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RÉVEIL; Ünder, enfin solaire dans le système Tudor; L'ailier turc s'impose depuis la reprise. Au bon moment, alors que Malinovskyi a déjà signé et que l'OM cherche encore à son poste
Les statistiques disent rarement tout de l'impact d'un joueur sur une équipe. Prenez Cengiz Ünder depuis la reprise post-coupe du monde. Sur le plan des chiffres, il a seulement transformé un penalty, contre Toulouse, son premier but de la saison, ce qui est assez éloquent alors qu'il s'est régalé sous les ordres de Jorge Sampaoli (13 réalisations, 6 passes décisives). Outre son peno, il n'a pas chômé : face au TFC, il est, certes malgré lui, la menace à l'origine du contre son camp de Nicolaisen. À Montpellier, en plus de se faire ouvrir l'arcade par Souquet, il a centré vers Jordan Vérétout, dont la tête a été repoussée sur Nuno Tavares. 1-0. Puis, il a tiré un corner vers Chancel Mbemba, qu'Estève a directement envoyé dans ses filets. 2-0.
Enfin, il a trompé Jonas Omlin d'une frappe enroulée, mais elle fut miraculeusement sauvée par Chotard. Et samedi contre Hyères, lui et son vice ont provoqué un penalty qui a débloqué une situation délicate à 10 contre 11, avant de donner un caviar à Bamba Dieng, pas converti. Bref, en trois matches, il aurait pu quintupler ses stats de gestes décisifs (une seule passe en quatre mois).
Interrogé au sujet de celui qu'il a suivi de Rome à Marseille, Pau Lopez confirme ses difficultés d'août à novembre : "C'est vrai parce qu'on a changé un peu la formation par rapport à Sampaoli. Il jouait ailier droit à cette époque, un poste que l'on n'utilise plus." Le Turc a donc patienté et appris, souvent sur le banc en regardant Amine Harit et Matteo Guendouzi, à appréhender un poste de milieu offensif pas complètement axial, pas vraiment latéral, toujours derrière le 9. "Je l'aime vraiment bien dans ce rôle-là, ça lui laisse encore plus de liberté, estime Benjamin Nivet, ex-milieu offensif de l'Estac et consultant de Prime Video ce soir. Ce n'est pas un ailier collé à la ligne qui ne pense qu'à déborder, plutôt un joueur de ballon très intelligent qui a la tête levée, qui combine, qui a des qualités de dribbleur, de passeur, de frappeur, qui réussit à jouer entre les lignes et être disponible... Il y a une différence dans son utilisation mais il est très performant aussi dans le système de Tudor."
"Il a eu besoin de cette période pour s'adapter au poste voulu par l'entraîneur, tempère Lopez. Aujourd'hui, il fait tout mieux, il réalise ce que le coach lui demande. Il nous donne beaucoup de choses et j'espère qu'il va encore s'améliorer lors des prochains matches. C'est un joueur très fort et différent, on le voit à chaque entraînement. Il sera important jusqu'à la fin de saison." L'ancien technicien de l'Hellas Vérone confirme et est particulièrement prolixe au sujet de l'ex de Leicester : "Il a compris mes attentes et veut jouer, confirmer, garder son maillot de titulaire et ça se voit. J'apprécie ces choses-là !"
Il était grand temps pour Cengiz Ünder. Amine Harit gravement blessé, Gerson et Luis Suarez partis, la place était libre. Lui et Dimitri Payet, deux des joueurs les plus spectaculairement déclassés au passage de relais Sampaoli-Tudor, en ont profité. En plein mercato, il valait mieux être performant pour le petit prince de Sindirgi. L'arrivée de Ruslan Malinovskyi le coupera-t-elle dans son élan ? Cet été, leurs destinées étaient liées dans un coup à trois bandes romanesque qui n'a finalement jamais vu le jour : pour faire baisser le prix d'achat de l'Ukrainien, Pablo Longoria avait voulu inclure l'international turc (45 sélections, 15 buts) dans la transaction avec l'Atalanta. Refus catégorique de l'ailier déséquilibrant : pour lui, son histoire avec l'OM était loin d'être terminée. Gaucher comme lui, Malinovskyi sera un concurrent féroce, d'autant plus qu'un autre milieu offensif est dans le viseur. Mais après une demi-saison dans l'ombre, Ünder ne lâchera pas sa place sans se battre. Ça tombe bien, Igor Tudor est désormais un adepte de l'ancien d'Istanbul Basaksehir.
"Je suis très content de lui. Aujourd'hui, il joue à juste titre. Durant la préparation, il a eu un déclic. Le match de coupe est une démonstration : il l'a abordé comme une finale de Ligue des champions. Je lui ai dit qu'il était sur le bon chemin. En ce moment, il est important pour nous. Même s'il ne marque pas, je le vois concentré, faire les choses justes, avec un comportement parfait. Il n'y a qu'à continuer ainsi." Qu'il semble loin le temps des querelles au stage d'été et de l'humiliation d'OM-Nantes fin août, quand le Croate sortait le Turc 18 minutes après son entrée en jeu pour compenser l'exclusion de Samuel Gigot...
Reste à retrouver le rendement chiffré qui était le sien. "Par sa qualité de passe et son orientation du jeu, il fait beaucoup de décalages, constate Nivet, mais j'attends qu'il soit encore plus devant le but et à la réception des centres pour marquer." Parce que si dans le foot les statistiques ne disent pas tout, elles sont quand même importantes.
La Provence