Information
Sa carrière a fait beaucoup parler. Et jaser, même si Cédric Bakambu n'a connu que quatre clubs avant son arrivée à l'OM. Mais certains choix ont pu étonner, voire détoner, à l'image de son départ pour Bursaspor et la Turquie dans des conditions rocambolesques (on aura l'occasion d'y revenir), ou son exil en Chine motivé par des raisons salariales (18 millions d'euros par an) et qui l'érige toujours en joueur africain le plus cher de l'histoire (72 M€). Mais c'est à Sochaux que l'aventure a vraiment démarré pour le natif d'Ivry.
"toujours à fond" à Sochaux
Après avoir navigué de Vitry à Ivry, dans le Val-de-Marne, au sud-est de Paris, Cédric Bakambu quitte la banlieue pour rejoindre le centre de formation de Sochaux. Il évolue alors en U15 et a l'avenir devant lui, dans un environnement qu'il découvre, loin des siens. "Il avait toujours le sourire, l'envie de jouer et de s'entraîner, rembobine Jean-Sébastien Merieux, qui l'a dirigé deux ans chez les Lionceaux, en U19. Il avait déjà ses qualités d'explosivité, de générosité dans les appels. Il faisait des différences individuelles, créait des décalages et avait une vraie présence devant le but même s'il ne marquait pas toujours."
Il vivra son apogée à l'occasion de l'épopée sochalienne en coupe Gambardella, en 2010. "On a perdu la finale, mais on sait de quel côté était le meilleur joueur", dira de lui Bernard Genghini, alors dirigeant du FCSM. "Il avait éclaboussé le match de son talent, convient Merieux. Il est respectueux et poli, ce qui ne l'empêche pas d'être cash ni de dire les choses dans le vestiaire. En plus d'être notre leader technique, il était capable de secouer ses partenaires." Bakambu grimpe vite les échelons jusqu'au groupe pro. Il découvre la Ligue 1 quelques semaines après la finale de Gambardella, au cours d'un match contre Arles-Avignon. Francis Gillot lui offre ses premières minutes. "J'ai gardé l'image d'un mec qui bossait, qui mettait beaucoup d'énergie et d'envie dans tout ce qu'il faisait, indique l'entraîneur. Il n'était pas fainéant, faisait tout à fond, avait envie d'y arriver. À l'époque, il devait encore beaucoup travailler devant le but.Pour un entraîneur, c'est une mine d'or."
Son successeur sur le banc franc-comtois lui maintiendra sa confiance. Même si, en interne, certains émettent des réserves sur le joueur. "Tout le monde n'était pas d'accord sur son niveau, avoue Mecha Bazdarevic, en quête d'un nouveau challenge. Il était joyeux, souriant, disponible et travailleur. Il méritait qu'on fasse attention à lui et n'hésitait pas à montrer son caractère.Il a continué à progresser après mon départ."
à la sauce de Bursaspor
Quatre ans après ses débuts en L1, son départ de son club formateur prend forme, avec la relégation du FCSM à l'échelon inférieur. L'histoire de son transfert se révèle cocasse. Un jour, Bakambu, pressé de s'en aller par ses dirigeants, reçoit un message en turc sur son portable. Évidemment, il ne pipe mot dans cette langue et demande au patron d'un kebab sochalien, un certain Gökhan Yildiz, de jouer les traducteurs. Ce dernier lui explique que Bursaspor veut s'attacher ses services. Le transfert se bouclera rapidement pour 1,8 M€. Bakambu fera des étincelles dans son nouveau club, inscrivant 21 buts en 40 matches.
"une plus-value" pour Villarreal
Ses performances marquantes en Turquie ravivent l'intérêt de Villarreal. Les Espagnols le suivent depuis ses années sochaliennes et ses sélections en équipe de France, avec les U20 et les U19, avec qui il devient champion d'Europe aux côtés d'Antoine Griezmann, notamment. Ils sont alors en quête d'un attaquant rapide, capable de prendre les espaces. "Cédric cochait toutes les cases", pose Antonio Salamanca, alors recruteur pour le club ibérique. "Je l'ai contacté pour lui présenter le projet et expliquer que les conditions de travail seraient bonnes, poursuit Salamanca. Il a beaucoup écouté, pris le temps de la réflexion car ce n'est pas un foufou. Puis il a avancé."
Et dit oui pour une opération estimée à 7 M€ (plus bonus).
"Malgré ses buts à Bursa, Cédric avait des choses à améliorer dans la finition, reprend le scout. C'est un bon mec, attachant, bosseur, et pas un joueur à histoire, il ne cherche pas la polémique. Distant au premier abord, il devient très ouvert quand il a suffisamment confiance, et a beaucoup d'humour. Il a laissé un très bon souvenir à Villarreal qui a réalisé un super coup sportivement, Cédric étant une vraie plus-value, et économiquement."
à Beijing Guon,
"il a amélioré
ses partenaires"
Son transfert retentissant vers la Chine fait couler beaucoup d'encre. Bakambu l'a toujours assumé. "Il y est allé pour l'argent et ne l'a jamais caché", pose Jean-Sébastien Merieux. Ce qui ne l'a pas empêché d'empiler les buts. "Partout où il est passé, il a marqué. Cette régularité prouve sa valeurdans un championnat qui n'est pas mauvais, décrypte Gillot. À Shanghai, j'ai eu sous mes ordres Demba Ba et Tim Cahill. Le premier s'entraînait dur sinon il ne marquait pas ; le second a attendu six mois pour mettre son premier but ! J'ai été étonné qu'il parte là-bas bas aussi jeune et qu'il y reste aussi longtemps. Moi, je voulais revenir au bout de six mois !"
La fin de l'aventure n'aura rien d'idyllique, Slaven Bilic ne faisant plus appel à lui. L'entraîneur croate garde tout de même l'image d'"un bon professionnel avec un état d'esprit positif, un joueur très intelligent qui utilise ses forces à bon escient, nous explique-t-il. Ses qualités ont amélioré ses partenaires."
"tout ce qu'il faut pour réussir à l'OM"
Fera-t-il de même à l'OM ? Difficile à prédire après cinq mois sans jouer et après quatre saisons en Chine. Sans doute aura-t-il besoin d'une préparation en dépit de l'entraînement personnel qu'il a suivi ces dernières semaines. "Ses qualités devraient lui permettre de retrouver le rythme d'un grand championnat dans un laps de temps relativement court", imagine Bilic. "S'il a une lacune dans la préparation physique, il va bosser pour la gommer, devine Salamanca. Il va faire le nécessaire pour être à la hauteur. Il peut beaucoup apporter sur le terrain et dans le vestiaire."
Mecha Bazdarevic et Francis Gillot baignent dans l'optimisme. "Il ne se pose pas trop de questions, il est toujours à fond. Avec son expérience, il est capable de s'imposer et de faire de très belles choses avec l'OM", estime le Bosnien. Gillot va plus loin et ne pose aucune réserve. "C'est un bon coup, il a tout ce qu'il faut pour réussir à l'OM. Et il va réussir."
La Provence