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Un an après son arrivée à l'OM, Vitinha doit encore convaincre
Arrivé fin janvier 2023, au terme d'un improbable feuilleton sur le sujet de l'avant-centre, le Portugais de 23 ans Vitinha est très attendu en ce début d'année par le staff et la direction de l'OM, qui affronte Strasbourg vendredi en ouverture de la 18e journée de Ligue 1 (21h). Quelques coups d'éclat ne suffiront pas.
Les statuts sont changeants à l'OM et un joueur peut passer par toutes les émotions. Ainsi Pape Gueye, pion peu considéré par Pablo Longoria depuis son arrivée au club à l'été 2020, est-il devenu un élément important dans l'esprit du président, à l'automne 2023, à quelques mois de la fin de son contrat. Comme le Sénégalais néglige aujourd'hui toutes les offres de prolongation de la direction et qu'il s'apprête à partir libre, il a retrouvé le label du paria et a été mis sur le marché en ce mois de janvier.
Pour Vitinha, « la situation n'est pas la même que celle de Pape Gueye », a précisé jeudi Longoria. Selon le boss de l'OM, « Vitinha a compté beaucoup d'apparitions cette saison, spécialement avec le changement de système de jeu. À ce moment du mercato, nous n'avons pas d'offres pour le joueur. À lui de trouver de la continuité. Les opportunités, il les a eues et il les aura. On est contents de son travail quotidien, mais il doit trouver de la régularité dans ses performances sportives, il doit chercher à s'imposer. »
S'imposer et rehausser sa cote. Comme l'été dernier, l'état-major marseillais n'a pas beaucoup de latitude sur le sujet Vitinha, la faute à un prix d'achat majuscule, fin janvier 2023. 32 M€, ou plutôt « 25 plus 7 de bonus », comme le répétait Javier Ribalta, directeur du football de l'OM jusqu'en octobre dernier.
Tudor sceptique sur son potentiel, certains partenaires se gaussent à l'entraînement
La sinueuse problématique Vitinha a commencé avec un choix infructueux de sa part, à l'été 2022. Ribalta est allé chercher Luis Suarez, l'attaquant colombien, à Grenade, et il l'a renvoyé à Almeria, cinq mois plus tard, pour des montants assez similaires (10 M€ à l'aller, 8 au retour), faisant un heureux dans l'histoire, l'agent Eugenio Botas, qui a touché deux mandats vente, l'un de Grenade à l'été, l'autre de l'OM à l'hiver.
Sans Suarez, fin 2022, l'OM a encore un avant-centre pour suppléer Alexis Sanchez dans le système d'Igor Tudor : Bamba Dieng. Le technicien croate n'en est pas fan, mais un peu plus, quand même, que Longoria.
Le président cherche à sortir le Sénégalais à chaque mercato. En janvier 2023, alors qu'il disait ne cibler que deux milieux offensifs pour remplacer Gerson (partant) et Amine Harit (blessé), Longoria se met sur le dossier de Terem Moffi, proposant un chassé-croisé à Loïc Féry, avec le transfert de Dieng à Lorient. Mais Moffi a préféré Nice, au grand dam de Ribalta, qui fulmine contre les représentants du Nigérian, jugés « trop gourmands ».
Mais, grisé par les résultats de janvier, le jeu enthousiasmant de Tudor, Longoria n'a pas perdu son appétit d'un avant-centre et il va aller sur deux profils un peu éloignés de celui de Moffi : l'Iranien Sardar Azmoun, ancien joueur de Ribalta quand il était directeur sportif du Zénith Saint-Pétersbourg, et le Portugais Vitinha. Une clause à 30 millions d'euros et une supposée concurrence anglaise feront monter la sauce, et voilà Frank McCourt qui valide le plus gros transfert de l'histoire de l'OM.
Une vraie prise de risques, même si « le salaire du joueur n'est pas élevé », selon le tandem Ribalta-Longoria. La pression, elle, culmine. Les supporters de l'OM se révèlent très exigeants en matière d'avant-centre, Tudor est sceptique sur le potentiel du Portugais et certains partenaires se gaussent à l'entraînement.
Vitinha, à peine 23 ans, n'avait jamais quitté le Minho, sa région natale, il découvre un monde impitoyable. Son montant de transfert est un drôle de boulet au pied. Ses statistiques (6 buts et 2 passes décisives en 1 653 minutes de jeu, toutes compétitions confondues) et prestations sont sans cesse mesurées à cet étalon. Et toute sortie en prêt ou à un prix très inférieur validerait la thèse de l'erreur stratégique. Interrogé sur ce point précis, son entraîneur, Gennaro Gattuso, a expliqué jeudi : « Ce sont des étiquettes qui pèsent si tu n'as pas un grand caractère. Mais la bonne route est celle de la tranquillité et de la sérénité, il faut juste donner le maximum avec beaucoup de lucidité. Moi, je vois un garçon qui est heureux, puis qui se ferme parfois. Il est ainsi, c'est son caractère. Il nous manque des joueurs, il y a beaucoup de matches à disputer. Il ne doit pas penser qu'il est le plus gros transfert de l'histoire de l'OM, mais qu'il va être utile à l'équipe. »
Comme Marcelino, et plus encore que Tudor, le technicien italien a donné sa chance à Vitinha, titulaire à Athènes, Lens, Strasbourg, Brighton ou contre Lyon, cet automne. « Il a pas mal joué depuis que je suis arrivé, surtout après le changement de système avec deux attaquants, qui lui a fait du bien, dit Gattuso, qui lui a préféré Iliman Ndiaye pour les deux dernières journées de L1. J'attends plus de lui, il a des qualités bien précises, il peut tenir la balle, déclencher le premier pressing. C'est un joueur important pour moi, je lui démontre cela dans mon traitement au quotidien et la façon dont je lui parle, mais il doit en être conscient. Il peut faire plus. On attend qu'il trouve de la continuité. » En janvier 2024, le train Vitinha doit arriver à l'heure et embarquer la foule.