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Mattéo Guendouzi, plus si essentiel à l'OM
Homme de base de Jorge Sampaoli, l'international français Mattéo Guendouzi se fait une place au forceps dans la formation d'Igor Tudor, avant un probable départ sous d'autres cieux cet été.
Il ne doute pas. Depuis son arrivée à l'été 2021, Mattéo Guendouzi (23 ans) la joue souvent plus marseillais que les Marseillais. Hâbleur, bravache, excessif, il démontre surtout une qualité locale, en balayant les obstacles devant lui comme un simple jeu de quilles. Dans le vestiaire olympien, cette force de persuasion couplée à une grande bouche peut amuser ou agacer, mais personne ne sous-estimera une obstination en fer forgé.
Habitué à scruter les rivaux d'Arsenal pendant ses nombreuses saisons en Premier League avec Manchester United, Eric Bailly a d'abord assisté à son éclosion tonitruante au sein des Gunners d'Unai Emery. Avant de retrouver le bonhomme à la crinière bouclée dans les couloirs de la Commanderie. « Côté personnalité, il n'a pas changé, il est toujours fou, dans le bon sens, dit le défenseur central ivoirien, dans un sourire. C'est un très bon joueur, je suis content de ce qu'il fait, on le voit dans ses performances, il est appelé en équipe de France, ce qui est tout sauf facile. Je le félicite. Il a beaucoup progressé, il est mature, il se donne à fond, quel que soit le poste où il doit jouer. Il se rend toujours disponible. »
Disponible, Guendouzi doit l'être sous Igor Tudor, il n'a pas d'autre choix. Au coeur de son système en 3-4-2-1, le technicien croate a installé le duo Rongier-Veretout, dont il aime la sérénité dans l'entrejeu. L'ex-Lorientais, à ce poste de relayeur, est plutôt synonyme de déséquilibre et de panache pour Tudor. Ce n'est pas un défaut pour l'ancien de la Juventus. Mais ses schémas respirent déjà la prise de risques, alors il y ajoute Guendouzi avec parcimonie, quand il faut faire souffler un de ses deux métronomes. Homme de base de Jorge Sampaoli la saison dernière, l'international français (7 sélections) a dû se réinventer dans la formation de Tudor. Il évolue le plus souvent dans la ligne de deux derrière l'attaquant.
Moins décisif que l'an dernier
Il est parfois une variable d'ajustement, pouvant sortir à la pause (contre Monaco et Clermont ces dernières semaines). Il arrive surtout à profiter des rendements décevants de certains (Gerson, Payet), des recompositions tactiques (Ünder baladé entre ce poste et celui de piston droit) ou des états de forme disparates pour être la seconde option la plus stable.
Si Amine Harit, en première partie de saison, ou Ruslan Malinovski, depuis son arrivée en janvier, épousent parfaitement la philosophie Tudor, Guendouzi arrive à la comprendre suffisamment pour faire sa place. « Il n'est plus celui que tu mettais d'office dans le onze, comme sous Sampaoli, explique un cadre du club. Mais dans ce raisonnement à la Tudor, qui va monter à "quatorze titulaires", il est un joueur important. » Haut sur le terrain, Guendouzi a moins marqué ou délivré de passes décisives en L1 que l'an passé, à ce stade de l'exercice. « Les dernières saisons, j'avais très peu de statistiques, c'est mon année la plus aboutie à ce niveau », confiait-il au printemps 2022 à propos de la cuvée Sampaoli.
Il s'épanouit autrement, en attendant un éventuel passage de flambeau à Azzedine Ounahi, au style différent. « Azzedine est dans le dynamisme, la verticalité, le dribble et les transitions, là où Matteo, un travailleur, apporte par son volume de courses et sa rudesse physique », explique-t-on au club. Le départ de Guendouzi est clairement programmé cet été. En janvier, Aston Villa a approché le joueur, avec un contrat mirifique et plusieurs appels d'Emery, qui voulait retrouver son ancien protégé. Le clan Guendouzi a écouté, fait part de cet intérêt à Pablo Longoria, avant de refermer la porte. Les Villans n'ont ainsi formulé aucune offre officielle à l'OM.
Pour les différentes parties, Guendouzi a tout pour être l'un des grands transferts marseillais du prochain mercato. Jeune, international, avec un salaire encore trop conséquent, une capacité d'adaptation prononcée et un profil rare. À quel prix ? Cet hiver, la direction soufflait en voyant la somme de 30 millions d'euros dans les journaux, sous-entendant que sa valeur marchande pouvait être bien plus élevée encore. En ces temps de débrouille et d'inflation, les couteaux suisses sont devenus un luxe.