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DÉFENSE; Saliba, le calme olympien; Malgré l'incertitude autour de son avenir et quelques erreurs, le défenseur de 20 ans, prêté par Arsenal, s'impose comme une pièce maîtresse de l'OM
Cette fois, il a dormi sur ses deux oreilles, avec la satisfaction du devoir bien accompli. La nuit de William Saliba, après la démonstration collective de l'OM à Lens (2-0) et une prestation personnelle de haute volée, n'a pas été perturbée par de vilains cauchemars, ni brouillée par une méchante insomnie comme après sa bévue coupable contre la Lazio (2-2), au Vélodrome, ou ces deux erreurs coup sur coup contre Lille (1-1), entre perte de balle et marquage trop lâche sur le but signé Sven Botman.
Des couacs qui suivaient des louanges et des promesses d'un avenir teinté de bleu, à plus ou moins brève échéance. Mais Saliba est vite retombé sur terre. Ces précédents vont sans doute lui servir à continuer de se construire, lui dont on oublie souvent l'âge (20 ans), à cause d'une maturité désarmante qui escorte ses pas depuis ses débuts et d'un transfert précoce à Arsenal pour 30 millions d'euros, en 2019.
Jorge Sampaoli est tombé sous le charme du colosse qui culmine à 1,92m. Il voit en lui un crack, "un futur grand du football français" et lui accorde une confiance quasi aveugle. Saliba est l'Olympien le plus utilisé cette saison, avec 2 425 minutes de jeu en 27 apparitions. Il a seulement raté le déplacement à Angers (0-0), en championnat, et la réception du Cannet-Rocheville (4-1), en coupe de France.
Il aimerait bien rester mais...
"C'est le défenseur central idéal pour le jeu prôné par Sampaoli, estime Adrian Ursea qui a entraîné le natif de Bondy à Nice, la saison dernière. Il possède une maturité incroyable qui tient à sa personnalité même s'il la montre peu en dehors des terrains. En match, il ne s'affole jamais, demeure tranquille dans toutes les situations. Il est très intelligent, sent le jeu. Malgré sa taille, il est tout sauf pataud et va très vite, on l'a vu contre Kylian Mbappé ou face à Seko Fofana. À l'OM, depuis son poste, il lance le jeu et doit donc faire un choix déterminant dès le départ."
Une responsabilité qui ne l'effraie pas et dont il s'acquitte parfaitement la majeure partie du temps. Même si le nouveau capitaine des Espoirs possède une vraie marge de progression pour voir un peu plus haut. "Il peut améliorer plusieurs points : son pied gauche, son jeu de tête, insuffisant pour un joueur de sa taille, et son jeu de jambes pour utiliser le bon pied dans ses interventions défensives, évalue encore Ursea. Au niveau de sa relance, il peut mieux faire dans ses choix et être plus efficace. L'avantage, c'est qu'il apprend de ses erreurs. Celle contre la Lazio, je suis sûr qu'il ne la referait plus s'il pouvait rejouer ce match. Arsenal ne l'a pas recruté pour rien."
Même si les Gunners, en dépit du pactole lâché pour l'arracher à Saint-Étienne, ne l'ont jamais utilisé, si ce n'est avec les U23. L'absence d'option d'achat dans son contrat de prêt à l'OM suppose qu'ils comptent toujours sur lui. Ou, du moins, qu'ils croient en lui. Ce fan de Virgil Van Dijk ignore de quoi son avenir sera fait. Ce qui ne le perturbe pas vraiment jusqu'ici. "Je ne pense pas à ce qui se passera après", aime-t-il répéter.
Lié à Arsenal jusqu'en 2023, il s'épanouit en Provence et adore l'ambiance qui règne dans le groupe olympien, où il a remporté le tournoi interne de toro à deux reprises. Il n'oublie pas, non plus, tout ce qu'il a subi à Londres. Il se verrait bien poursuivre l'aventure à l'OM, une hypothèse que seule une qualification en Ligue des champions rendrait crédible. Mais celle-ci a pris du plomb dans l'aile depuis l'interdiction probable de recrutement infligée par la FIFA dans le cadre du transfert de Pape Gueye à Watford. Retour à la case londonienne à l'issue de la saison ? Ce serait la tendance.
Même si les choses peuvent encore évoluer d'ici la fin de la saison. En attendant, Saliba ne se pose pas de questions. Et espère prolonger ses nuits calmes. Ce serait bon signe.
La Provence