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OM; Isaak Touré en salle d'attente; En l'absence de Samuel Gigot, suspendu, et avec le probable forfait d'Éric Bailly, blessé à Paris, l'ancien Havrais pourrait avoir son mot à dire en défense samedi au stade Vélodrome face au RC Lens
Igor Tudor va encore devoir remanier sa défense samedi soir face au RC Lens. Confrontré à la suspension de Samuel Gigot, expulsé sévèrement dimanche contre le PSG et sanctionné hier soir de deux matches par la commission de discipline de la LFP, le technicien croate doit surtout faire face au probable forfait d'Éric Bailly. Sorti avant la mi-temps en raison d'une douleur à la cuisse droite (au niveau des ischios), la même qui lui avait fait manquer trois matches en septembre, l'international ivoirien devrait être forfait, selon toutes vraisemblances, pour la venue des Sang et Or.
Hier midi, à La Commanderie, l'ancien défenseur de Manchester United n'a en tout cas pas pris part à la reprise de l'entraînement, après deux jours de repos. Sead Kolasinac, en revanche, faisait bien partie de la délégation olympienne. Sur le flanc pendant trois semaines, le Bosnien, touché à la cuisse, postule en théorie pour être le troisième défenseur aux côtés de Leonardo Balerdi et Chancel Mbemba. Mais derrière l'ex-élément d'Arsenal, un autre profil émerge : celui d'Isaak Traoré.
Réduit à la portion congrue depuis sa signature à Marseille, cet été en provenance du Havre, l'escogriffe n'est apparu qu'à trois reprises avec le maillot de l'OM. Des bouts de matches (38 minutes au total) qui ne lui ont pas permis d'espérer plus alors qu'il avait été largement utilisé durant la préparation estivale. Mais depuis le début de la compétition, le joueur qui culmine à 2,04m n'entre pas dans les plans du coach de l'OM.
En attendant, il ronge son frein. "Est-il patient ? Oui et non, estime Olivier Rodriguez, ex-préparateur physique du HAC. C'est un garçon intelligent, il sait que tout ne peut pas arriver tout de suite. Il est très ambitieux, très motivé, très déterminé. Il m'a toujours dit qu'il voulait jouer dans un grand club, découvrir la Ligue des champions. Il n'a pas perdu l'idée de faire sa place à l'OM. Ça m'étonnerait qu'il lâche le morceau. C'est une étape dans sa carrière. À lui de faire bouger les lignes. Parfois, il veut tellement bien faire qu'il en fait trop. Mais je crois toujours en son potentiel."
Présenté comme un grand espoir, le défenseur, capitaine de l'équipe de France U19 l'an dernier, n'a pas encore eu le temps de s'affirmer à Marseille. C'est pourtant un club qu'il voulait rejoindre à tout prix. Rodriguez en est témoin : "Je discutais souvent avec lui, il me disait que des clubs allemands, anglais ou français s'intéressaient à lui. Un jour, je lui ai demandé : 'Cite-moi juste un club.' Il m'a dit : ' Je veux aller à l'OM. Si je reste en France, ce sera uniquement pour aller à l'OM. Et même si j'ai une grosse opportunité à l'étranger, je préférerai l'OM.' Après sa signature, il m'a appelé pour me rappeler notre échange", rembobine l'ancien membre du staff havrais.
Si Tudor ne le fait pas jouer davantage, il doit avoir ses raisons. Ancien défenseur international, passé par la Juventus, le coach olympien connaît le poste et ses exigences. "C'est un bon joueur, il a l'avenir devant lui. Je compte sur lui, le club aussi. Il est très jeune, il vient de Ligue 2, il lui faut un temps d'adaptation et c'est normal", déminait le natif de Split, il y a un mois. "Avec Isaak, Paul Le Guen a fait comme il faisait avec les jeunes du centre de formation : il a testé ceux qui paraissaient les plus prometteurs, rappelle Rodriguez. Isaak en faisait partie. La première impression a été très favorable. Physiquement parlant, il est hors normes, mais il a aussi mis tout le monde d'accord sur son potentiel footballistique. Il a donc intégré le groupe à petites doses. Il avait un trop plein de fougue à canaliser, il a appris à bien doser. On a renforcé ses points forts, comme sa vitesse lancée qui est impressionnante et on a insisté sur les progrès qu'il devait faire, au niveau de l'endurance (il a dû apprendre à digérer les séances, il faisait du fractionné en marge des séances) et du gainage."
Il faut dire que ses entrées en jeu n'ont pas eu de quoi rassurer son entraîneur. Il donne même l'impression de devoir encore appréhender son gabarit. "Les gens hors normes comme lui mettent du temps à dompter leur corps, il leur faut plus de temps que les autres pour l'apprivoiser, dit Olivier Rodriguez. À un moment, il s'était blessé à la cheville. Il a donc passé beaucoup de temps avec moi. On a travaillé avec des ballons en mousse et on a beaucoup axé sur le haut de son corps. Au départ, il n'était pas très fan de mes séances. On travaillait beaucoup, il n'avait qu'un jour de repos par semaine. "Ce n'est pas possible, je n'y arriverai pas !", disait-il. Mentalement, il a eu du mal à comprendre ces charges de travail. Mais il est intelligent, il a compris que c'était un mal nécessaire."
La Provence