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CENGIZ ÜNDER; "Marseille, c'est fou !"; Adopté par les supporters de l'OM, l'ailier turc (24 ans) se régale depuis son arrivée dans la cité phocéenne. Il adore les ambiances bouillantes et a hâte de défier le PAOK demain en Grèce. Entretien
Comment vous sentez-vous à l'approche de ce match retour qui s'annonce très chaud demain à Thessalonique ?
Nous sommes en forme, nous sommes prêts. Cette rencontre est très importante pour nous. Elle doit nous amener en demi-finale. Notre objectif, c'est d'aller en finale. Nous allons tout faire pour, je me sens bien. Les matches se succèdent ces derniers temps, j'ai parfois mal aux jambes, mais physiquement, je suis d'attaque.
Avez-vous des regrets par rapport au score du match aller (2-1) qui ne reflète pas votre excellente première période ?
Effectivement, notre première mi-temps avait été très bonne, nous avions marqué deux buts très vite. Ça a été différent en seconde période, bien qu'on ait quand même pas mal d'occasions. On en a raté beaucoup. Mais j'ai confiance. Nous faisons de bons matches à l'extérieur. Notre équipe y joue parfois mieux. Nous n'avons pas d'inquiétude de ce point de vue là. Je pense qu'on va s'en sortir.
Ce soir-là, la rencontre avait été émaillée d'incidents entre les supporters marseillais et grecs. Comment les avez-vous vécus ?
Je ne veux pas trop m'exprimer sur cela. Quand nous étions à l'échauffement, j'ai constaté que c'était assez tendu entre les deux kops. Nous avons des supporters extrêmement chauds. Ceux du PAOK le sont aussi. C'est dommage qu'il y ait des incidents comme ça. Dans le football, on en voit assez souvent malheureusement. Je regrette que nos supporters ne soient pas présents pour ce match retour (ils sont interdits de déplacement par les autorités grecques, ndlr). Ils ont quand même un rôle important dans nos résultats, ils nous poussent. On se sent mieux quand ils sont là.
En Turquie, l'ambiance dans les stades est souvent volcanique. Est-ce que vous vous attendez à la même chose sur le terrain du PAOK ?
Les Grecs sont aussi de fervents supporters de leur équipe, notamment ceux du PAOK, d'après ce que j'ai vu dans des vidéos. Ils font partie des plus chauds, des plus fous entre guillemets, de leur pays. On parle souvent des supporters turcs. C'est en Turquie que j'ai vécu les ambiances les plus folles. Mais je peux vous dire qu'à Marseille, je retrouve ça.
Avez-vous le souvenir d'un match où le climat était bouillant durant votre carrière ? Ou est-ce à Marseille, aujourd'hui, que vous voyez le plus cette ferveur ?
Je suis passé par la Roma. Mais ce n'est quand même pas comme à l'OM. Ici, c'est l'ambiance la plus forte que j'ai connue. Il y a cette ferveur aussi à Besiktas, en Turquie, mais à Marseille, je ressens cette chaleur dès que j'entre sur le terrain. Elle nous pousse à aller au-delà de notre envie de jouer au football.
Vous aimez ça ?
(Il sourit) J'adore ! Je me sens même mieux dans cette ambiance. À 18 ans, quand j'étais à Basaksehir, j'ai joué contre Besiktas. C'était la première fois que je sentais cette ferveur. Pendant 90 minutes, je n'avais absolument pas entendu ce que mes partenaires me disaient. Il y avait une telle ambiance... Je la ressens ici. Marseille, c'est fou ! Ça me stimule. Je ne peux pas m'en passer.
Sur un plan plus personnel, comment jugez-vous votre saison à l'OM ?
Je pense que je suis en train de réaliser la plus belle saison de ma carrière footballistique. J'espère que ça va continuer. J'ai l'impression que mes performances s'améliorent match après match. J'ai envie de marquer et de délivrer de bonnes passes à mes partenaires à chaque rencontre. Je suis très content.
Qu'avez-vous éprouvé lorsque vous avez vu le tifo des South Winners à votre effigie au mois de janvier ?
(Ravi) C'est l'un des événements les plus marquants et les plus exceptionnels que j'ai vécus. Voir ce drapeau turc à Marseille, mon nom... C'était une émotion particulière de voir ce qui avait été réalisé. J'en ai eu des frissons. Il y a eu beaucoup de commentaires dans la presse turque. J'ai reçu énormément de messages. J'étais très fier pour mon pays, pour moi. J'espère qu'il y aura d'autres occasions. En voyant ça, je me sens redevable : je dois continuer à être performant.
Quels autres moments avez-vous plus appréciés depuis l'été dernier ?
Je ne peux pas retrouver une émotion comme celle que je viens d'évoquer mais dans tous les cas, je me sens tellement bien ici que ça se ressent à travers mes performances. Si aujourd'hui je joue, je marque des buts, je fais des bonnes passes et je m'entends bien avec mes partenaires, c'est que l'ambiance est bonne. Depuis que je suis là, je n'ai vécu que des bonnes choses. Je n'ai pas connu de moment difficile.
Que vous apporte Jorge Sampaoli, au niveau collectif, mais aussi à titre individuel ?
Il a une énergie folle. Il nous la transmet et nous entraîne avec lui. Il a confiance en moi, me stimule et me pousse. Si je suis performant, c'est aussi en partie lié à l'entraîneur, ce qu'il m'inculque. On le ressent à travers l'équipe, l'ambiance est très bonne entre les joueurs. Il sait mener un groupe.
Vos statistiques sont excellentes. Parfois, on vous reproche néanmoins un excès d'individualisme sur certaines actions. Comprenez-vous cette critique ?
(Catégorique) Je refuse. Je suis même persuadé que ceux qui me font ce reproche ne connaissent pas le football. Je suis quelqu'un qui donne beaucoup de passes à ses partenaires. C'est de la foutaise (rire ironique). Je m'en fiche, ce n'est pas vrai. J'essaye de participer au jeu et de donner de bonnes passes. Je ne peux pas accepter ce type de remarque...
Dans quel domaine avez-vous le sentiment de vous être amélioré depuis que vous êtes à l'OM ?
J'ai progressé, je reçois beaucoup plus de ballons. J'arrive davantage à me retrouver en un contre un, je m'exprime mieux. Je me sens beaucoup plus impliqué dans le jeu offensif de l'équipe, je participe pleinement aux matches, du début à la fin. Il n'y a pas de moment où je peux me sentir isolé. Je suis dans l'action.
Vous prenez aussi davantage de responsabilités. Face à Montpellier (2-0), vous avez même frappé le penalty. Comment cela a-t-il été décidé ?
En principe, c'est Payet qui tire. Puis Milik quand il est là. Ils savent que j'aime beaucoup ça. Dimanche, j'ai pris le ballon, je l'ai fait spontanément.
Que devez-vous encore corriger dans votre jeu ?
(Il réfléchit) Tout le monde a des faiblesses et peut encore s'améliorer. Je ne sais pas... Je devrais peut-être travailler un peu plus mon jeu de tête. Ou venir aider davantage la défense, mais on a une équipe qui joue plutôt l'attaque. Quand je suis sur mon aile, je pense que je m'en sors bien.
Humainement, comment avez-vous trouvé votre place au milieu de cet effectif où la langue pratiquée est souvent l'espagnol ?
Entre joueurs, on parle aussi en anglais, en italien. On arrive à s'entendre. Nous sommes une équipe jeune. Je m'y sens bien. Il n'y a pas de problème de communication. Je suis pleinement intégré.
Pablo Longoria a joué un rôle majeur dans votre signature à l'OM. Quel président est-il avec vous ?
Il a été extrêmement important dans ma venue à Marseille. Il a bien fait puisque je me sens très bien ici. C'est un passionné qui a beaucoup d'énergie, un gagneur. Il est proche de nous. Lorsque nous sommes en sélection nationale et que nos performances ne sont pas toujours très bonnes, il nous envoie des messages pour nous dire : "Ne t'en fais pas, reste comme tu es". Il est très présent, il communique beaucoup. Je suis très content.
Au sein de l'effectif olympien, un joueur crève encore l'écran cette saison : Dimitri Payet. Avez-vous déjà joué avec quelqu'un d'aussi fort ?
C'est un grand joueur qui, par sa présence et son implication à son âge (35 ans), est un exemple. Durant ma carrière, j'ai évolué avec des joueurs de talent, j'en ai trois en tête : Daniele De Rossi, Edin Dzeko (à la Roma) et Jamie Vardy (à Leicester). Mais Dimitri Payet est peut-être le plus talentueux. C'est un battant, on voit qu'il aime encore jouer au ballon. Je suis très chanceux d'évoluer avec lui. La présence d'un tel élément nous motive.
Dimanche, un autre match très attendu a lieu au Parc des Princes, avec le Clasico. Quelle importance revêt cette affiche ?
C'est le match phare du championnat français. On affronte une équipe qui a beaucoup de joueurs talentueux. Mais notre objectif, c'est de ramener des points. Nous sommes en forme, nous ne sommes pas complexés. Nous irons là-bas pour jouer et garder la 2e place.
La Provence