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Il n’est pas grand mais il est attaquant. Et si la traditionnelle quête du « grantatakan », formule devenue anachronique, n’est plus aussi obsessionnelle du côté de l’OM, c’est peut-être parce que le club olympien tient enfin un joueur de premier plan dans ce rôle-là.
Les dirigeants marseillais sont parvenus à convaincre Alexis Sanchez, au CV XXL (Barcelone, Arsenal, Manchester United…), de signer en Provence, l’été dernier, après la rupture de son contrat avec l’Inter Milan.
Et l’hyper actif attaquant a vite rassuré les sceptiques : à 34 ans, il a toujours une énergie débordante et communicative sous les crampons. C’est peut-être dans ce domaine qu’il a le plus surpris ses partenaires et ses adversaires depuis le début de saison, entre ses appels incessants et ses replis défensifs rageurs, comme face à Monaco, samedi (1-1).
“À l’entraînement, il veut toujours travailler plus, il arrive deux heures avant, il part deux heures après les autres
Igor Tudor, son entraîneur
Contre ce concurrent pour le podium, Sanchez a probablement signé sa meilleure prestation depuis son arrivée en France. « Je suis d’accord, ça a été l’un de ses meilleurs matches, a acquiescé son entraîneur, Igor Tudor, hier. Comme tous les grands joueurs, il se transcende contre les grandes équipes. Il faut le gérer à l’entraînement parce qu’il veut toujours travailler plus, il arrive deux heures avant, il part deux heures après les autres, et quand tu le renvoies à l’intérieur pendant une séance, il te demande de continuer. Mais c’est bien d’avoir un exemple comme ça dans un vestiaire. »
Malicieux, technique et généreux
C’est bien aussi d’avoir un attaquant qui marque des buts après des saisons à jouer avec des buteurs qui n’en étaient pas, ou plus. Alexis Sanchez reste, lui, sur trois buts lors des cinq derniers matches mais tout n’a pas été parfait de ce côté-là. Le Chilien a même été un temps frustré par ses statistiques, peut-être en raison des efforts fournis à la pointe de l’attaque dans un rôle qui n’est pas vraiment le sien.
Francesco Guidolin l’a entraîné à l’Udinese, la saison où il s’est vraiment révélé, en 2010-2011. L’ancien technicien de Monaco n’est pas étonné par les performances de son ancien protégé, même devenu trentenaire.
« Sa nouvelle jeunesse ne m’étonne pas, car Alexis est un champion avec un grand C. Il sait s’adapter à des nouveaux rôles, et donc à ce poste de faux avant-centre à l’OM. Il a les qualités pour, il est généreux, explosif, technique, il sait comprendre le jeu, il sait lire les situations, il est malin et capable de bien profiter des occasions de but. À l’époque, il jouait 10 mais il était très “attaquant”, il combinait beaucoup avec Toto (Di Natale) et à eux deux, ils étaient imprenables. Je ne suis pas du tout étonné que plus près du but il soit bon, car il n’est jamais statique, il trouve toujours la bonne position avec intelligence. Et puis, une fois devant le but, vu qu’il n’est pas vraiment embêté avec ses pieds (rires), il peut marquer. »
Ce qu’il a déjà fait à dix reprises toutes compétitions confondues cette saison. L’arrivée d’un avant-centre va-t-elle le faire reculer et lui permettre de retrouver un rôle d’attaquant de soutien qui lui correspond mieux ? « Cela dépend du type de joueur qui arrive, a rétorqué Tudor, qui ne s’est pas risqué à évoquer clairement le cas de Vitinha. Si c’est un joueur fixe qui peut jouer seulement dans l’axe, alors oui, si c’est un attaquant qui est plus mobile, c’est différent. Ils pourront jouer ensemble, mais pas forcément, parce qu’il y a d’autres très bons joueurs ici et nous aurons beaucoup de matches à jouer. Il y aura une concurrence plus sérieuse et c’est une bonne chose. »
Mais, à coup sûr, Alexis Sanchez sera toujours l’un des premiers noms que Tudor couchera sur le papier pour sa composition d’équipe.
L'Equipe