Information
L'HOMME DU MATCH; Kolasinac, on l'appelle l'ovni; Encore buteur, l'étonnant Bosnien est aussi centreur décisif sur la réalisation d'Alexis Sanchez
La Provence
Sébastien Aumage
15 janvier 2023
587 mots
Français
LAPROV
20
Copyright 2023 La Provence All Rights Reserved
La soirée du 1er novembre dernier, joute perdue au buzzer contre Tottenham, restera dans le panthéon des pires désillusions européennes des temps modernes. Deux antihéros avaient alors été tout trouvés par les supporters en sortant les yeux, les cordes vocales et les fesses rougis du Vélodrome : Igor Tudor (lire en pages précédentes) et Sead Kolasinac. Le premier avait été au coeur d'un invraisemblable couac de communication et n'avait pas prévenu ses hommes de la qualification provisoire de l'OM en Ligue Europa, à 1-1 face aux Anglais. Le second, balle de huitièmes de finale sur le crâne, avait propulsé sa tête à côté du but d'Hugo Lloris.
Depuis, le club olympien a enchaîné sept victoires, a battu le record de points en phase aller de Ligue 1 au XXIe siècle, autrefois détenu par les disciples de Marcelo Bielsa, tandis que "Kola", et c'est pas des lol, est devenu le meilleur réalisateur marseillais sur cette période, lui qui n'avait quasiment jamais été dangereux (offensivement en tout cas) sous le maillot blanc.
Il est même désormais le troisième meilleur scoreur de l'OM en Ligue 1, derrière Alexis Sanchez et Nuno Tavares, qu'il remplace brillamment au poste de piston gauche. Hier, il a parachevé son oeuvre entamée à Monaco le 13 novembre (douze jours après l'échec face aux Spurs), avec le but de la victoire au bout du temps additionnel, poursuivie contre Toulouse le 29 décembre après un festival technique.
Les Marseillais, menés et impuissants face à l'organisation mi-sérieuse mi-frileuse des Lorientais, s'en sont remis une nouvelle fois au Bosnien, à la retombée d'un centre parfait de Cengiz Ünder (38). Comme au stade Louis-II, il a bénéficié du concours du gardien adverse : après Alexander Nübel, c'était Vito Mannone qui réalisait une sortie indigente, et l'ancien Gunner en profitait pour relancer les siens. Ce ne fut pas son seul écot à la belle victoire des Provençaux.
Dès la 6e minute, il faillit déjà être décisif, avec un centre parfait vers l'autre piston Ünder, dont la tête était repoussée par le portier italien. Et alors que tout restait à faire, un nouveau coup de patte du "Tank" allait forcer la décision et le verrou morbihannais. À la 53e minute, un énième service de Kolasinac était à peine prolongé par Samuel Gigot jusqu'à Sanchez, qui libérait le Vélodrome (2-1). Le natif de Karlsruhe, qui possède également la nationalité allemande, pouvait sortir avec le sentiment du devoir accompli sous l'ovation d'un Vélodrome (66) qui le maudissait il y a à peine deux mois et demi.
Désormais apprécié par l'exigeant public marseillais, cité en exemple par les dirigeants qui louent son état d'esprit alors qu'il est en fin de contrat en juin, Kolasinac est dans la zone, et pour lui, dorénavant, tous les jours c'est samedi soir. Ce que consentait son entraîneur ("Sead a très très bien commencé la deuxième partie de saison, il évolue à un très haut niveau") et son capitaine Valentin Rongier : "C'est vraiment un soldat, un bon mec, il mérite".
Après six premiers mois difficiles sous les ordres de Jorge Sampaoli et le fiasco contre Tottenham, "Kola" s'est enfin mis en mode ovni, pour le plus grand plaisir de tous les habitants de la planète Mars'.
La Provence