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« J’ai fait deux arrêts cardiaques »
Football|L’ex-milieu de terrain Stéphane Dalmat, passé par Lens, l’OM, le PSG et l’Inter Milan, a voulu disparaître des radars après sa carrière. Il raconte comment il s’est battu pour retrouver l’envie de vivre.
Christophe Bérard
Il a donné rendez-vous dans un bar lensois tenu par sa belle-famille. Les habitués de l’établissement avaient prévenu : « On a rarement vu un mec aussi simple et aussi doux que lui. » À 44 ans, Stéphane Dalmat, l’ex-milieu défensif de l’OM, du PSG ou de l’Inter Milan n’a plus rien à voir avec celui qu’on qualifiait d’ingérable du temps de sa longue carrière. Autour d’un café, il déroule pourtant un récit surprenant d’un homme qui a failli sombrer après avoir arrêté sa carrière.
Vous avez presque disparu des radars depuis 2012. Que devenez-vous ?
Stéphane Dalmat. À la fin de ma carrière, j’aurais pu signer à Nîmes en L 2, mais je me suis dit que je ne voulais pas finir ainsi. Alors j’ai tout arrêté. Au début, j’ai profité puis, pendant près d’un an, j’ai sombré. Ma femme était partie et j’étais seul dans ma maison à Bordeaux. J’ai cogité, j’ai fait n’importe quoi. Je ne m’aimais pas. Alors, j’ai commencé à boire tout seul. Et assez vite, mon quotidien, c’était réveil, champagne toute la journée et dodo.
Comment ont réagi vos amis du foot ?
Quels amis ? Le téléphone ne répondait pas, mais j’ai toujours été à part dans ce milieu où je n’ai pas cherché à me faire des amis. En seize ans de carrière, j’ai peut-être cinq potes. C’est tout. Le déclic, c’est quand j’ai retrouvé mon premier amour que j’avais connu à Lens. Elle m’a aidé à remonter la pente. Sans elle, je serais peut-être devenu une épave. Je lui dois tant !
En 2017, vous avez aussi vécu un très grave accident…
Je suis sur un scooter à Bordeaux, je roule beaucoup trop vite sur un passage de tramway et je finis sur un poteau. Je suis resté six jours dans le coma et j’ai fait deux arrêts cardiaques. J’ai failli mourir. Quand je me suis réveillé, j’étais défiguré et intubé de partout. Je ne comptais plus les fractures, notamment autour du bassin. Les médecins m’ont dit que j’étais un rescapé. Je suis resté six mois en fauteuil roulant avec une opération tous les trois jours.
Et personne ne l’a su ?
J’avais carrément coupé mon téléphone. Seule ma femme était là. Je suis sorti du monde. Au bout de six mois de rééducation, je suis redevenu comme avant. J’ai repris ma vie et je vis de mes investissements du côté de Lens. Maintenant, j’ai envie de revenir dans le foot en m’investissant dans un projet de création d’un grand club de football à Tours, là où je suis né. C’est compliqué de m’imaginer un rôle important dans un club car je me suis coupé du milieu.
Ne le regrettez-vous pas ?
Non. Parce que même si je me suis fait du mal, cette coupure m’a fait du bien. Je n’en pouvais plus de ce milieu.
Vous avez joué dans de très grands clubs mais on a l’impression que vous êtes néanmoins passé à côté d’une plus grande carrière…
Parce que le foot, je l’ai toujours pris comme un divertissement. Lors de mon premier entraînement à Lens, je ne comprenais pas ces gens qui venaient pour un autographe. Je n’avais pas compris que le foot, ce n’était pas que le terrain. Et ça a duré longtemps. Les à-côtés comme cela, je n’aimais pas. Je voulais juste taper dans le ballon.
Quels souvenirs gardez-vous du PSG ?
On nous a collés, à moi, Nicolas Anelka ou Peter Luccin, une étiquette de voyous. C’était n’importe quoi. Mais comme je ne disais pas « bonjour » tout le temps avant de monter dans ma voiture, on m’a défini comme un arrogant prétentieux. Alors qu’il n’y a pas plus simple que moi. En plus, je n’étais pas comme certains, qui ont réussi de belles carrières en copinant avec un ou deux journalistes.
Quel est le club français qui vous a le plus marqué ?
Lens pour la ferveur et la gentillesse des gens. L’OM était un rêve de gosse de cité. Cela a été une année dure. L’Inter Milan en revanche, cela a été formidable. J’y ai reçu tellement d’amour des tifosis. C’est bizarre d’être une idole là-bas et un infréquentable chez soi.
Quel est votre plus gros regret ?
D’avoir quitté l’Inter, justement. Pour la France, je ne regrette rien. Surtout avec le beau cadeau de Noël de Luis Fernandez qui m’a échangé avec Brésilien Vampeta à l’Inter. Vraiment merci, Luis, pour ce joli cadeau (il rit) !
Suivez-vous le PSG aujourd’hui ?
Jusqu’il y a deux ans, j’aimais bien. Mais ce club me lasse. On ne fait qu’attendre le grand moment en Ligue des champions qui n’arrive jamais. Verratti ne peut tout faire. Et il manque toujours un mec à côté de Verratti et un autre avec Marquinhos. Et avec tout le respect pour la carrière de Sergio Ramos, à un moment il faut dire stop.
Lens (Nord), le 10 février. L’ex-milieu de terrain Stéphane Dalmat souhaite aujourd’hui s’investir avec la création d’un club de foot dans sa région natale, à Tours (Indre-et-Loire).
Le Parisien