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« Sur le terrain, on prend beaucoup de plaisir »
Jordan Veretout s’est confié sur ses débuts à l’OM, la Coupe du monde, la méthode Tudor et les prochaines échéances, dont le déplacement à Nantes ce mercredi (19 heures), où il a été formé.
Xavier Condamine Correspondant À Marseille (bouches-Du-Rhône)
Arrivé en Provence le 5 août dernier, Jordan Veretout a connu des débuts timides avant de monter en puissance et de devenir aujourd’hui titulaire indiscutable. Doté d’un gros volume de jeu, adroit techniquement et précieux tactiquement, le milieu de l’OM est un élément clé dans le système d’Igor Tudor. Pendant une demi-heure, l’international français (6 sélections) s’est confié avec spontanéité et sincérité.
Comment avez-vous vécu ce Mondial ?
JORDAN VERETOUT. Exceptionnel ! C’était une aventure incroyable, même si ça s’est, hélas, mal fini. Sur un mois et demi, il se passe des moments formidables comme les soirs de victoire, les lendemains de match où les remplaçants se mettent au diapason, les moments de détente avec les coéquipiers le soir. C’est un groupe qui a connu une belle aventure. On a rendu beaucoup de Français heureux. On aurait aimé que ça se finisse mieux, ça s’est joué aux pénaltys : forcément, ça fait mal.
Vous avez eu un rôle de remplaçant, à part contre la Tunisie, comment gère-t-on ce statut ?
Tu es en équipe de France et tu disputes une Coupe du monde au Qatar avec une génération en or : tu kiffes ! Pour être malheureux, il faut y aller (il rit). Après, on est des compétiteurs et on a envie de jouer, mais c’est comme ça. Ça a été une aventure incroyable même si j’aurais aimé soulever la coupe.
Quel bilan personnel tirez-vous de ce tournoi ?
Vivre une Coupe du monde, c’est exceptionnel. Il y a des joueurs qui ne la joueront jamais. Certains jouaient beaucoup plus que d’autres. Mais finalement, tout le monde est concerné. En tant que remplaçants, on faisait en sorte à l’entraînement que les titulaires soient prêts pour le match. On se mettait au diapason pour l’équipe. Si le coach (NDLR : le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps) avait besoin de nous, on était présents.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de vos prestations à l’OM ?
Je sors d’une présaison avec la Roma où, dans ma tête, je pense à partir. J’étais déjà en contact avec Marseille mais on ne sait jamais comment ça se déroule dans un mercato. J’arrive à Marseille pas prêt physiquement. J’atterris le vendredi, je suis dans le groupe du dimanche et je dispute vingt-cinq minutes (NDLR : contre Reims) : il faut encaisser tout ça. Dans mon cas, j’ai pris plus de temps à reprendre le rythme. Un mois avant le Mondial, je suis vraiment monté en régime et, aujourd’hui, je suis bien physiquement et bien dans ma tête. Après, dans ces moments, tu as davantage confiance en toi : je tente des choses que je n’aurais peut-être pas tentées il y a trois mois. Cela me réussit, tant mieux pour l’équipe, ça reste le plus important.
Quelle est la différence entre le Jordan Veretout de Nantes et celui de Marseille ?
À Nantes, je débute (NDLR : jusqu’en 2015), je suis jeune et insouciant. C’est ce qui fait aussi la réussite d’un joueur car tu prends du plaisir et tu ne te soucies pas de la suite. Maintenant, je suis papa de trois enfants, plus calme, plus posé, plus réfléchi et plus mûr. Physiquement, je me suis développé. J’étais tout frêle, à Nantes. Aujourd’hui, je ne suis pas non plus une bête (il sourit) mais j’ai un coffre. Je suis aussi plus intelligent dans le jeu et le placement.
Que retenez-vous de vos cinq saisons en Italie ?
Le football a évolué. On a un coach qui a entraîné en Italie, il fait beaucoup de travail vidéo. Mais en France, ça s’est développé. En Italie, trois jours avant un match, on était en salle à analyser l’équipe adverse. Je l’avais toujours fait mais c’était vraiment accentué, là-bas. Aujourd’hui, il y a de la vidéo dans tous les clubs. En arrivant en Italie, j’étais surpris de voir les équipes ressortir de l’arrière. On faisait des entraînements sur ce thème. J’ai beaucoup progressé là-dessus.
Cela vous a aidé pour vous adapter à la méthode Tudor ?
Je le connaissais déjà car je l’avais affronté lorsqu’il entraînait l’Hellas Vérone. Quand on jouait cette équipe, Paulo Fonseca (NDLR : ex-coach de la Roma) changeait notre manière de jouer car le jeu d’Igor était différent. Son équipe pressait beaucoup, était adepte du marquage individuel et se projetait vers l’avant tout en gardant cet équilibre. Elle produisait du beau football et embêtait de nombreuses formations. Je m’attendais à ça en arrivant ici.
Quelle plus-value vous a-t-il apportée ?
Tu sens que c’est rigoureux. Il demande de la réflexion, du marquage individuel, de ne pas lâcher. Le mental est très important pour lui. Il rentre dans notre tête en nous disant : Le joueur adverse ne doit pas te passer. Tactiquement, il est bon. Il nous booste, il est rigoureux et aime la perfection. Il fait en sorte qu’on s’en approche le plus possible. Cela se ressent sur le terrain : on prend beaucoup de plaisir.
Comment vous situez-vous, à cet instant, dans votre carrière ?
Ça m’a fait du bien de revenir en France dans un club comme l’OM. Ce club m’a fait découvrir la Ligue des champions. J’ai 29 ans, je suis très bien physiquement, j’ai fait de belles années en Italie mais je suis dans un moment où je suis heureux et libéré.
Que pouvez-vous apporter à ce groupe sur la gestion de ce genre de matchs, face au PSG, qui vous attend dans une semaine ?
On a une équipe de joueurs expérimentés. La meilleure façon de le préparer sera de rester dans notre dynamique. C’est dans quinze jours, il y aura trois rencontres entre-temps (NDLR : Monaco, joué samedi dernier, Nantes et Nice). L’objectif est d’arriver à ce match avec beaucoup de confiance. On sera chez nous mais c’est encore loin. Si on commence déjà à y penser, on va se tromper dans les autres matchs et on sera dans le dur.
Quel(s) objectif(s) vous fixez-vous à l’OM ?
J’ai des objectifs personnels que je garde pour moi. Après, collectivement, ramener un trophée à Marseille serait exceptionnel. Les supporteurs le méritent autant que nous. Ce serait une belle chose. Personnellement, je veux continuer sur ma lancée, marquer et faire marquer des buts, toujours donner du plaisir.
Le Parisien