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OM; Le fantôme de Sanchez rôde encore; Le Chilien, qui a quitté Marseille cet été en fin de contrat, manque cruellement à l'équipe, et notamment à l'attaque, où les nouvelles recrues tardent à répondre aux attentes.
Les mots, qui n'avaient déjà pas vraiment convaincu à l'époque, ont très mal vieilli. Le 28 août dernier, après avoir présenté Joaquin Correa, Pablo Longoria avait justifié la non-prolongation de contrat de Sanchez, qui venait de s'engager à l'Inter Milan, concluant l'épineux et interminable dossier de l'été : "J'apprécie énormément Alexis, mais on pense avoir pris la meilleure décision pour le collectif." Un trimestre plus tard, trois entraîneurs se sont succédé sur le banc, et l'OM poursuit difficilement une saison qui avait commencé par une élimination au 3e tour préliminaire de C1.
L'équipe, cohérente derrière et au milieu (étonnamment, ce sont les deux secteurs qui n'ont pas subi de révolution cet été), peine à briller en attaque, avec les recrues Ismaïla Sarr, Iliman Ndiaye, Joaquin Correa et Pierre-Emerick Aubameyang loin de leur meilleur niveau. Et comme Didier Drogba, Mamadou Niang ou Bafétimbi Gomis en des temps où leur succession avait été douloureuse, c'est le fantôme d'Alexis Sanchez qui rôde autour du stade Vélodrome les soirs où l'OM s'y produit.
"On ne comprend pas pourquoi les dirigeants marseillais n'ont pas conservé un tel joueur après la saison qu'il a faite", lance Fabien Laurenti, formé au club et consultant chez France Bleu Provence, qui relaye un avis largement majoritaire chez les supporters. Sur le plan tactique, son profil n'a rien à voir avec "Auba", qui a lui aussi déjà prouvé maintes fois par le passé qu'il était un grand joueur. "Il est un peu comme Papin à l'époque, toute l'équipe doit travailler pour lui donner ce dernier ballon, quand elle n'y arrive pas c'est compliqué pour lui. Quand un attaquant a deux balles exploitables dans le match, c'est assez peu", analyse Gérard Gili, qui a entraîné "JPP" à l'OM.
À l'Inter, il est presque toujours remplaçant
Alexis Sanchez, lui, était presque autosuffisant et n'avait pas forcément besoin de ses équipiers pour marquer. Au contraire, le Chilien bonifiait ses partenaires grâce à ses déplacements incessants. "Il était très utile dans la phase de préparation, son jeu sans ballon permettait aux autres d'utiliser les espaces, il permettait aux équipiers de jouer, faisait reculer la défense adverse, créait des espaces... C'était un véritable point d'appui très intelligent dans ses remises, dans la protection et la conservation du ballon. Il était indispensable", poursuit l'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire. En plus du jeu, Alexis Sanchez était aussi un leader par l'exemple et l'effort, même si l'Intériste était titulaire dans tous les matches qui ont fait basculer négativement la saison olympienne (Tottenham en Ligue des champions, Annecy en coupe de France, Paris ou Lens en Ligue 1).
"Par son aura, son talent et sa grinta, il amenait avec lui l'équipe entière, selon Laurenti. Cette saison, quand elle est à la limite, il manque quelqu'un pour faire basculer le match, donner l'élan pour aller chercher une réaction, un résultat." Ceux qui sont censés le remplacer sur le front de l'attaque n'en sont pour l'instant pas capables, même si, à défaut d'empiler les buts (Aubameyang en a tout de même inscrit cinq, Sarr trois), ils collectionnent les circonstances atténuantes.
"Les attaquants ont un rôle à avoir mais les latéraux et les milieux doivent aussi apporter le surnombre. Il y a un travail de coordination à faire, le problème est collectif et peut s'expliquer par les changements d'entraîneurs", tranche Gérard Gili, qui ne veut pas accabler les recrues. "Aubameyang est un joueur qui sait mettre des buts, on l'a vu en coupe d'Europe et contre Le Havre, mais il manque de confiance et n'est pas souvent mis en bonne position, développe Fabien Laurenti. Pour l'instant, lui, Sarr, Ndiaye et Correa ne sont pas à la hauteur, mais ils ne sont pas dans un cadre idéal avec l'instabilité que le club a vécu cette saison." Comme un clin d'oeil du destin, le Gabonais avait déjà remplacé Sanchez à Arsenal avec bien plus de réussite : 163 matches, 92 buts, 21 passes décisives chez les Gunners contre 166 matches, 80 buts, 45 passes pour El Niño Maravilla. Le retour à Milan de ce dernier n'est d'ailleurs pas un franc succès avec huit apparitions (deux titularisations) pour une seule réalisation, barré par l'intouchable duo Thuram-Martinez.
De quoi, en plus des supporters de l'OM, lui laisser des regrets. "J'ai toujours voulu rester à Marseille. La direction technique a fait d'autres choix, mais je les respecte", avait-il dit pour annoncer son départ, des propos aussi tenus en privé. Aux Olympiens d'aujourd'hui d'enfin faire oublier celui qui ne rôde plus depuis longtemps au Vélodrome.
La Provence