Les apparences sont trompeuses. Affublé de couleurs en théorie exclusives à Lorient, Laval ou au Shakhtar Donetsk, Joaquin Correa, blason de l'Olympique sur le coeur, a bel et bien endossé la tunique olympienne pour la première fois. Un bizutage mitigé sur la pelouse de la Beaujoire, dont il ne gardera pas un souvenir impérissable. Une semaine exactement après sa signature en Provence, l'international argentin (19 sélections, 4 buts) a d'abord fait saliver les supporters marseillais, un tout petit quart d'heure, avant de leur rappeler, abruptement, que cet ancien remplaçant de l'Inter Milan accuse un sérieux manque de rythme. Une chance pour "Tucu", il n'a pas dépareillé au sein d'une équipe aux goûts vestimentaires douteux et, surtout, en pleine reconstruction, en quête d'automatismes, de rythme, en phase d'apprentissage de la méthode Marcelino.
Lancé dans un couloir gauche orphelin d'un ailier de métier depuis les trois coups de la saison, secteur sinistré où Azzedine Ounahi, Emran Soglo et Amine Harit avant lui se sont dépatouillés, l'ex de la Sampdoria, présenté comme le parfait pendant d'Ismaïla Sarr par son président, n'a pas encore rendu ses lettres d'or à la fonction. Personne ne lui en voudra si tôt, d'autant plus qu'il n'a plus régulièrement endossé ce costume depuis la saison 2017-18, au Séville FC. "C'est une position qui me convient bien, dans laquelle je peux exprimer mes qualités. Je n'y ai plus joué depuis un moment, mais je peux démontrer mon potentiel et aider mes coéquipiers, assurait le principal intéressé lors de sa présentation. J'aime bien aussi jouer comme deuxième attaquant. En fait, je me sens bien un peu partout en attaque."
Comme rattrapé par ses anciennes amours italiennes, Joaquin Correa n'a jamais tenu un rôle de pur excentré face aux Nantais. Alternant séquences où il repiquait depuis la ligne de touche, et permutations avec Pierre-Emerick Aubameyang ou Vitinha, afin de combiner dans la forêt de jambes dressée devant le but des Canaris, l'Argentin (29 ans) partait sur des bases alléchantes. Il aurait pu s'offrir un premier geste décisif si son partenaire portugais avait converti son offrande (3). Encore bien luné, il servait de relais à ce même Vitinha, échange à l'origine de l'ouverture du score olympienne (4). Tonique, il transperçait ensuite le bloc équipe nantais, au fil de ses arabesques, pour mener une contre-attaque fulgurante dont l'issue fut encore une fois heureuse pour l'OM, avec l'exclusion du jeune Bastien Meupiyou (9).
Et puis... plus rien, hormis des mauvais choix, des partenaires oubliés (17, 22), un tranchant sévèrement émoussé, des pertes de balle en pagaille et une soudaine incapacité à passer ses vis-à-vis. À chacun de ses crochets, le ballon partait... sans son pied, trop lent, lesté par la fatigue, pour donner vie à ses idées. Pour voir le vrai Correa, de la patience il faudra.
La Provence