Information
Veretout s'est fait à son nouveau costume
Priorité absolue de Longoria et Tudor cet été, Jordan Veretout, milieu défensif de l'OM, s'impose sans faire de bruit, dans un rôle différent de celui qui était le sien à l'AS Rome.
Alors que les états d'âme de Gerson ont été mis sur la place publique par son père, lundi dans nos colonnes, un autre milieu est en train d'émerger à l'OM, doucement, sans faire de bruit. Il faut dire que Jordan Veretout, qui va enchaîner sa cinquième titularisation en Ligue des champions, mercredi à Francfort (21h00), n'a aucune raison de se plaindre de sa situation.
Arrivé cet été pour une somme comprise entre 10 et 12 M€, ce qui en fait le transfert marseillais le plus cher du dernier mercato (hors options d'achat automatiques de l'année précédente), l'ancien joueur de l'AS Rome bénéficie de la confiance absolue de son entraîneur et de ses dirigeants. Quand Igor Tudor a signé à l'OM début juillet, Pablo Longoria, observateur assidu du Championnat italien, s'est jeté sur ce dossier, persuadé que le Romain, qui a signé trois ans, avait le profil idéal pour le style de jeu physique et direct prôné par le Croate.
Le président du club marseillais a mis le paquet, en indemnité de mutation et en salaire (environ 2,9 M€ net annuels), pour rapatrier l'international français (29 ans, 5 sélections) d'Italie, où son temps de jeu avait décliné en deuxième partie de saison dernière. De retour en France, cinq ans après son prêt à Saint-Étienne, Veretout est revenu avec un autre statut, celui de milieu aguerri de Serie A et d'international qui vise la Coupe du monde au Qatar. Ceux qui s'attendaient à voir d'emblée le joueur décisif et très porté sur l'attaque qui s'était épanoui à Rome (directement impliqué sur 30 buts sur ses deux dernières saisons) ont pu être un peu déçus par son début de saison. Mais dans un rôle très différent, moins visible, beaucoup plus défensif, il apporte un équilibre non négligeable à l'équipe de Tudor. En Italie, il avait beaucoup plus de liberté et il savait en profiter pour soigner ses stats, car le joueur formé à Nantes n'est pas maladroit avec le ballon. À Marseille, où il évolue beaucoup plus loin du but adverse, son coach, avec lequel la communication en italien est très fluide, lui demande des choses bien différentes : couvrir les montées des pistons, marquer individuellement son adversaire direct, ressortir vite les ballons vers l'avant et sur les côtés, tirer les coups de pied arrêtés.
Tudor assure « que le meilleur est à venir »
Veretout s'exécute en bon soldat, même s'il aimerait parfois retrouver un peu la lumière et le chemin du but, comme il l'a concédé la semaine dernière en conférence de presse : « C'est un jeu différent de ce que j'ai connu en Italie. Je dois prendre mes responsabilités, c'est sûr, mais on a des consignes du coach aussi. Je suis capable de mieux, mais pour un début de saison, c'est plutôt bien. Ce n'est pas le même style de jeu, mais je m'adapte. Après cinq ans sans jouer en France, c'est pas mal, je pense. Je ne suis pas un milieu qui va marquer tous les week-ends, mais je sais que je peux apporter plus devant. » Contre Lens samedi, malgré la défaite (0-1), il a été un des meilleurs Marseillais, par son impact physique et sa justesse dans les transmissions. Et surtout, on l'a enfin vu dans la surface adverse, comme sur cette reprise acrobatique après un centre de Jonathan Clauss. Sur le coup, Veretout s'en est voulu de ne pas l'avoir cadrée, mais le geste n'était pas si évident à réaliser. S'il a moins hésité à se projeter vers l'avant contre les Lensois, c'est aussi car il savait qu'il avait le coffre pour revenir défendre, comme le lui demande Tudor. Après une préparation estivale pas idéale avec l'AS Rome et perturbée par des petits soucis à un genou, le milieu se sent de mieux en mieux physiquement. Une montée en puissance qui fait dire à Tudor, déjà satisfait des performances de son joueur, « que le meilleur est à venir et qu'il va encore mieux performer ». En Allemagne, avec une qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions à aller chercher, c'est un soir idéal pour lui donner raison.
L'Equipe