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Vérétout, taulier malgré tout; S'il ne fait toujours pas l'unanimité auprès des supporters, le milieu formé à Nantes demeure un pion essentiel du système Marcelino et un exemple écouté et respecté par ses partenaires.
Sur la pointe des pieds. Ce vendredi 5 août 2022, un international français (5 sélections) dans la force de l'âge, taulier de l'AS Roma au CV long comme le bras, signait en Provence un juteux contrat, escorté par le silence de la défiance et non une nuée de fumigènes. Son image écornée par une affaire extra-sportive en lien avec sa belle famille, il aurait pu rapidement inverser la tendance sur le pré. Le terrain, seul juge de paix. Mais la chaleur du Vélodrome n'a pas chassé la fraîcheur de son accueil. Un début d'automne poussif, malgré la confiance aveugle d'Igor Tudor à son égard, et Jordan Vérétout (30 ans) savait à quoi s'en tenir. Pour être reconnu à sa juste valeur, à défaut d'être pleinement adopté par le public marseillais, il devra en faire plus, infiniment plus que les autres.
Les mois se sont déclinés, le technicien croate s'en est allé, l'ancien Nantais a trouvé son rythme de croisière sur la Méditerranée, signant plusieurs prestations de haut vol et marquant de son fer rouge le milieu (48 matches disputés, le maximum, 5 buts et autant de passes décisives). Sous les ordres de Marcelino, le natif d'Ancenis a encore passé sa tête à chaque sortie des Olympiens. Profitant de la blessure de Geoffrey Kondogbia, il en fera de même ce soir face à son club formateur. Avant son retour à la Beaujoire, il avait été l'un des meilleurs face au "Pana", au boulevard Michelet, parmi les rares satisfactions contre Brest... tandis que chacune de ses entrées en jeu (Reims, Brest) illustre les carences de l'OM quand il s'assoit sur le banc. Un solide bilan pas encore suffisant pour ravir tous les suffrages, ni attiser la flamme d'un public qui l'aurait volontiers renvoyé à Rome, au lieu de Matteo Guendouzi. Encore moins pour convaincre, hier, Didier Deschamps de le convoquer au prochain rassemblement de l'équipe de France. Injuste ?
"Le plus technique de nos milieux"
Des partisans, Jordan Vérétout en trouvera légion le long de la ligne de touche, où l'on loue volontiers son professionnalisme. Celui-là même qui a conquis l'ensemble des coaches que le numéro 27 a croisés dans sa carrière. Et pas des moindres : Christophe Galtier, Stefano Pioli, Paulo Fonseca, José Mourinho, et le dernier en date, Igor Tudor, dont il était le "chouchou". "On n'acquiert pas cette reconnaissance par hasard... C'est un joueur très intelligent, il interprète parfaitement le jeu. Et, au niveau technique, c'est le plus fort de nos milieux de terrain", souffle-t-on sur les hauteurs de La Commanderie.
Spectateur privilégié à son poste de commentateur, chez Prime Video, Benoît Cheyrou ne tarit pas d'éloges à son sujet. "Il y a très peu de joueurs aussi complets que lui en L1, qui peuvent défendre, récupérer des ballons, orienter le jeu, donner le tempo, attaquer les espaces, finir les actions... Il pourrait s'illustrer davantage dans la finition où il excellait en Italie, nuance son prédécesseur dans l'entre-jeu provençal. Le gros enjeu de sa saison sera sa capacité à assimiler le double pivot et gérer l'infériorité numérique dans sa zone." Son de cloche identique chez son chef de file, qu'il côtoie depuis quelques semaines à peine. "Son rendement est essentiel pour notre équipe. J'attends de lui qu'il apporte de l'équilibre, qu'il participe aux transitions offensives tout en veillant à être bien positionné à la perte de balle. Même s'il peut progresser, je suis satisfait de lui, je vois son envie de répondre à nos attentes. De par son comportement, ses liens avec le reste de l'équipe, son attitude aux entraînements et en match, je n'ai que des éloges", félicite Marcelino, en dressant le portrait d'un véritable taulier.
Un statut forgé au fil d'un été mouvement où les cadres de l'ancien temps ont pris la poudre d'escampette. "Le leadership dans ce groupe est en train de changer. Ses partenaires ont une image très positive de lui. Il donne l'exemple en permanence, insiste un proche du vestiaire. Alors, quand il prend la parole, tout le monde se tait et l'écoute."
La Provence