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Le mystère Vitinha; Recrue la plus chère de l'histoire, l'attaquant de l'OM est boudé par Tudor. Une situation qui interroge jusqu'au Portugal. Où l'on croit en lui
L'enthousiasme est retombé aussi rapidement qu'il est né, dans les dernières heures brûlantes du mercato de janvier, lorsque les supporters de l'OM se sont pris d'un amour fou pour un joueur dont, pour l'immense majorité d'entre eux, ils ignoraient l'existence quelques jours plus tôt. L'objet de cette passion exaltée ? Vitor Manuel Carvalho Oliveira, plus connu sous le sobriquet de Vitinha, arraché de haute lutte aux griffes anglaises par un Pablo Longoria pas peu fier de son coup. Même si celui-ci a eu un coût élevé et peut, potentiellement, devenir le transfert le plus onéreux de l'histoire du club, avec une base de 25 millions d'euros à laquelle peuvent se greffer 7 millions de bonus.
Braga se frotte encore les mains d'avoir réussi le plus joli coup de son histoire. "Chaque saison, le club est habitué à faire quelques coups, il voulait en faire un cet hiver, retrace Antonio Soares, journaliste de sport au quotidien portugais Diario de Noticias. Le transfert de Vitinha à l'OM, en plus de battre le record de vente du club, est une très bonne affaire." Laquelle a pris de court tout le monde, ou presque. Aston Villa, Southampton et, surtout, Brighton croyaient posséder, en plus des liquidités, une longueur d'avance. "Je pensais qu'il irait en Angleterre vu les rapports des agents avec les clubs de Premier League", abonde Fernando Urbano, reporter au quotidien sportif A Bola. "Il intéressait pas mal de monde, certains pensaient qu'il irait dans l'un des trois grands clubs portugais", complète Soares.
Il a fêté ses 23 ans
avec ses proches
Ce sera Marseille et le championnat de France, finalement, avec une première titularisation contre Nice, quelques heures seulement après s'être posé sur le sol provençal et avoir déclenché un début d'hystérie collective à l'aviation générale de Marignane. Las, ses premiers pas ne confirment pas les immenses attentes placées en lui. Pis, ses apparitions deviennent de plus en plus rares, maigrelettes depuis ses 45 minutes initiales contre le Gym auxquelles se sont ajoutées 44 minutes réparties en cinq apparitions. Son principal fait d'arme ? Son occasion face au PSG, repoussée par Gianluigi Donnarumma.
Dimanche, les amoureux de l'OM ont quitté le Vélodrome dépités par le scénario et la fin de match contre Strasbourg qu'ils venaient de vivre. La colère s'est muée en incompréhension, notamment face au sort réservé à l'attaquant portugais, scotché sur le banc, comme à Toulouse. "Comment peut-on s'en passer vu l'argent investi sur lui ?, interroge un habitué de l'arène du Vel'. Le club ne peut pas l'avoir engagé pour préparer la saison prochaine. À ce tarif-là, il doit jouer tout de suite."
Vitinha, lui, attend son heure, étranger à ces débats-là. Mercredi, il a célébré ses 23 ans avec quelques proches venus en Provence pour être à ses côtés. C'est la première fois qu'il quitte sa région et il doit s'acclimater à une nouvelle culture, un nouveau football, de nouvelles consignes. Il garde foi en lui et se sent bien. "Il n'y a pas de problème, insiste-t-on dans son entourage. Il est toujours concentré et travaille dur. C'est une question d'opportunité, mais cela dépend de l'entraîneur. C'est un travailleur acharné et talentueux. Son heure viendra." Dans les petits papiers du nouveau sélectionneur de la Seleçao, Roberto Martinez, qui dévoilera sa première liste aujourd'hui, Vitinha pâtit de ses débuts cahoteux et paraît en retrait. Ce qui ne l'empêche pas de conserver une belle cote sur sa terre natale. Où l'on croit en sa réussite sous le maillot ciel et blanc.
"L'OM est un club pour lui, il aime beaucoup les supporters chauds. Vitinha a un profil agressif, c'est un joueur chaud ! Je n'ai pas de doute sur sa réussite. Il est différent des autres attaquants portugais : son jeu est très vertical, il a une grosse frappe, est capable de marquer avec deux ou trois occasions. Ici, on croyait qu'il allait jouer plus. Quand il va s'adapter, il sera performant. C'est une question de temps", devine Urbano.
"Il est jeune, il faut lui laisser le temps, renchérit Soares. Il existe un écart entre les championnats portugais et français. Et l'OM est un club très exigeant, avec beaucoup de pression, plus qu'à Braga. Un club avec un groupe plus compétitif où il est difficile de percer aux côtés d'un Alexis Sanchez. On verra le vrai Vitinha la saison prochaine." Le Portugais est lié à l'OM jusqu'en 2027. D'ici là, l'enthousiasme peut renaître sur une simple étincelle.
La Provence