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OM; Clauss a tourné la page; Hier, le latéral droit était devant les médias pour la première fois depuis le tourbillon de l'hiver durant lequel ses dirigeants ont essayé de le pousser vers la sortie. Il assure avoir "digéré" le chapitre et est très motivé par la fin de saison.
Derrière ses fines lunettes soignées, dans un auditorium du Vélodrome bourré de journalistes marseillais, français et italiens jusqu'à la gueule aux faux airs d'auberge espagnole, il n'a pas sourcillé hier. Assis aux côtés de son entraîneur Jean-Louis Gasset, Jonathan Clauss a gardé les pieds bien campés au sol et les mains posées sur le pupitre pour revenir, quand la question lui a été posée, sur le solde des indigestes séquences de l'hiver. "J'ai digéré très simplement avec de la discussion et ça a été très bien géré de notre part avec l'OM. Voilà, une fois que la discussion a eu lieu, pour moi c'était réglé", a glissé en quelques mots le latéral droit de 31 ans. Fin janvier, l'international français, déjà une saison au compteur à l'OM, avait été pris dans un tourbillon peu commun dans le monde pourtant toujours plus surprenant du ballon rond professionnel.
Cette tempête avait commencé après sa sortie prématurée sur blessure contre Monaco (2-2), qui avait agacé un état-major qui avait alors essayé de l'exfiltrer en bout de mercato hivernal, et s'était poursuivie au gré des sorties médiatiques au lance-flammes d'un Medhi Benatia lui reprochant son comportement.
"Quand on m'enlève du terrain, c'est une partie de moi qui est déçue"
Avant la demi-finale aller contre l'Atalanta ce soir, l'ex-Lensois l'assure : la digestion est faite. Revenu à temps de sa blessure à l'ischio-jambier gauche contractée contre le Chili avec les Bleus fin mars, Clauss, buteur contre Nice la semaine dernière, monte en puissance et se projette avec appétit sur cette fin de saison gargantuesque. Cela tombe bien pour un OM toujours très amoindri avec le menu sportif de ce mois de mai de tous les défis, entre l'enjeu d'une qualification pour la finale de la Ligue Europa et un championnat à ne pas négliger jusqu'au bout pour assurer un strapontin pour l'Europe de 2024-2025. "Ce sprint final, j'étais déçu de ne pas le commencer bien avant déjà de par ma blessure. Voilà aussi pourquoi je paraissais extrêmement inquiet au départ. Je veux faire partie de l'aventure à 200 %. Quand on m'enlève du terrain, c'est une partie de moi qui est déçue forcément. C'est pourquoi j'ai mis beaucoup de choses en oeuvre pour revenir le mieux et le plus vite possible. Et pour être à 300 % avec les mecs. Malgré tout, c'est grâce à eux que je vais vivre une demi-finale de coupe d'Europe. Après le quart de finale, je leur ai dit : 'Merci à tous'. J'étais impuissant et, au final, ils ont rendu possible quelque chose que je n'imaginais pas au départ. C'est aussi simple que ça", a-t-il expliqué.
Dans une saison aux frontières du réel, où les péripéties sportives et extra-sportives se sont succédé les unes aux autres donnant à l'ensemble une lecture des plus difficiles, cette floraison européenne est une bouffée d'oxygène pour tous. "On a le sentiment d'avoir construit un réel groupe d'hommes, avec de la franchise et de l'humilité à l'intérieur du vestiaire, estime le numéro 7 olympien. On est capable de se dire les choses, on est capable de discuter entre nous. Il n'y a aucun boudeur, aucun râleur... Au-delà de ça, on a une honnêteté et une franchise envers nous-mêmes qui nous a permis d'en arriver là. C'est cette force du vestiaire qui aujourd'hui peut nous permettre de nous regarder tous droit dans les yeux et d'être fiers du parcours qu'on a fait, et d'avoir encore plus les crocs sur la suite."
Gasset : "Un grand joueur"
Enfonçons une porte ouverte : les résultats amènent la confiance et la bonne humeur. Celle-ci se ressent aux entraînements, au-delà de la joie communicative de l'entraîneur des gardiens Jon Pascua ou de la bonhomie naturelle de Ghislain Printant, l'adjoint de Jean-Louis Gasset. Hier, au milieu de ses coéquipiers, "Djoninho", 5 buts et 10 passes décisives (dont 6 en Ligue Europa) cette saison en 39 matches toutes compétitions confondues, semblait comme un poisson dans l'eau. Gasset ne veut pas livrer le "secret" de la discussion qu'il a eue avec lui pour "essayer de le remettre sur les rails". Mais le technicien n'est pas peu content de l'avoir récupéré pour les dernières semaines de son mandat de 100 jours : "Il a fallu s'adapter à la situation (sa blessure), prendre le temps de ne pas reprendre trop vite, limiter son temps de jeu comme celui des autres pour être là sur les rendez-vous qui nous reste."
Bien conscient de ce peut apporter son piston droit : "C'est un joueur de couloir qui vous donne de la profondeur, la qualité de centre, la qualité de coups de pieds arrêtés. De temps en temps, il marque un but. Tout ça, on prend. S'il est international c'est que c'est un grand joueur. Et, humainement, vous l'avez vu. Quand il parle du groupe, c'est la réalité, ils vivent bien ensemble. Il fallait juste cadrer un ou deux trucs avec eux mais dans l'état d'esprit ils ont compris qu'on devait tout donner."
La Provence