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Foot - L1 - OM; Saliba peut faire encore mieux
Déjà impressionnant à seulement 20 ans, le défenseur central marseillais William Saliba, moins rayonnant ces dernières semaines, a encore une belle marge de progression. À force de le voir si régulier et si serein sous la pression, on avait un peu oublié que William Saliba n'a que 20 ans, l'âge où l'on peut encore progresser partout. Lui part d'un niveau élevé, et il lui a suffi de quelques semaines pour s'imposer comme le patron de la défense de l'OM. Ce n'est pas un hasard : soucieux de son hygiène de vie, très positif et à l'écoute au quotidien, il a la mentalité pour aller encore plus haut. Pour lui, l'hiver n'a pourtant pas été aussi facile que l'automne, alors que l'équipe tout entière a perdu de sa solidité défensive. Le duel : « Il est dans l'anticipation » Puisqu'il est élancé, rapide et élégant, Saliba rappelle parfois le Raphaël Varane des débuts.
Avec quelques qualités en commun, donc, et aussi l'impression, parfois, de manquer de méchanceté dans le duel, là où d'autres défenseurs n'hésitent pas à aller au tampon. « Il a le gabarit pour mettre plus d'impact et d'agressivité, mais il défend debout, il est dans le placement et l'anticipation, le défend Sylvain Ripoll, qui le retrouvera en mars avec les Espoirs. Il envoie sur les premiers appuis, ce qui lui permet de couper les courses en passant l'épaule, le bras ou le pied intelligemment, sans mettre des brins n'importe comment. » Le risque est de tomber sur un attaquant très rapide lui aussi.
« Il a une grande confiance en sa vitesse, alors quand le joueur décroche il n'y va pas toujours, constate Jean-Louis Gasset, qui l'a lancé avec les pros en septembre 2018. Il se dit : si tu te retournes, je gagnerai. Il doit progresser là-dessus. » Intelligent dans ses déplacements, il souffre davantage quand il doit défendre vite dans les derniers mètres : « Il est plus embêté avec des joueurs en reprise d'appuis, quand il doit se retourner dans les 16,50 m, juge Razik Nedder, l'un de ses formateurs chez les Verts. Cela viendra avec l'expérience. Il a déjà fait de gros progrès, il ne se jette plus pour intervenir trop tôt, il est patient. » lire aussi William Saliba, une place capitale à l'OM La relance : « Je ne veux pas qu'il perde cette audace » La tête haute et le pied sûr, Saliba est un défenseur qui veut bien jouer au ballon, même sous la pression.
Il possède une capacité à relancer très au-dessus de la moyenne, qui plaît beaucoup à Jorge Sampaoli. « Tout semble facile pour lui dans la relance, remarque Gasset. Mais il n'y a pas de ballon facile au très haut niveau, il faut qu'il soit vigilant. » C'est souvent lui qui est sollicité pour sortir, soit par la passe, soit balle au pied, dans les schémas de relance de l'OM, et il n'hésite jamais à prendre des risques. Un défaut ou une qualité ? « Ce qui nous plaisait en lui, c'était cette volonté d'être ambitieux dans l'utilisation du ballon malgré les différences athlétiques qu'il pouvait faire, raconte Razik Nedder. On lui a fait travailler la relance, on a banalisé la pression pour qu'il ne panique jamais. Contre Troyes, je l'ai trouvé très prudent dans ce secteur. Je ne veux pas qu'il perde cette audace dans les sorties de balle. C'est ce qui le démarque des autres. » Sylvain Ripoll pense même qu'il peut en faire encore plus : « Il peut aller plus loin dans le jeu long et les sorties de balle. Il aime jouer court sous pression dans les petits espaces, mais je l'incite à monter et à apporter le décalage dans la passe. »
Le jeu de tête : « Très moyen par rapport à sa taille » L'axe de progression le plus évident pour le défenseur prêté par Arsenal semble le domaine aérien : Saliba mesure 1,90 m mais pèse peu dans ce secteur. Depuis le début de sa carrière, il n'a marqué qu'un seul but de la tête. « Son jeu de tête est très moyen par rapport à sa taille, notamment sur les coups de pied arrêtés offensifs, reconnaît Gasset. Il devrait mettre cinq ou six buts par an. Souvent, il fait la bonne course d'élan, il la touche mais la dévie seulement. Il n'est pas assez méchant, mais il sait qu'il doit travailler là-dessus. » Ses limites dans ce domaine s'expliquent peut-être par ses plus jeunes années, où il a grandi plus vite et plus haut que les autres : « En jeunes, il était tellement grand qu'il n'avait pas besoin de beaucoup pour gagner les duels aériens, se souvient Razik Nedder. Mais quand tu joues en pro, avec des gars de ta taille ou plus costauds que toi, le timing, le jump et l'intensité doivent être parfaits. »