitiba qu'il a débuté sa carrière, aux côtés de Lucho Gonzalez, qui la terminait. Champion de France 2010, le milieu argentin lui a conseillé de dire oui à l'OM, comme Antoine Griezmann, qu'il a côtoyé à l'Atlético.
Ouvert à tous les coéquipiers dans un vestiaire, sans se mettre en avant, Lodi connaît du beau monde alors qu'il partait de loin : « À 12 ans, je vivais avec mon papa chez mes grands-parents, sans ma maman. On n'était pas dans la meilleure situation financière possible. J'ai dû commencer à travailler, à vendre des bouteilles d'eau, de Coca-Cola, de bière, pour pouvoir acheter à manger et payer les transports. » Déjà réputé pour sa technique, le jeune adolescent a besoin de se déplacer pour aller s'entraîner, et il va être repéré en 2012 par une école de foot particulière.
Après avoir fait fortune dans l'alimentaire, la famille Stival a décidé de faire de l'argent autrement, en se lançant dans la préformation de joueurs. Détecté, Lodi intègre l'école de Trieste en se disant que sa carrière, qui lui permettra de sortir sa famille de la pauvreté, se joue déjà là : « C'est sûr que j'avais des responsabilités. C'était compliqué car j'étais loin de ma famille mais c'était obligatoire de partir. » Il appelle son père tous les soirs, pendant sept mois, avant de convaincre l'Athletico Paranaense où il restera jusqu'à 21 ans.
« C'était un garçon spécial, avec un grand potentiel. Il avait une idée très claire de ce qu'il voulait, souffle Tiago Nunes, qui l'a entraîné à l'Athletico chez les jeunes et les pros. On a franchi les étapes ensemble et il avait beaucoup de personnalité sur le terrain. Il n'avait pas peur de s'exposer et de jouer dans des environnements hostiles. J'ai dû lui montrer qu'il fallait être plus résilient pour enchaîner au top niveau, mais l'essentiel est venu de lui. Pendant un match des moins de 23 ans contre Botafogo, il a voulu être remplacé en seconde période et c'était déjà la troisième fois d'affilée qu'il demandait ça, alors qu'on gagnait. Je ne l'ai pas autorisé à sortir et on a eu un échange vigoureux, mais c'était important pour qu'il développe son mental et qu'il sache qu'il fallait continuer, quelles que soient les circonstances. »
Toujours attentif aux consignes, Lodi est resté un rêve de joueur pour un entraîneur, et Marcelino adore son « implication défensive » à l'OM, où il a tout pour devenir un cadre. Les changements arrivent vite à Marseille, mais il a signé cinq ans et il s'y sent si bien, avec sa fille de cinq mois et sa femme, qu'il assure déjà vouloir y finir sa carrière.