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OPPORTUNITÉ; Kaboré prêt à prendre son envol le petit-cousin de Charles, qui nous éclaire sur celui-ci; Le latéral doit profiter de l'absence de Clauss pour se montrer sous son meilleur jour. Une chance à saisir dès demain contre Ajaccio
Prenez soin d'Issa, c'est un bon petit." L'affection affleure dans la voix de Charles Kaboré. L'objet de cette remarque emplie de tendresse ? Son petit-cousin, nouveau venu dans la galaxie olympienne depuis cet été. "Tout le Burkina Faso le supporte ; Issa est une fierté nationale", sourit "Charly" depuis Niort, où il a posé son baluchon cet été. À Bobo-Dioulasso, fief des Kaboré, un homme savoure tout particulièrement l'ascension rapide du gamin de 21 ans, aux fines tresses qui lui tombent sur les yeux : son père, à l'origine de sa réussite et sur qui Charles porte, aussi, un regard attendri, empli de respect.
"Son papa - je n'ai pas le droit de prononcer son prénom, chez nous c'est irrespectueux de parler ainsi d'un adulte - n'a jamais raté l'un de ses matches ni l'un de ses entraînements, témoigne l'ancien Marseillais. Tout ce qui arrive à Issa se produit grâce à la générosité de son père, qui a fait beaucoup pour son fils."
"Il n'est pas là par hasard"
Cette grandeur d'âme et cet altruisme accompagnent le clan Kaboré, et rejaillissent forcément sur le latéral droit prêté par Manchester City. "Peu de temps après mon transfert à l'OM, je suis rentré au pays et j'ai rendu visite à ma famille, rembobine Charles. Je suis allé voir mon oncle. 'J'ai signé dans un club français ; financièrement, ça va pour moi', lui ai-je dit. Il m'a donné l'équivalent de 2 euros, m'expliquant qu'il n'a pas encore entendu parler de moi. À chaque fois qu'il me voyait, il me donnait de l'argent !"
Charles Kaboré rendra rapidement la pareille aux siens. "Il nous donnait des maillots, des ballons", racontait Issa, au moment de sa présentation. "Je leur donnais aussi de l'argent pour acheter des bonbons et des équipements de l'OM que j'avais récupérés auprès de mes coéquipiers", prolonge le milieu des Chamois. Le petit Issa tombe sous le charme de l'OM et grandit dans le culte de la maison ciel et blanc, tout en tapant avec assiduité dans le ballon rond, histoire d'essayer de marcher dans les traces glorieuses de son aîné. "Il n'est pas là par hasard, insiste encore "Charly". Il a été sélectionné dans toutes les équipes nationales de jeunes."
"Tonton qu'en penses-tu ?"
Avant d'atterrir en Provence, il fera un crochet par Malines, en Belgique, Manchester City (où il ne jouera jamais) et Troyes la saison dernière. Ces expériences lui ont permis de grandir, d'étoffer son registre de piston droit ultra-offensif. "Il a 21 ans ; à son âge, j'étais soit en tribunes, soit sur le banc, contextualise son grand cousin. Lui a la chance d'être sur le terrain et il sort de deux saisons pleines. Quand il a eu la proposition de l'OM, il m'a appelé et m'a demandé : 'Tonton, qu'en penses-tu ?' Je lui ai simplement dit que l'OM te marque à vie et que ça ne se réfléchit pas quand une telle possibilité se présente. Il a réalisé son rêve et fait un excellent choix."
Un choix qui, jusqu'ici, ne se traduit pas par le temps de jeu espéré par l'intéressé, lequel a repoussé plusieurs options cet été afin de rejoindre l'OM. Issa Kaboré fait partie des joueurs les moins utilisés par Igor Tudor depuis les trois coups de la saison (233 minutes de jeu, toutes compétitions confondues). Mais cela va changer, et ça a déjà commencé depuis deux matches, à Angers (0-3) et contre le Sporting (4-1). Face aux Lisboètes, il a remplacé l'inamovible Jonathan Clauss, touché aux ischios et out pour dix jours. Une absence qui ouvre de nouvelles perspectives au Burkinabé et ce, dès demain, avec la réception d'Ajaccio dans un Vélodrome bourré jusqu'aux cintres, qu'il devrait arpenter pour la première fois dans la peau du titulaire.
"Avec Clauss, c'était compliqué pour Issa, reconnaît tonton "Charly". Il est aussi bon que lui, mais il doit hausser son niveau. Je vois tous ses matches depuis le début, je le trouve bien, il évolue dans son registre. Il est vraiment offensif, il peut même jouer ailier si la défense est à quatre. Il est mobile, crée des décalages, prend des risques, ne s'arrête jamais de courir."
Demain, de Bobo-Dioulasso aux virages du Vélodrome, beaucoup de regards seront braqués sur le jeune Étalon (27 sélections), prêt à galoper dans son couloir droit. Il y aura même un spectateur particulier et attentif à Caen. Deux heures après le coup d'envoi d'OM-ACA, Kaboré et Niort défient le Stade Malherbe. "J'aurai le temps de regarder la première période", promet "Charly", prêt à vibrer devant les exploits d'Issa, destiné à perpétuer une belle tradition familiale.
La Provence