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William Saliba (OM) : « Je veux profiter un max »
William Saliba, le défenseur prêté par Arsenal, a pris une autre dimension à l'OM. Pas certain de rester la saison prochaine, le néo-international veut savourer chaque instant.
Souvent brillant avec l'OM, William Saliba a connu une parenthèse internationale enchantée et ses deux premières sélections avec les Bleus contre la Côte d'Ivoire (2-1) et l'Afrique du Sud (5-0). Après avoir côtoyé Kylian Mbappé qu'il connaît depuis Bondy - « son père m'a coaché, j'allais chez lui quand j'étais petit et on était dans la même école primaire » -, le défenseur central a retrouvé Marseille, serein. À 21 ans, sur le terrain ou en dehors, il fait preuve d'une maturité étonnante, y compris pour évacuer le sujet Alvaro : « On l'appréciait tous, c'est une bonne personne. Après, ce sont des choses entre le club et lui. » Le joueur, prêté sans option d'achat par Arsenal, où il est sous contrat jusqu'en 2024, a été plus prolixe sur les autres sujets, jeudi à la Commanderie.
« Vous sentez-vous plus fort en revenant dans la peau d'un international à l'OM ?
C'est sûr que t'as plus de confiance quand tu reviens de sélection et que ça s'est bien passé. Surtout que je ne m'attendais pas à avoir autant de temps de jeu. C'était très bien déjà d'être appelé. Le coach (Didier Deschamps) m'a dit qu'il ne me promettait rien. Mais il m'a fait confiance.
Aviez-vous la boule au ventre en entrant, à Marseille, contre la Côte d'Ivoire ?
Oui, quand c'est ton premier match en A, tu n'as pas envie de te louper. Je remplace Varane dans l'axe à trois. Dans cette position, c'est toi qui dois guider la défense, qui doit tout voir, c'est toi le patron. Donc ce sont beaucoup de responsabilités. C'est beaucoup d'émotion aussi. Le public m'a bien aidé mais il fallait jouer simple.
Le public marseillais vous faisait une ovation à chaque ballon touché. Ça motive ou ça déstabilise ?
Oui, ça criait même sur une passe à un mètre (sourire). Ça galvanise mais il ne faut pas s'enflammer non plus et partir dans des folies. Il fallait que je reste concentré.
En club, Jorge Sampaoli vous encourage à prendre des risques, en revanche.
C'est sa marque de fabrique. Il n'aime pas qu'on dégage pour rien. Il veut repartir de derrière, qu'on sorte le plus rapidement possible et qu'on ne revienne pas en arrière. Il me demande aussi de monter balle au pied ou de presser haut quand on attaque.
Il vous a essayé aussi latéral droit (à Nice en Coupe de France, 1-4, le 9 février)...
À Nice, je me suis trouvé nul. Un bon joueur doit savoir s'adapter. J'ai déjà joué comme ça en plus.
Vous en voulez-vous quand vous vous trouvez nul ?
Oui, pendant deux semaines, tu cogites, tu dors mal, tu refais le match. Quand t'es moins bien, tu dois être moyen, pas nul comme ça.
Aviez-vous mal dormi après le match à Lyon aussi, où Moussa Dembélé vous dribble pour aller marquer le but vainqueur (1-2, 1er février) ?
Ah oui ! J'ai passé encore deux semaines à refaire le match. À Lyon, je faisais une grosse rencontre jusqu'à la dernière action. Et quand il y a un but à cause de toi, ça ruine le reste. Un jeune comme moi doit apprendre de ses erreurs.
Et Sampaoli, il en dit quoi ?
Des fois, il se met à côté de moi et il compte sur ses doigts : "Toi, tu m'as coûté cinq matches cette saison !" Il le dit en plaisantant mais quand c'est l'heure de travailler, il ne rigole plus. Je dois progresser dans la concentration. Des fois, je vais faire un truc bête, d'un coup comme ça, comme un enfant. Je dois rester concentré à chaque duel, méchant dans le bon sens du terme. Ne pas croire aussi que je suis numéro 10. Bien relancer, c'est bien, mais je suis défenseur avant tout. Je ne dois pas tenter des trucs improbables.
Votre autre axe de progression majeur, est-ce le jeu de tête ?
Je suis d'accord, surtout offensivement. Je suis grand, un peu costaud, il faut que je me bouge. Je n'ai marqué qu'une fois de la tête dans ma carrière, contre Lyon (lors de la victoire 3-2 de Nice, en mai). Je dois être plus agressif, avoir plus la niaque. Mais il y aura un but avant la fin de saison. J'ai envie de marquer ici au Vélodrome, pour voir...
Comment l'OM a-t-il relevé la tête après un mois de février compliqué ?
Le coach a insisté avec ses principes, il a changé quelques compos aussi. Amine (Harit) jouait moins par exemple et nous a fait gagner le match à Brest (4-1, 13 mars). Tout le monde est concerné, donc c'est positif. On est deuxièmes mais il ne faut pas s'endormir. On peut vite se retrouver quatrièmes ou cinquièmes. À nous de jouer les derniers matches comme des finales. Et il y a la Coupe d'Europe aussi, on veut aller au bout. J'espère que je partirai avec le sourire en vacances.
Finir en Ligue des champions pourrait-il conditionner le fait de rester ici une saison de plus ?
C'est sûr que ça serait mieux avec une qualification en Ligue des champions. Et si je pars sans avoir qualifié le club en C1, ce serait une saison inaboutie, je serais déçu.
Avez-vous des nouvelles des dirigeants d'Arsenal ?
Ils sont souvent en contact avec mon agent (Djibril Niang). Ils m'envoient des messages. Ils regardent mes matches. Ils me disent qu'il faut continuer comme ça. Je n'ai pas beaucoup joué avec les Gunners. Le coach (Mikel Arteta) a fait ses choix, c'est la vie. Je suis parti en prêt, j'enchaîne les matches et, grâce à mes performances, je suis devenu international. Ce qui m'est arrivé m'a forgé un mental plus dur. Ce n'est parce que tu as coûté 30 M€ que tu joues. Je le prends positivement. Même s'il y a des moments où tu te poses des questions. Pendant six mois, je voyais que j'étais le seul du groupe à ne pas jouer, ça faisait mal.
Vous voyez-vous revenir à Londres dans la peau d'un remplaçant ?
(Il hésite longuement.) C'est sûr que je ne peux pas me contenter d'être sur le banc d'Arsenal et être content. Je veux jouer titulaire. Après, si j'entre dans la rotation en tant que remplaçant, ce n'est pas comme rester avec les moins de 23 ans et n'être jamais dans le groupe.
L'OM veut vous garder. Voulez-vous rester ?
Ce club et ce public sont magnifiques donc je veux profiter un max d'ici la fin de saison, comme si je n'allais plus revenir. Il reste deux mois, je veux savourer chaque moment, à domicile notamment. Après on verra. Si je reviens, ce sera avec grand, grand plaisir. »