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DÉCEPTION; Ndiaye, c'est quoi le problème ? Recrue la plus chère de l'été, accueilli à l'aéroport dans la nuit comme une rockstar, l'attaquant, amoureux de l'OM, enchaîne les mauvaises prestations. Souvent aligné sur un côté, la confiance au plus bas, peut-il rebondir ?
Il est sorti vendredi dans l'indifférence générale, sans bronca ni applaudissements. Sa prestation face à Metz, encore ratée et dans la lignée de celle à Lyon où il avait été transparent, n'est toutefois pas passée inaperçue malgré le marasme global qui entoure l'OM depuis près de deux mois. Iliman Ndiaye, une nouvelle fois aligné ailier droit, n'a pas pesé sur le jeu de son équipe et ce n'est pas une surprise vu ses standards marseillais : en 25 matches, il n'a inscrit qu'un but contre Monaco, pour deux passes décisives et un penalty obtenu.
Accueilli comme une rockstar à l'aéroport de Marignane dans la nuit du 31 juillet par 500 supporters attirés par les compilations vidéos de ses meilleures actions et par son attachement à l'OM, le Sénégalais n'a pas justifié ces attentes (c'est un euphémisme), bien trop grandes pour un attaquant qui a éclos sur le tard et n'avait brillé qu'en D2 anglaise (14 buts et 11 passes la saison dernière tout de même).
Son transfert, autour de 20 M€ après de longues négociations pas toujours courtoises avec Sheffield United, en a fait le joueur le plus cher du mercato, ce qui est plus un fardeau qu'un gage de réussite ces dernières années (Gerson, Vitinha, Benedetto, Mitroglou, Luis Henrique, Strootman...).
Une confiance évaporée,
un positionnement en question
Dans le cercle proche d'Iliman Ndiaye, on estime que le feuilleton de son arrivée dans son club de coeur ou son prix d'achat lui ont mis un peu trop de pression. Cela a déclenché le cercle vicieux classique : trop de stress entraîne de mauvaises performances, qui découlent sur une confiance en berne. "Le problème ne concerne pas la qualité des joueurs. La plupart de ceux qui arrivent à Marseille viennent de clubs moins huppés, expliquait récemment Habib Bamogo sur les difficultés de s'imposer à l'OM au poste d'attaquant. Tu changes d'environnement, il y a l'attente des supporters, ça peut être tout bleu et devenir tout noir le lendemain... La pression y est permanente. Il faut savoir y résister psychologiquement." Pour un intime du vestiaire, la mauvaise saison provençale n'est pas pour servir Ndiaye. "Quand l'équipe fonctionnera, il en bénéficiera, mais quand elle est en difficulté, il subit les conséquences. Jouer sous le maillot de l'OM a toujours été son rêve, il a probablement un poids très lourd quand il l'enfile." Lors des premières discussions avec le joueur, Igor Tudor était encore entraîneur de l'OM et l'idée était de l'incorporer dans le 3-4-2-1 du Croate, derrière l'avant-centre. Quand l'international sénégalais a un temps hésité à rester à Sheffield, Marcelino l'a appelé pour le convaincre en lui assurant une place de choix en soutien de Pierre-Emerick Aubameyang. Aujourd'hui, Gennaro Gattuso l'a surtout aligné sur un côté. "Je ne peux pas faire l'équipe pour un seul joueur, j'en ai 24, répondait l'Italien jeudi dernier. Je sais très bien qu'Iliman a joué second attaquant toute sa carrière. Il n'a pas souvent été ailier mais il peut tenir ce rôle."
Même s'il n'est pas du tout à l'aise sur l'aile, surtout à droite, personne n'interdit à Ndiaye de faire un bon centre ou de réussir un geste de temps en temps, d'être un peu plus influent ou d'enlever sa cape d'invisibilité portée lors de l'Olympico ou la réception de Metz. Sans être flamboyant non plus, il avait été bien meilleur aux côtés d'"Auba" dans un 3-5-2 pour les deux matches précédant son départ à la CAN, contre Clermont et Montpellier. Mais l'attaquant ne veut pas rejeter la faute sur son utilisation : il a conscience qu'il est mauvais et doit faire mieux.
À La Commanderie, malgré son absence de match référence depuis septembre et la première de Gattuso à Monaco (1 but, 1 passe décisive), on reste plutôt optimiste, comme le joueur, et on considère que son état d'esprit et son travail sont impeccables. "Il faut rester patient parce qu'il a tout pour redevenir le Ndiaye de l'année dernière. Et meilleur encore", glisse un proche de l'équipe. À Marseille ou ailleurs ? S'il reste en échec, il se retrouverait quasi automatiquement sur liste des transferts (plusieurs écuries anglaises gardent un oeil sur lui, dont Crystal Palace et Everton). Ainsi va la vie dans un club où il est décidément compliqué de s'imposer. Il a trois mois pour prouver qu'il a le niveau et le mental pour réussir dans le club qui le fait rêver. Et effacer un premier semestre qui n'a convaincu personne.
La Provence