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PORTRAIT; L'homme de Rosario; Lourdement impliqué dans les incidents durant Nice-OM, le préparateur physique de Sampaoli risque gros lors de la commission de discipline, ce soir. Deux témoins de ses débuts professionnels racontent
Au bout du fil, de l'autre côté de l'Atlantique, nos témoins tombent des nues. "Pablo Fernandez, impliqué dans une bagarre avec des supporters adverses, vraiment ?" Les images des incidents lors de Nice-OM sont certes indiscutables, mais sont aussi à des années-lumière de la description faite par Jorge Solari, son ancien mentor à Rosario (Club Renato Cesarini), Yokohama et en sélection saoudienne, et David Bisconti, son ex-joueur au Japon, deux personnes côtoyées il y a plus de 25 ans. "Ce n'est pas le genre à aller se battre, il est tranquille, moi-même je suis plus impulsif que lui !", jure El Indio Solari, figure du football argentin et oncle de Santiago, l'ancien joueur et entraîneur du Real Madrid. Bisconti, 11 sélections avec l'Albiceleste, ne dit pas autre chose : "On a partagé uniquement de bons moments ensemble, il n'y a jamais eu la moindre embrouille avec lui.
Peu importe ce qu'il s'est passé à Nice, ça n'enlève rien au fait que c'est une bonne personne et que je garde le meilleur souvenir de lui."
Ce qu'il s'est passé à l'Allianz Riviera est une première à ce niveau de violence, même si Pablo Fernandez (50 ans) avait été suspendu deux fois en Liga (2016 et 2017) pour contestation et pour un début d'altercation avec un joueur adverse, et avait pris deux cartons rouges durant son passage à l'Atlético Mineiro (Brésil). Il avait aussi, selon So Foot, mis un coup de pression front contre front à Valère Germain, à l'entraînement la saison dernière, parce que l'ancien marseillais avait soufflé après une consigne. Rien de méchant comparé au crochet qui a assommé le supporter niçois qui venait d'attaquer son joueur Luan Peres. Un tampon qui pourrait lui coûter cher, alors qu'il est déjà interdit de toutes fonctions officielles à titre conservatoire par la LFP.
Son ami de 27 ans Jorge Sampaoli l'a, à ce propos, défendu quatre jours après les faits : "Il a témoigné, lui-même sait probablement qu'il a mal agi mais, moi, je peux assurer que c'est une excellente personne. On sait qu'il y a une sanction supposée contre lui alors qu'il est allé sur le terrain pour que ça n'escalade pas." Loin du talentueux boxeur amateur entrevu sur la Côte d'Azur, Pablo Fernandez a dans son pays l'image d'un profe (le surnom des préparateurs physiques en Argentine) accompli, discret et taiseux.
"Il ne parlait jamais, sauf quand on lui posait des questions !"
Jorge Solari, 79 ans, s'en amuse : "Il était très jeune quand je l'ai rencontré, mais était très bien éduqué. Il faisait profil bas, fuyait les journalistes et les photos. Il ne parlait jamais, sauf quand on lui posait des questions ! On le charriait sur ce point, tout le monde l'adore à Rosario." D'ailleurs, peu d'informations circulent à son sujet sur internet. Pas de page Wikipedia, presque aucun article sur lui avant la bouillabaisse niçoise du 22 août dernier... Sur le site Transfermarkt, qui référence les carrières des joueurs, des coaches et des adjoints, il fait ses débuts dans le foot en 2012, comme adjoint de l'ex-Olympien Eduardo Berizzo à O'Higgins (Chili). Fernandez est pourtant dans le circuit depuis bien plus longtemps, travaillant avec Solari dès le début des années 90 donc, puis avec l'ex-Monégasque Ramon Diaz (River Plate, Club América, San Lorenzo, Oxford United) et Sampaoli dans le monde amateur (Alumni de Casilda, Belgrano de Arequito, Aprendices Casildenses et Argentino de Rosario, selon So Foot, qui a retracé son parcours tortueux). Il devient, au fil des années, un préparateur physique réputé. "C'est un profe spectaculaire, avant-gardiste, un crack, estime El Indio Solari. Il était sérieux, autoritaire et respectait les joueurs." C'est réciproque, à en croire l'un de ses anciens élèves à O'Higgins cité par le journal chilien El Ciudadano : "Pablo est l'une de ces personnes que l'on est reconnaissant d'avoir rencontrées dans sa vie. C'était un professeur qui, lorsque j'ai commencé à travailler avec lui, m'a fait comprendre que tout ce que j'avais fait auparavant était inutile. J'avais l'impression de commencer à m'entraîner. C'est un type qui vous pousse à bout, avec un caractère et une puissance humaine bouleversants".
David Bisconti le confirme : "Il innovait, était en avance sur son temps et avait beaucoup de caractère, ainsi qu'une grande discipline dans son travail. C'est un excellent professionnel qui réalise une grande carrière et a côtoyé les meilleurs entraîneurs argentins. C'était son grand défi, son rêve, et il a été exaucé." À cause de son dérapage à Nice, le rêve s'est transformé en cauchemar. La commission de discipline de la Ligue décidera ce soir de la durée de celui-ci.
La Provence