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"En décembre dernier, nous avons voulu le récupérer à l'ASSE, explique l'entraîneur-adjoint des Verts Jacky Bonnevay, comme Todibo d'ailleurs, mais faute de moyens financiers, nous n'avons pas pu y avoir accès, ils sont donc allés à Nice. J'ai eu peur qu'à Arsenal, il se soit un peu perdu et surtout qu'il ait perdu son temps. C'est une bonne recrue pour l'OM, il connaît parfaitement la Ligue 1.
" Je suis déçu qu'on ne lui ait pas laissé plus de temps à Arsenal, à cause d'un quiproquo. Il a été acheté par le club anglais, mais il est resté une année de plus chez nous, en prêt. Son problème est qu'il a été recruté par Unai Emery et quand il est allé en Angleterre, c'était Mikel Arteta qui avait pris l'équipe et ne l'a pas pris autant en considération. Il n'était pas prévu. Cela l'a empêché d'enchaîner positivement à Arsenal et Arteta n'a pas eu le temps de voir le réel potentiel du joueur".
Entraîné par le père de Mbappé
C'est sous les couleurs de Montfermeil que William a été repéré, après avoir commencé à Bondy, entraîné par le père de Kylian Mbappé. Il avait douze ans, rappelle Gérard Fernandez, le recruteur qui l'a fait venir à Saint-Étienne. "Les observateurs, dans leur secteur, nous l'ont signalé, nous l'avons invité à une évaluation, en stage, chez nous, et nous avons décidé de le garder. Comme pour (Wesley) Fofana, qui n'était pas loin de chez vous. Il a fallu aussi convaincre la famille, car il y a de la concurrence, ça crée aussi un attachement avec ses proches.
"Ce qui est difficile à déceler chez les jeunes, ce sont les qualités mentales du haut niveau. Dans n'importe quelle discipline, il faut ce mental et parfois, il n'est pas évident à cerner. Il ne faut pas voir le joueur sur ce qu'il est à douze-treize ans, mais se projeter sur ce qu'il pourra faire plus tard. Il faut rester très humble sur nos évaluations, car parfois, des garçons auxquels on croit beaucoup, ne passent pas le cap de l'adolescence".
En l'occurrence, la pioche était bonne pour les Verts. À 17 ans, William Saliba, déjà international français dans toutes les catégories de jeunes (il a des origines camerounaises par sa mère), effectue ses débuts en Ligue 1, le 25 septembre 2018. Et il va réaliser une saison tonitruante. "Quand nous sommes arrivés, avec Claude Puel, un vendredi, il y avait un match le dimanche, le derby contre Lyon, que nous avons gagné, raconte Jacky Bonnevay. C'est là que j'ai découvert Willima Saliba.
"Les défenseurs centraux, c'est ma spécialité, dans tous les clubs ou en sélection, je m'en suis occupé, à l'entraînement, en vidéo, des gars comme Maguire à Leicester ou Yoshida au Japon. Et nous avons eu la chance de pouvoir former un axe Fofana-Saliba, pas longtemps malheureusement, mais il est rare d'avoir deux jeunes d'une vingtaine d'années, à ce niveau-là, formés au club, qui constituent la charnière centrale. Ils ont été remarquables, notamment à Monaco en Coupe. Du haut niveau."
Alors, quelles sont les qualités qui font de Saliba un défenseur central d'avenir, mais déjà bien coté ?
"Ce qui nous avait plu, c'était son profil athlétique pour le poste et puis, c'est un vrai joueur de foot, il ne joue pas qu'en force, il a une très bonne lecture du jeu, une très bonne relance, il est facile techniquement", détaille Gérard Fernandez, le recruteur des Verts.
"Saliba est un garçon charmant et un très bon footballeur, ajoute Jacky Bonnevay. Le potentiel est là, il est puissant, intelligent, possède un bon jeu de tête, il est calme sous la pression, travailleur, avec un bon esprit, c'est un plaisir. Il comprend vite et sous un aspect qui peut paraître lourdaud, il va plus vite qu'on ne l'imagine et peut jouer axe droit ou gauche. Il est en pleine force de l'âge. Il peut très bien s'adapter à Marseille".
Oui mais, après de très bons débuts, il a sûrement besoin de se stabiliser pour aller plus haut ; l'ancien capitaine de l'OM en est convaincu.
"Ce type de joueur n'est pas totalement fini, il a encore des choses à travailler et quand tu fais quatre clubs en quatre ans, Saint-Étienne, Arsenal, Nice et l'OM, on peut se demander si tu es toujours dans la démarche de te développer, si le club est aussi dans cette vision ou si on est uniquement dans l'utilisation immédiate du joueur. En 2019, rester une année supplémentaire avec Claude Puel, qui est un vrai spécialiste de la post-formation, ça lui a fait du bien. Il a encore des choses à apprendre, même s'il a déjà un très bon niveau. Il pourra être un très grand défenseur, mais on peut se poser encore des questions pour savoir s'il sera parmi le haut de gamme.
"Je lui vois effectuer de bons matches, mais je sais qu'il peut faire beaucoup mieux encore. Quatre clubs en quatre ans, ça peut être déstabilisant, on est plus dans des discussions de contrat. Il faut donc qu'il ait gardé en tête la nécessité de se développer encore".
Voilà la question : Saliba, en passe de s'engager avec l'OM, est en mesure de beaucoup lui apporter, de renforcer sa défense centrale, mais il faudra aussi savoir l'encadrer sur et hors du terrain, dans un contexte toujours délicat, à un poste où les erreurs ne pardonnent pas.
La Provence