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MÉTAMORPHOSE; Vitinha, les dessous d'une mue; La recrue la plus chère de l'histoire de l'OM, déjà 2 buts à son actif cette saison, réussit un début de saison remarquable, loin des difficultés nées à la suite de son arrivée. Explications.
Tout le monde est derrière Vitinha, ces temps-ci, et pas grand monde ne parvient à l'arrêter. Les défenseurs qui se coltinent l'attaquant de l'OM, depuis le lancement de la saison, doivent se pincer tant celui-ci n'a plus rien à voir avec la recrue pataude et empruntée entraperçue après son arrivée retentissante en Provence avec, à la clé, le fardeau de recrue la plus chère de l'histoire du club (32 millions d'euros, bonus inclus). Le Portugais apparaît métamorphosé. Ses deux buts en trois apparitions et 138 minutes de jeu en attestent. Il a déjà atteint le nombre de réalisations inscrites en 16 matches la saison passée. Mais surtout, ce qui frappe les amoureux de l'OM, c'est le tempérament de battant, la détermination et un vrai goût pour la bagarre affichés en toute circonstance par l'ancien canonnier de Braga.
Soit tout ce qu'il était dans le nord du Portugal et qui, en plus de ses qualités de buteur, a convaincu Pablo Longoria de miser gros sur lui, il y a sept mois. Aujourd'hui, tout le monde cherche à comprendre cette mutation subite et à en connaître les ressorts, alors que le peu de temps passé sur les pelouses du dernier Euro espoirs avait accentué un peu plus les doutes et le malaise, et jeté un voile sur son avenir. Des questions qui amusent le clan de Vitinha. À chaque fois, il adresse la même réponse : "La chose la plus surprenante, c'est qu'il n'a rien changé, sourit un proche. Il a continué à travailler avec beaucoup d'engagement et de dévouement, comme il le faisait avant, même avec les difficultés que tout le monde connaissait."
Les raisons de cette mue sont à chercher ailleurs. "Viti" a profité de son retour au Portugal, cet été à l'occasion de quelques jours de vacances, pour se ressourcer auprès des siens qui tiennent un rôle si important dans sa vie. Le lien qui les unit a été brisé subitement à la fin du mois de janvier, alors que Vitinha ne pensait pas changer d'horizon à cet instant-là. À Marseille, malgré la beauté du littoral dont il raffole, la saudade l'a rapidement envahi. Au point de laisser couler une larme lors d'une interview pour Canal + à l'évocation de cette période vécue comme un véritable déchirement et qui a forcément eu une répercussion sur son rendement.
Aujourd'hui, il a enfin fait le deuil de ses années dans sa région natale, au contact permanent des siens.
Lui-même se dit adapté à cette nouvelle existence. Il a appris à vivre loin de ceux qui comptent pour lui, en même temps qu'il a apprivoisé le bouillant contexte marseillais et pris, au fil des semaines, du muscle pour répondre au défi physique imposé par le championnat de France. Comme libéré de la pression qui escorte le moindre de ses pas. Les critiques ? Il a essayé d'y rester sourd, épaulé par son entourage qui a filtré les commentaires les plus acerbes. Certains, acides, sont tout de même parvenus jusqu'à ses oreilles. Il s'en nourrit comme il l'a toujours fait depuis le début de sa jeune carrière. À son arrivée tardive à Braga, à 17 ans, les reproches l'accompagnaient, déjà, beaucoup prédisant qu'il n'arriverait pas à se hisser au niveau réclamé par son nouveau club. Il claquera 28 buts en 67 matches.
Des standards qu'il va désormais tenter de reproduire à l'OM, dans le sillage de sa très bonne entrée en matière, et rassuré par le discours de ses dirigeants qui n'ont jamais manqué une occasion de lui renouveler leur confiance, même s'il est difficile d'adopter un autre discours avec une recrue aussi onéreuse. Vitinha, lui, est gonflé à bloc. "Je vais leur montrer que les 32 millions en valaient la peine, je veux prouver à ceux qui ne croient pas en moi, je veux faire taire les critiques, c'est un défi supplémentaire", annonçait-il en juillet dans les colonnes du quotidien sportif portugais "O Jogo".
Un autre des challenges qui se présente à lui est de gratter un peu plus de temps de jeu et, peut-être, d'évoluer plus fréquemment aux côtés de Pierre-Emerick Aubameyang sur le front de l'attaque olympienne. Dès samedi contre Brest ?
La Provence