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La « Boutobba dépendance » ?
Buteur mardi soir à Rodez (1-1), Bilal Boutobba est la clé de voûte offensive des Chamois niortais, dix-huitièmes de Ligue 2. Mais dépendent-ils trop de son rendement ?
Antépénultièmes de Ligue 2 à deux points du premier non relégable à un match de la mi-saison après leur nul à Rodez (1-1), mardi 10 janvier, les Chamois niortais ne sont pas réellement en bonne posture. Mais qu’en serait-il si Bilal Boutobba, deuxième meilleur buteur du championnat avec huit réalisations (plus deux passes décisives), n’avait pas un tel rendement ? Ou s’il avait cédé aux sirènes de la Ligue 1, comme ce fut très près d’être le cas lors du dernier mercato ?
Nous n’avons pas de boule de cristal. En revanche, ce qui est sûr, c’est que la « Boutobba dépendance » des Niortais, perceptible dans le jeu, n’est pas le fruit d’une divination. Cette saison, lorsque le Franco-Algérien de 24 ans a marqué, les Deux-Sévriens n’ont perdu qu’une seule fois (lors du match si particulier contre Bastia, 1-4), et ont pris 14 points sur 21 possibles. À l’inverse, en l’absence de but du Marseillais, le total de points engrangés tombe à 3… sur 33 possibles.
Deux penalties manqués sur six tentés
Pour les adversaires, la clé est donc simple : museler Boutobba, c’est annihiler Niort. Mais ce n’est pas une mince affaire. Il est bon, donc ce n’est pas facile , opinait Didier Santini, l’entraîneur de Rodez. En première mi-temps, il se baladait : il jouait dans les intervalles, il était libre, il allait où il voulait… Il arrivait à se caler entre les milieux et les défenseurs, à trouver les espaces. Je les ai mis en garde à la mi-temps. À trois défenseurs centraux, l’un aurait peut-être pu aller le chercher plus haut, mais ça se joue aussi à la qualité technique.
Sur ce plan, son enchaînement roulette devant Danger, frappe instantanée, était remarquable, mais la barre transversale l’a repoussée (20e). Sa passe lobée, en se retournant, après avoir été chahuté par son vis-à-vis, aurait dû être convertie par Merdji (50e). Finalement, c’est encore à la conclusion que Boutobba s’est illustré, terminant un beau mouvement collectif du pied droit, de près (60e, 0-1).
En fin de match, alors que les Chamois éprouvaient de plus en plus de mal à contenir les assauts répétés du Rodez Aveyron football, la sortie du numéro 10 a fait perdre tout contrôle du ballon aux Niortais. Bilal avait des crampes aux deux jambes, donc il fallait éviter que ça puisse s’aggraver. C’est pour ça que je l’ai remplacé , expliquait Rui Almeida, laissant entendre qu’il ne l’aurait pas fait s’il avait eu le choix.
Dans toutes les équipes, vous pouvez demander à tous les entraîneurs, il y a un joueur qui est plus important que les autres. On peut compter sur Bilal, heureusement pour nous , apprécie l’entraîneur lusitanien. Il faut regarder tout ce qu’il fait pour l’équipe, les buts qu’il marque, mais aussi son travail défensif. Il travaille beaucoup, ce qui n’est pas tout le temps le cas pour les joueurs offensifs. Bilal a du talent, il marque, il fait la différence pour l’équipe, et c’est ce qu’on cherche. Il répond présent, il dit « je suis là », il assume sa responsabilité. C’est notamment le cas lorsqu’il faut tirer les penalties, qu’il a tous pris à son compte. Il en a manqué deux, mais en a marqué quatre.
La problématique pourrait advenir en cas d’absence (au sens propre ou au figuré) du joueur formé à l’OM. Contre Rodez, Olaitan, pourtant sur sa lancée de Granville (deux buts, une passe décisive) n’a pas apporté satisfaction à Rui Almeida, qui ne lui en tient pas rigueur : Il est très jeune, et sur ce match, il s’est un peu perdu . Mais pour le moment, Boutobba est là, et les Chamois peuvent compter sur lui.
Niort, stade René-Gaillard, le 30 décembre 2022. Pour les adversaires des Chamois niortais, neutraliser Bilal Boutobba est souvent la clé du match. CO – Christophe BERNARD
Ouest France