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Ndiaye, la voie à suivre; Pour sa première, face à Clermont, à la pointe du 3-5-2 récemment installé, le Sénégalais a rendu une copie encourageante. Davantage inspiré et incisif, le jeune attaquant de soutien a peut-être trouvé la clé pour lancer son aventure marseillaise.
Et si la clémence d'une institution parisienne* était l'étincelle tant attendue ? Cette braise sur laquelle l'histoire d'amour contrariée entre Iliman Ndiaye et son club de coeur pourrait s'enflammer ? Une suspension réduite, une titularisation surprise et la chance d'effacer les mauvais souvenirs laissés au Vel', jusqu'à son retour de la coupe d'Afrique des nations. Plutôt que ruminer sa sortie prématurée et sans gloire face aux Rennais, le Sénégalais va savourer les promesses semées sur son pré adoré. Ce somptueux contrôle suivi d'une offrande vers "Auba"(18), sa pirouette décisive pour le but du break (42), cette délicieuse talonnade pour Murillo (45)... moins son coup de casque sur le poteau (41). Sans oublier sa vista retrouvée. User de ses dribbles chaloupés, sans en abuser. La tête levée. Parfois trop altruiste (28), souvent à l'initiative.
Dimanche ce n'était que Clermont. Qu'une mi-temps avant de rentrer dans le rang. À Monaco, fin septembre, une éclaircie sans lendemain avait déjà percé (1 but, 1 passe décisive). Mais pour le Rouennais, embourbé depuis son arrivée tonitruante cet été (17 M€), le moindre rayon est une bénédiction. "Iliman n'arrive pas encore à se libérer. C'est un très jeune joueur (23 ans) qui construit petit à petit sa maturité. Et là, en l'espace de six mois, tout lui tombe sur la tête, insiste Régis Bogaert, entraîneur adjoint des Lions de la Teranga. Il arrive d'un football très direct, complètement différent de celui pratiqué en France. À Sheffield, en D2 anglaise, il jouissait d'une totale liberté sur le terrain. Il pouvait faire ce qu'il voulait. Là, il doit se faire une place dans un collectif qui a mis du temps à se structurer, et supporter une pression infiniment supérieure. Il doit aussi digérer l'impact émotionnel de sa signature à l'OM. C'est tout nouveau pour lui... Un apprentissage brutal, mais accéléré."
Hasard ou coïncidence, Ndiaye a esquissé l'un de ses rares sourires provençaux, ce dimanche, en renouant avec une vieille connaissance : le 3-5-2. À la pointe de ce système, en charge de la création aux côtés d'un partenaire dont la finition était plus affûtée (Billy Sharp à l'époque), il a éclos chez les pros (22 réalisations, 14 assists), s'ouvrant les portes du Mondial-2022 et celles de l'Olympique. Moins excentré que dans 4-2-3-1 abandonné par Gattuso, moins esseulé que dans le 4-4-2 cher à Marcelino, l'ex-Blade n'a plus besoin de faire le crochet de trop. Son péché mignon.
Grâce au mouvement incessant autour de lui, appuyé par une certaine complicité technique avec Amine Harit, l'international sénégalais (7 sélections) a épuré son jeu. Pour son plus grand bien et celui des siens. En premier lieu l'inamovible Pierre-Emerick Aubameyang, en quête d'un lieutenant fiable et constant. À défaut de détenir la solution miracle, "Rino" pourra toujours jongler, dès mercredi à Montpellier, entre la finesse d'"Ili" et la combativité de "Viti". "C'est avant tout un joueur d'axe. On l'utilise essentiellement comme ça. Il est capable d'amener une grande plus-value dans la construction. Ses prises de balle, sa clairvoyance, ses passes... C'est un accélérateur de jeu, même si vous l'avez peu vu, détaille Régis Bogaert. Après, chez nous, ce n'est pas un titulaire indiscutable. On n'attend pas encore qu'il soit le moteur de l'équipe. À Marseille, j'ai l'impression qu'on veut lui donner beaucoup plus de responsabilités. C'est la grande différence... Il faut l'accompagner dans son apprentissage, y aller de manière progressive."
Du temps et de la patience. Y compris pour le public du Vel' qui, sitôt un léger filet de salive au bord des lèvres, devra rester sur sa faim... en guettant le sort des Sénégalais à la CAN (13 janvier-11 février). Et en espérant que leur protégé ait enfin trouvé la voie.
*Vendredi dernier, le Comité national olympique et sportif français, saisi par l'OM, a réduit la suspension infligée par la commission de discipline de la LFP, en transformant le troisième match en sursis (2+1).
La Provence