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«Peu importe si j’étais un 2e ou 3e choix» : Vérétout, quatre mois pour un première en Coupe du monde
Avant son départ au Qatar, le milieu de terrain marseillais, titulaire contre la Tunisie, avait revisité ses 4 derniers mois où il est passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel émotionnel avant de toucher au but.
« Le 18 décembre (jour de la finale), j’espère bien être toujours à Doha ». Jordan Vérétout, 29 ans, le milieu de terrain de Marseille, ne se drape pas derrière un discours convenu. Il affiche sa foi en son équipe. En novembre 2021, puis en septembre 2022, il avait dû sa place dans la liste de Didier Deschamps à des défections de dernière minute. Le 9 novembre dernier, son nom figurait bien parmi les 25 alors énoncés par le sélectionneur. Il était récompensé pour ses dernières semaines abouties avec le club phocéen, rejoint à l’été 2022 après un quinquennat en Italie. « Si j’étais resté sur le même rythme qu’en début de saison, je ne suis pas sûr que j’aurais été appelé, observe-t-il. J’ai su reprendre confiance en moi, aller vers l’avant ».
Le 30 novembre il a pu véritablement exaucer son rêve d’enfant en étant titularisé face à la Tunisie (pour la 2e fois en 6 sélections). Au final, il a été remplacé après 63 minutes sans avoir laissé de trace dans cette rencontre, où il n’a jamais pesé. Quinze jours plus tôt, à la veille du départ des Bleus au Qatar, il s’était posé à Clairefontaine pour revisiter des derniers mois parfois paradoxaux.
Août, un été en pente douce
« Dans ma tête, mon choix de carrière était clair. Après cinq années en Italie (à Florence, puis à l’AS Roma), j’aspirais à revenir en France. Il s’agissait d’un objectif partagé avec ma famille. Je discutais, déjà, depuis un petit moment avec les dirigeants phocéens. J’adhérais à leur projet. Quand l’OM, un des meilleurs clubs dans l’Hexagone, se présente, ça ne se refuse pas. J’ai rejoint Marseille pour prendre du plaisir, vivre ma passion au quotidien dans une ville où le football est roi. »
« Mon transfert est officialisé le 5 août. 48 heures plus tard, je débute en L 1 face à Reims. Le délai était assez court et j’ai eu logiquement quelques difficultés durant les premières semaines à trouver le bon rythme. Quand on change d’environnement assez tard, il n’est jamais simple de prendre immédiatement ses marques. En termes de préparation, notamment, j’accusais un petit déficit. J’ai mis les bouchées doubles et j’ai avancé. »
Septembre, un retour en sélection inattendu
« Je n’avais plus été convoqué depuis novembre 2021. En mars comme en juin, j’ai pu ressentir de la déception de ne pas être retenu, mais ça s’expliquait facilement. C’était lié à une période un peu plus compliquée avec l’AS Roma. À la fin de l’hiver, puis au début du printemps, notamment, je n’ai plus été titulaire pendant 5 ou 6 matchs de championnat. J’avais donc peu de chances d’être rappelé en équipe de France. Je me suis accroché. Je ne suis pas d’une nature à baisser les bras. Je misais sur mes performances avec Marseille pour rattraper le bon wagon. Au final, ça a payé même si je n’ai pas joué lors du rassemblement de septembre (il avait suppléé Boubacar Kamara, forfait, lequel avait déjà remplacé Adrien Rabiot).
J’ai montré de l’application lors des différentes séances et je me suis dit que je devais tout donner pour revenir la prochaine fois. Peu importe, si j’étais alors un 2e ou un 3e choix. Représenter son pays, peu importe avec quel statut, c’est le Graal. Il n’y a rien au-dessus. J’ai voulu interpréter ces quelques jours en sélection comme un signal encourageant. »
Octobre, des courbes qui se croisent
« Au sortir de cette séquence internationale, j’ai réintégré mon club gonflé à bloc, bien décidé à tout donner jusqu’à l’annonce de la liste quelques semaines plus tard pour forcer la porte. Je connais mes qualités. Je ne les avais pas égarées. Je n’ai jamais eu de pensées négatives. Je positivais. Pour autant, j’étais lucide sur mes deux premiers mois à Marseille. Je ne me voilais pas la face. Ce n’était pas vraiment moi sur le terrain. J’étais clairement en dedans. Attention, tout n’était pas à jeter. J’ai toujours réalisé des matchs corrects avec l’OM. Mais pour aller en équipe de France, ça ne suffit pas. »
« Un peu comme un diesel, je suis monté progressivement en régime. Paradoxalement, mon regain de forme a coïncidé avec un passage à vide du club en L 1 (3 défaites et 1 nul). On manquait de justesse. On accomplissait beaucoup de bonnes choses mais de petites fautes nous pénalisaient. À titre personnel, en revanche, j’ai donc haussé mon niveau de jeu. Je m’inscrivais sur une bonne dynamique et j’ai su l’entretenir. »
Novembre, l’ascenseur émotionnel
« La désillusion en Ligue des champions face à Tottenham, avec ce scénario cruel où on perd tout en quelques minutes en fin de match, m’a marqué. J’aurais tant aimé une autre fin. Je n’ai pas trop dormi dans la nuit qui a suivi la rencontre, mais j’ai vite relevé la tête. Le foot est ainsi fait. Avec ses hauts et ses bas. On avait un rendez-vous important face à Lyon. On n’avait pas le droit à l’erreur. On a su se remettre à l’endroit (succès 1-0). »
« Et trois jours plus tard, j’ai sans doute vécu le moment le plus fort de ma carrière d’un point de vue émotionnel, avec ma sélection pour la Coupe du monde. Je n’avais pas d’indice sur les intentions du sélectionneur. Je suivais un peu les réseaux sociaux, même si ce n’est pas trop mon habitude. Je suis appelé, en grande partie, grâce à mes performances du dernier mois. Je suis dans l’une de mes meilleures périodes. Si on m’avait dit ça début octobre, je ne l’aurais pas cru. Disputer cette compétition avec les Bleus est une grande fierté. Je ne peux rêver plus grand. J’ai 29 ans, mais je le répète souvent il n’y a pas d’âge pour représenter son pays. »
Le Parisien