Information
PORTRAIT; "La fierté de notre quartier"; En signant à l'OM, l'Avignonnais réalise son rêve, mais aussi celui de sa famille et de ses proches
Mercredi sur les hauteurs de La Commanderie, Samuel Gigot fera ses premiers pas sous ses nouvelles couleurs pour la reprise de l'entraînement. Celles de son "club de coeur", l'Olympique de Marseille. Pur produit provençal, l'Avignonnais de 28 ans a été recruté fin janvier par Pablo Longoria, puis prêté dans la foulée au Spartak Moscou, où il évoluait depuis 2018. Aujourd'hui, "Mum", son surnom de toujours, ouvre un nouveau chapitre de sa carrière professionnelle au sein du plus fada des clubs français.
De quoi faire la fierté de sa famille, à l'image de Tony, le grand frère rugbyman (lire ci-dessous), et de ses proches. "On n'était pas dans la confidence. On voyait les rumeurs. Jusqu'au dernier moment, il ne nous a rien dit. Il nous a annoncé la nouvelle le jour J. Quand on l'a su, c'était fou. Personne n'y croyait !, retrace Philippe Anchisi, un des membres de la bande de la Placette, du nom du quartier, en plein centre-ville de la Cité des papes entre les rues des Infirmières et du Rempart Saint-Lazare, où ce groupe d'amis a grandi. C'est une vraie ascension. Il commence à la maison avec Arles-Avignon, il part en Belgique, à Courtrai, un petit club, puis à Gand, plus huppé, avant d'atterrir dans un grand club de Russie. Ce choix du Spartak, c'était déjà beau pour nous. Mais là, à Marseille, c'est le Graal ! Mum, c'est un crack. Et c'est la fierté de notre quartier", savoure-t-il.
Proche de Samuel depuis qu'ils ont fait équipe à Arles-Avignon, en L2, Gaël Givet, lui, était "au courant". "J'ai eu la chance de jouer à l'OM, il n'a pas hésité à me poser des questions, à me demander des conseils. Il a pris sa décision par la suite. Un mec du sud qui rejoint ce grand club, c'est exceptionnel, pour lui, pour sa famille, pour ses proches. C'est une très bonne nouvelle pour lui, mais je pense surtout que c'est une très bonne chose pour l'OM. En plus de recruter un super joueur, le club récupère un super mec", certifie l'Arlésien. L'ancien Monégasque est d'ailleurs intarissable au sujet du néo-Marseillais. "Il a commencé avec moi. Quand je suis arrivé à l'ACAA, on m'a dit : "Tu verras, il y a un jeune, il est un peu fou-fou, mais c'est un super joueur". J'étais en fin de carrière, mais on a tout de suite accroché et on s'est lié d'amitié. Sa fougue, son énergie et sa simplicité m'ont marqué. Il avait 19 ans, il était toujours souriant. Dans le vestiaire, il était apprécié par tout le monde. Et sur le terrain, c'était un tueur, aussi bien physiquement que techniquement. Dès le départ, je me suis un peu reconnu en lui, c'est sans doute aussi pour cela que je me suis rapproché de lui, que je lui ai donné des conseils par rapport à mon expérience. Il était demandeur. Quand il a commencé à jouer, c'était difficile de le sortir, il faisait de très bons matches et il m'a impressionné."
Défenseur central robuste, "un golgoth qui n'a peur de rien" dixit Givet, Samuel Gigot a franchi les paliers un à un, sans passer par la case centre de formation ni jouer en Ligue 1. "C'est un parcours atypique, reconnaît l'ex-Olympien, mais je n'ai jamais douté qu'il puisse faire carrière dans le football. Il sort de nulle part, mais c'était logique qu'il évolue comme cela étant donné ses qualités, son état d'esprit et sa personnalité. Je ne suis vraiment pas surpris de le voir arriver à ce niveau. Je pense même qu'il peut aller encore au-dessus, ou qu'il aurait pu signer dans un grand club étranger. Les supporters marseillais vont apprendre à le découvrir. Il a l'état d'esprit parfait pour la ville, le club et les supporters. C'est un guerrier, il donne tout. Il a toujours été apprécié partout où il est passé, que ce soit par ses entraîneurs, par ses coéquipiers et par les supporters. Quand tu fais l'unanimité, ça veut dire beaucoup."
Ex-partenaire à Courtrai, Xavier Mercier ne dit pas autre chose. "À l'époque, c'était déjà un roc sur le terrain. Il met beaucoup d'engagement, d'agressivité. Et balle au pied, il est intéressant. Il sait jouer au football, c'est un défenseur complet. Je n'ai pas été étonné de le voir signer à l'OM. Avec son caractère et son sang chaud, je suis sûr que les supporters marseillais vont l'apprécier. Pour lui, un gamin de la région, c'est un rêve de jouer à Marseille. Il donnera tout pour ce club et ce maillot. Je suis très content pour lui, apprécie le milieu offensif, qui vient de signer à Ferencvaros, en Hongrie. C'est un sudiste, il aime rigoler. Il est très chambreur. Tout le monde l'aimait dans le vestiaire. Il y avait beaucoup d'étrangers dans l'effectif et même s'il ne parlait pas très bien anglais, il était apprécié par tout le monde. Quand on dit son nom, tout le monde rigole, mais c'est un boute-en-train, il ne se prend pas la tête, il est nature peinture. Et quand il faut bosser, il est toujours là. Dans un groupe, c'est un mec en or. À La Gantoise, il jouait avec certains de mes potes et ils tenaient le même discours."
Tout découle de son éducation. À ce titre, Jean-Louis et Caroline, ses parents, ont veillé au grain avec leurs trois enfants, dont Erika, l'aînée de la fratrie. Une famille soudée. "Caro, c'est ma tata. Erika, une de mes meilleures amies. Quand Tony est né, je partais déjà en vacances avec leurs parents, rembobine Philippe. Mum, je l'ai vu naître, je le connais depuis toujours. Je le voyais courir derrière son frère et ma soeur, ils étaient tout le temps ensemble. Il jouait de longue au foot avec tous les minots du quartier. Ce n'est pas celui qui faisait le plus de bruit, mais niveau foot, il était tranquille. Son papa l'amenait tout le temps aux entraînements, comme il le faisait avec tous ses enfants. Il n'y avait pas un week-end où il ne bougeait pas avec eux. Et il prenait tous les minots du quartier. On montait dans sa 404 et en avant !, se marre-t-il.
"Mum est très famille. Il est super proche de sa mère et de son père, de son frère et de sa soeur. C'est quelqu'un de généreux, tout le temps dans le partage. Il est fidèle en amitié. On a fait plein de barbecues quand il est revenu de Russie, il a assisté au mariage de mon frère, Florian. Il sait faire la part des choses. Il est équilibré. C'est une famille avec la tête sur les épaules. Tony a explosé avant Samuel et il est resté lui aussi super proche de nous. On l'a suivi partout, à Perpignan, en Angleterre, en Espagne, au Nou Camp de Barcelone. Dans la bande, toutes générations confondues, on est une trentaine (rires) ! C'est une grande famille. Dans ce quartier, qui était celui des Italiens, il y avait des gens de toutes origines et les Gigot nous ont tous accueillis à bras ouverts. Les deux frères sont les ambassadeurs de la Placette."
Déjà abonnés pour la plupart à l'OM, ils ne devraient pas manquer beaucoup de matches cette saison. De quoi lui mettre la pression ? "L'envie de trop vouloir bien faire pour satisfaire son entourage, ses amis, ça peut être compliqué. Mais je connais sa famille, ce sont des gens simples, et son cercle d'amis est toujours le même depuis son enfance. Ce ne sera pas un problème, assure Gaël Givet. Après, il était en Russie et quand il était critiqué ou qu'il faisait un mauvais match, ses parents et ses proches s'en rendaient peut-être moins compte. Là, si un jour ça se passe moins bien, ce sera plus compliqué à gérer. C'est le seul revers de la médaille selon moi, au niveau médiatique et environnement. Mais il y a quand même beaucoup plus de bons côtés car ce qu'il va vivre dans cette ambiance, dans le club de son coeur, proche de ses amis, de sa famille, de son fils, c'est fantastique."
Son fils, un point essentiel dans son retour en France. Philippe prolonge : "Se rapprocher de Naël était une priorité. Il est tout pour lui. Et c'est un super papa. Quand ils sont ensemble, ils sont collés. Il lui est arrivé de faire un aller-retour en 24h pour le voir. Là, ça va changer du tout au tout." "Il fait d'une pierre, deux coups : il vient dans son club de coeur et il va pouvoir profiter de son fils. C'est top pour lui", abonde Givet. Qui conclut : "J'ai la chance, l'honneur et le privilège d'avoir pu jouer à ses côtés, même si c'était à ses débuts. On se voit toujours. Je suis très fier d'avoir un ami comme lui. Je lui souhaite le meilleur".
La Provence