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INFLUENCE; Guendouzi, leader capital; Déjà incontournable la saison dernière, le milieu de l'OM a encore pris une dimension supplémentaire sous les ordres d'Igor Tudor. Explications
Les podiums, il les a collectionnés petit. Et pas seulement en football. Enfant, Matteo (son état civil ne mentionne aucun accent sur son prénom) Guendouzi se partage entre deux passions. Outre le ballon rond, il suit aussi la voie tracée par son paternel, Mohamed, professeur de karaté, tout comme le feront par la suite son frère et sa soeur. Direction les tatamis où, pendant une dizaine d'années, il se hisse à un très bon niveau, au point de frôler une carrière dans cet art martial. Il s'imprègne des valeurs d'un sport où le code moral est érigé en art de vivre et s'articule autour de neuf principes immuables, comme le courage, le respect, l'humilité ou le contrôle de soi.
Les combats forgent son mental et sa combativité, pendant que les footings familiaux, aussi bien en week-ends que pendant les vacances en Corse, développent son endurance sur laquelle il s'appuie toujours et qui lui a permis d'acquérir une importante vitesse maximale aérobie. Une vie rythmée par le sport, donc, qui apporte un équilibre au clan Guendouzi et à Matteo. Mais le football finira par avoir le dernier mot, et il suivra sa passion et ses ambitions. Avec l'envie de figurer en haut de l'affiche.
"Le monde est à toi"
À Marseille, personne ne s'en plaindra. Arrivé à l'été 2021 pour relancer une carrière alors au point mort, Guendouzi (23 ans) a réussi son pari. Il a même fait beaucoup mieux que cela puisqu'il s'est mis tout le monde dans la poche presque instantanément, des supporters aux dirigeants, en passant par ses partenaires et ses entraîneurs. Jorge Sampaoli ne jurait que par lui, ou presque, et ce n'est pas un hasard s'il s'est retrouvé à la tête de l'un des temps de jeu les plus fournis la saison passée, avec 56 matches et 4 660 minutes jouées. Seul William Saliba a fait (légèrement) mieux.
"Sampaoli a dit qu'il était l'âme de l'équipe", rappelle Pablo Longoria. Un sentiment partagé par beaucoup et qui se prolonge cette année. Le départ du technicien argentin, duquel il était très proche, l'a affecté, pourtant. Personnage au caractère entier, il a été l'un des rares Olympiens à le saluer lorsque le divorce a été consommé, début juillet. "Le monde est à toi", a gazouillé en écho El Pelado. Ce dernier ne croyait pas si bien dire.
Car Guendouzi continue sa montée en puissance. La transition avec Igor Tudor s'est amorcée difficilement. Avant que les relations ne se normalisent et que le Croate n'adoube également le milieu international, l'utilisant à toutes les sauces. Les entraînements s'avèrent durs, intenses ; sitôt ceux-ci terminés, une certaine proximité s'installe, ce qui convient particulièrement à un joueur qui a toujours admiré Xavi et Andrea Pirlo, et qui a vainement essayé de ressembler à Zinédine Zidane.
Sous la houlette du géant dalmate, Guendouzi étoffe son bagage et sa polyvalence. Souvent aligné un cran plus haut que le poste de milieu axial où il a été formé, il s'est acclimaté à ce changement. Ses proches lui ont fait comprendre l'importance de cette nouvelle position et tous les bénéfices qu'il pouvait en tirer. Et voilà que l'OM s'appuie sur un Guendouzi qui prend de plus en plus de place, qui pèse de plus en plus lourd.
"Il est très important par la parole et ses qualités. Il prend de l'ampleur au sein de l'équipe", apprécie Amine Harit. "Il est toujours présent dans les matches importants et les joue avec une personnalité qui lui permet de devenir de plus en plus un joueur collectif, détaille Longoria. Il a pris conscience de son importance sur ce plan et s'est encore amélioré cette saison." Son influence l'installe comme vice-capitaine de l'escouade olympienne. Comme l'un de ses leaders naturels. Un rôle qu'il endosse depuis toujours, dans tous les clubs où il a évolué, et dans lequel il se complaît. "Je mérite tout ce qui m'arrive, je travaille pour ça. Je suis très épanoui à l'OM, beaucoup de très belles choses me sont arrivées depuis que je suis ici", posait-il récemment, avec une sincérité dont il ne se départ jamais.
"Les gens ne voient pas qui il est réellement"
Le natif de Poissy, buteur à Lisbonne mercredi, se sent aimé et apprécié. Il touche enfin du doigt l'un des objectifs qui l'ont conduit jusqu'en Provence : la Ligue des champions. Sans se travestir. "C'est un gagnant, insiste Pau Lopez. Même à l'entraînement, il déteste perdre. Il aime jouer au ballon et il est très important pour nous. Il a eu une petite blessure mais maintenant il se sent bien." Touché contre le Sporting (4-1) au Vélodrome, absent face à Ajaccio (1-2) juste derrière, il a joué la manche retour contre les Lions strappé. Un autre signe de la dimension capitale qu'il a prise.
Sa croissance n'est pas finie. "On le présente souvent comme quelqu'un de borderline ; en fait, c'est juste un compétiteur qui a la haine de la défaite, mais pas de l'adversaire, précise son premier cercle. Les gens s'arrêtent à la vitrine, ne voient pas qui il est réellement. On le présente comme quelqu'un qui a trois poumons. OK, mais il apporte autre chose : un regard juste, de l'anticipation, une bonne lecture du jeu."
Des qualités qui, l'espèrent les amoureux de l'OM, permettront de ramener un bon résultat au Parc des Princes, ce soir. Et qui pourraient le conduire jusqu'à Doha, dans quelques semaines, avec le maillot de l'équipe de France sur le dos.
La Provence