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Harit, de bon cœur
Le Marocain revit depuis le déplacement à Brest, le 13 mars, et recommence à montrer l’étendue de ses compétences, dans une période cruciale. DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT
MATHIEU GRéGOIRE MARSEILLE – Absent la majeure partie de l’hiver, le petit point clignote à nouveau sur les radars, maillot bleu foncé qui zigzague sur le fond vert des pelouses. À Saint-Étienne, dimanche (4-2), comme à Brest, le 13 mars (4-1), Amine Harit a régalé ses coéquipiers avec des prestations couronnées par un but. « De la confiance, du temps de jeu, des jambes de feu, il a tout pour s’épanouir dans le cadre offensif prôné par Sampaoli », confie Medhi Benatia, à propos de son « petit frère » en sélection marocaine. Aujourd’hui retraité, l’ex-défenseur du Bayern poursuit : « Amine est un affectif. Conforté, il prend des risques dans le jeu. Avec sa capacité d’accélération, sa faculté à éliminer plusieurs joueurs sur une touche de balle et son altruisme, il peut jouer un rôle important pour l’OM dans la quête d’une place en Ligue de champions. À part Dimitri Payet, l’homme fort de Marseille, il n’a pour moi rien à envier aux autres éléments offensifs. »
Ancien guide des Lions de l’Atlas, aujourd’hui sélectionneur de l’Arabie saoudite, Hervé Renard raconte son plaisir de voir Harit renaître : « J’aime lui envoyer un message après une belle performance, comme celle de Saint-Étienne. Je l’adore, je le considère comme un fils et, pourtant, il en a fait des conneries avec moi ! Mais il est attachant, pas méchant, il faut juste bien réussir à le prendre. À partir du moment où il sent votre soutien, il est capable du meilleur. »
À Marseille, le temple de l’immédiateté, Jorge Sampaoli n’est pas là pour tisser des liens avec Harit ou les autres, mais pour imposer une méthode. Basculé d’un poste à un autre, parfois brutalement sorti des papiers du coach sans la moindre explication, l’ancien Nantais (24 ans) a dû grandir vite, sans tendresse, notamment début 2022.
Apprécié dans le vestiaire
« Fin novembre à Istanbul (à l’occasion de la défaite 4-2 contre Galatasaray), ou en janvier, je l’ai trouvé très déçu, très touché, explique Benatia. Il avait disparu de l’équipe, ça ne me semblait pas mérité. Je l’interrogeais : “Qu’est-ce que tu as fait ? Le coach ne t’aime pas ? Tu fais ce qu’il faut à l’entraînement ?” Il n’y avait pas vraiment de raisons, en fait. Mais une alternative : soit finir la saison en roue libre, soit attendre son heure en bossant. Amine m’a dit : “Je vais leur montrer.” » Et il n’a pas décroché, accompagné par un groupe olympien qui l’apprécie, prouvant sa valeur séance après séance, au point d’être félicité par le staff technique courant février.
Plus mature, plus équilibré, le jeune papa a réintégré la constellation olympienne. Pas question de s’arrêter là, martèle Hervé Renard, qui se tâte à venir pour OM-Montpellier, dimanche : « Sa polyvalence, sa faculté à répéter les efforts sont des atouts. Maintenant, il faut répondre dans la durée à l’exigence marseillaise, à un très bon niveau. » Les sept dernières semaines de compétition lui appartiennent.
L'Equipe