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Bailly : «Tudor, si on le suit, on peut faire de belles choses»
Avant le déplacement à Lisbonne, pour y jouer le Sporting mercredi en Ligue des champions (21 heures), le défenseur central de l'OM Éric Bailly revisite sa carrière à travers les rencontres qui l'ont marqué, de Mauricio Pochettino, en 2011, à Igor Tudor, rencontré cet été. Après plusieurs années polluées par les blessures à Manchester United, Éric Bailly prend soin de son corps et il est le dernier à sortir de l'entraînement, ce vendredi après-midi baigné par un soleil d'été.
Serein et souriant, le défenseur central ivoirien (28 ans), arrivé à la fin du mois d'août pour un prêt d'un an, confie son plaisir de regoûter à une place de titulaire, au bout de cinq saisons difficiles : « Le plus grand bonheur, c'est de retrouver les terrains, de savoir que je vais jouer », glisse-t-il, avant de retracer sa vie et sa carrière, depuis Abidjan jusqu'à Marseille, à travers les personnes qui l'ont marqué.
Mauricio Pochettino (Espanyol Barcelone, 2011) : « Une rencontre parfaite »
« J'étais avec les jeunes du club, il entraînait l'équipe première. C'est grâce à lui que je suis monté m'entraîner avec le groupe pro. Il me connaît très, très bien. Il regardait tous les matches à domicile de l'équipe réserve et des juniors. C'est là qu'il m'a vu, il m'a pris dans le groupe pour l'entraînement. Et j'ai débuté avec lui, lors d'un match amical contre Al-Ahly (le 18 mai 2012), mon premier match avec les pros. C'est un coach qui a beaucoup d'énergie, qui veut toujours le meilleur de ses joueurs, et en tant que défenseur, pour moi, c'était une rencontre parfaite. Il m'a beaucoup conseillé sur mon poste. Je suis arrivé jeune à l'Espanyol (à 17 ans, en 2011). J'avais été repéré en Côte d'Ivoire et sélectionné pour un grand tournoi au Burkina Faso. Là, il y avait des scouts espagnols, italiens, la chance m'a souri. On m'a contacté à mon retour en Côte d'Ivoire pour me dire que je devais partir faire un essai en Espagne, trois mois à l'Espanyol Barcelone. C'était difficile parce que j'ai toujours été proche de mes parents, je vivais avec eux. Mais en Afrique, c'est différent, quand on part à l'aventure, on oublie l'âge, on oublie tout, et on pense à un avenir meilleur. »
Pau Lopez (Espanyol Barcelone, 2011) : « Un ami et un frère »
« Ah ! Pau ! (il sourit.) C'était, et c'est encore aujourd'hui, un super coéquipier sur le terrain comme en dehors. Je connais Pau, mais je connais aussi toute sa famille, ses parents, ses frères et soeurs, j'ai côtoyé tout le monde. J'ai même rencontré sa femme actuelle quand il l'a connue, à l'époque. Ce n'était pas seulement un coéquipier pour moi, c'était un ami et un frère. Il m'a permis d'avoir une famille, pour moi qui étais tout seul à Barcelone, j'ai eu la chance de les rencontrer. Il y avait Pau, il y avait aussi Joan Jordan, qui est aujourd'hui à Séville, nous étions proches tous les trois.Les débuts ont été compliqués, il fallait m'habituer à un nouveau pays. C'était une autre culture, le temps, le froid, la langue. Mais c'était quand même une superbe expérience. Mon adaptation a été facilitée par ces gens chaleureux que j'ai rencontrés. Le père de Pau est un grand supporter de l'Espanyol, on l'entendait crier et nous encourager à chaque match. »
Kolo Touré (sélection de Côte d'Ivoire, 2015) : « Un modèle »
« J'ai commencé avec lui en sélection, en 2015, une belle année où on a été champion d'Afrique. Pour moi, en tant que jeune défenseur ivoirien, il était un modèle et un exemple. Le fait de vivre une première sélection à ses côtés, c'était un rêve qui se réalisait. Hervé Renard avait envoyé son adjoint Patrice Beaumelle me superviser, lors d'un match à l'extérieur contre le Rayo Vallecano. Et puis, quelques semaines plus tard, j'étais convoqué dans la liste pour la Coupe d'Afrique. C'était une joie immense.Cette CAN est le plus beau souvenir de ma carrière : jouer pour la première fois en équipe nationale et ramener un trophée tant attendu au pays, c'était quelque chose de grand. Au-delà de Kolo Touré, l'autre modèle à mon poste, depuis toujours, c'est Sergio Ramos. J'aime sa mentalité, sa constance, son côté leader. Pour moi, un défenseur central doit avoir du leadership. »
José Mourinho (Manchester United, 2016) : « Vraiment spécial »
« Le premier contact, c'était au téléphone. J'étais à Abidjan quand il m'a appelé, je vois un numéro portugais, je ne sais pas trop, je décroche, et j'entends : "Allô, c'est José Mourinho." Là, je n'avais pas de mots (rires). On a parlé un peu, il savait qu'il y avait des intérêts de plusieurs clubs en Angleterre, et pour lui la meilleure façon de me convaincre était de m'appeler personnellement. Il m'a dit qu'il me suivait depuis des années, qu'il m'avait vu grandir à l'Espanyol puis à Villarreal.Les deux premières saisons à Manchester ont été les meilleures, ce sont de bons souvenirs. Ensuite, il y a eu l'accumulation des blessures, et moins de temps de jeu. Mourinho est quelqu'un de très exigeant, qui a beaucoup de caractère. On l'appelle le Spécial et il est vraiment spécial. Il m'a apporté beaucoup dans ma progression. »
Zlatan Ibrahimovic (Manchester United, 2016) : « Avec lui, il faut être à fond »
« Zlatan est très exigeant, on le voit encore aujourd'hui où il est toujours dans un grand club, à 41 ans. C'est un exemple à suivre pour tout footballeur. Ce que j'ai retenu de lui, c'est l'exigence. C'est quelqu'un qui exige en permanence, partout et tout le temps. Avec lui, à l'entraînement, il faut être toujours concentré, il faut être à fond. C'est un caractère vraiment très fort.Par moments, quand tu es fatigué, tu te dis qu'il est un peu chiant, et c'est normal. Mais à la fin, quand tu t'assois, tu te dis aussi que c'est quelque chose qui va t'apporter, que tu ne fais pas tout cela pour rien. Avec les années, avec l'expérience, je me rends compte combien il a été important. »
Paul Pogba (Manchester United, 2016) : « Pour lui, tout est positif »
« D'abord, c'est vraiment un très grand joueur. Il l'a montré et montré encore, c'est l'un des meilleurs milieux au monde. Aujourd'hui, il est dans une situation compliquée, mais je sais qu'il récupère bien et il va vite revenir. Ensuite, il y a la personne, quelqu'un qui a toujours une énergie positive. Il met de l'ambiance, il y a toujours quelque chose de bon quand tu le vois, avec son grand sourire. Je parle très souvent avec lui, il a un mental énorme encore aujourd'hui.Le fait de l'avoir à Manchester, cela m'a aidé dans les périodes plus difficiles, pour la manière dont il prend les choses : pour lui, tout est positif. Même si tu es dans un moment un peu compliqué, tu le vois et il a toujours les mots pour te dire : "Allez, ça va passer, ce n'est rien." Dans la vie, il y a des situations tellement plus compliquées que celles que l'on vit nous, joueurs de football. Quand tu prends ce recul, tu te dis : il a raison, je ne vais pas me prendre la tête pour ce qui m'arrive, surtout quand tu sais que ça va finir par passer. Paul a été vraiment précieux. »
Alexis Sanchez (Manchester United, 2018) : « Sa rage, ça te motive »
« Alexis est un passionné, il a la grinta, l'énergie qu'il donne aux personnes autour de lui. C'est ce qu'il démontre encore ici à l'OM. Lui aussi a eu des moments difficiles à Manchester. Ça me fait plaisir de le retrouver ici. Sur le terrain, quand tu le vois, ça te donne envie d'aller à fond, sa manière de presser, sa grinta, sa rage, quand tu es derrière ça te motive. J'ai connu beaucoup de grands joueurs à Manchester. Mais si je dois parler de tous ceux qui m'ont impressionné, on ne va jamais finir cette interview (rires). Il y avait des talents incroyables, chez les anciens comme chez les jeunes. Quelqu'un comme Marcus Rashford m'a vraiment épaté. Anthony Martial aussi. »
Igor Tudor (Marseille, 2022) : « Il y croit fort, on doit le suivre »
« Le coach est quelqu'un qui a une idée très précise, et qu'il faut suivre. Il a un caractère vraiment dur, ce qui est important. Il a l'expérience aussi, et si on est tous concentrés sur ce qu'il nous demande, si on le suit, on pourra faire de belles choses. Il a ses idées en place et quand tu les suis, quand tu y crois, tu as les résultats qui arrivent.Le marquage individuel tout terrain, pour un défenseur central ? Ce n'est pas facile, il faut s'adapter (rires). Ce n'est pas évident de tout le temps suivre, de courir, ce sont des kilomètres à faire, des sprints. Mais quand tu sais ce que le coach veut et que tu es concentré dessus, au fil du temps tu t'habitues. Avec Tudor, c'est marquage individuel sur ton gars partout où il part, donc c'est vrai que c'est différent de ce dont on a l'habitude. Mais il a mis cela en place, il y croit fort, et on doit le suivre. »
L'Equipe